L'association Aliénor, basée à Mérignac, lance un appel aux dons pour financer l'éducation de chiens guides, remis gratuitement à des bénéficiaires déficients visuels.
Des trottoirs, une chaussée, des passages piétons, des marches… À presque trois mois, Sid, jeune labrador plein de vie, apprend progressivement à gérer tous les obstacles urbains. Il ne court aucun danger : il se trouve sur le terrain d'entraînement de l'école des chiens guide de l'association Aliénor, à Mérignac.
C'est ici que Sid va apprendre, pendant plusieurs mois, à guider les personnes déficientes visuelles, et à s'adapter dans toutes les situations. Un apprentissage qui se fait au sein de l'Ecole, mais aussi dans sa famille d'accueil.
"Une attention de tous les moments"
Cette famille, c'est Chrystèle Chardron. Depuis quinze jours, Sid a trouvé refuge chez cette responsable de formation dans une école d'ingénieurs. Une première pour cette amoureuse des animaux.
A charge pour elle de l'élever, de le dresser, le sociabiliser, et de le familiariser à tous types de situation.
"C'est une attention de tous les moments, c'est très prenant, fatigant mais très valorisant et intéressant, estime-t-elle. On apprend sur soi, on est aussi sensibilisé aux problématiques rencontrées par les personnes en situation de handicap. On apprend aussi à gérer son chiot au travail, dans le quotidien…"
Un apprentissage sur la durée
Chrystèle, bénévole, est épaulée par les éducateurs qui l'aident à élever Sid. L'apprentissage est long : il commence à deux mois dans la famille d'accueil, se poursuit en école et se termine lorsque le chien est remis à un bénéficiaire, en moyenne à l'âge de deux ans.
"L'objectif de l'apprentissage en famille d'accueil, c'est qu'on ait un chien de compagnie, qui soit calme en maison, qui soit propre et à l'aise dans tous les environnements", explique Aurore Antoine, élève éducatrice école Aliénor.
"Ensuite, on commence la pré-éducation, avec des premiers apprentissages de travail : un chien doit être capable de marcher en laisse sans tirer, sans ramasser ce qu'il y a dans la rue, sans être attiré par les oiseaux ", poursuit-elle.
Lors de cette phase, le chien retourne tous les week-ends dans sa famille d'accueil. Le véritable travail de guidage lui ne commence qu'à l'âge de 12 mois.
Sélection
Si l'école Aliénor forme actuellement une quarantaine de chiens, tous ne seront pas forcément assurés d'être remis à un bénéficiaire.
"On ne peut pas garder des chiens qui ont des problèmes de santé. Ça peut devenir trop compliqué à gérer pour une personne déficiente visuelle. On fait une sélection aussi avec les chiens qui ont peur, qui sont incapables de rester seuls, ou qui ont des problèmes de comportement", reconnaît Aurore Antoine.
Ceux qu'on ne peut pas garder, on va les replacer à l'adoption, car ils peuvent être de très bons chiens de compagnie. Mais c'est vrai qu'on a besoin de chiens quasiment parfaits pour être chiens guide.
Aurore Antoine, élève éducatrice école AliénorFrance 3 Aquitaine
"Je suis sortie de prison"
Chaque chien est remis gratuitement à un bénéficiaire déficient visuel. Mais l'apprentissage, lui, coûte cher : 25 000 euros par chien. Un montant conséquent, qui comprend l'éducation, le suivi pendant dix ans, la stérilisation, les soins vétérinaires… C'est pourquoi l'association, qui remet environ 20 chiens par ans, organisait ce 4 décembre une journée portes ouvertes, pour sensibiliser le public à son action, mais également récolter des dons.
"Il y a 1 6 00 chiens guides en activité en France, alors que potentiellement, 200 000 personnes pourraient en avoir un", souligne Pascale Olivar, la présidente de l'association école des chiens guides Aliénor. Elle-même déficiente visuelle, elle a pu bénéficier d'un chien-guide. "Ca m'a changé la vie. Je suis sortie de prison. Sans avoir commis de délit, j'étais pourtant enfermée chez moi entre quatre murs, à ne pas pouvoir sortir".
Ce chien m'a offert la liberté, l'autonomie, le lien social qu'on n'a pas. Quand on est non-voyant, on n'a pas de contact visuel avec les gens. Le chien fait tomber toutes ces barrières, et nous sort de son isolement. 25 000 euros c'est beaucoup pour un chien, mais c'est rien par rapport à tout ce qu'ils apportent à une personne déficiente visuelle.
Pascale Olivar, présidente de l'association école des chiens guides AliénorFrance 3 Aquitaine
Toute personne désireuse de faire un don auprès de l'école d'Aliénor peut le faire en quelques clics sur leur page dédiée.