Le ministre de l'Intérieur a annoncé l’ouverture de trois nouveaux centres de rétention, à Lyon, Olivet et Bordeaux. Ce lieu destiné aux étrangers en situation irrégulière dans l'attente de leur renvoi du territoire pourrait remplacer celui qui existe déjà et qui est jugé trop petit.
Un nouveau centre de rétention administrative à Bordeaux : quand, où et avec quelle capacité ? Au lendemain de l’annonce du ministre de l’intérieur, ces questions restent sans réponse. Seule certitude : cette décision du gouvernement vient confirmer la rumeur qui courait depuis un an.
Selon nos informations, cette nouvelle structure pourrait remplacer l’actuel centre de rétention administrative situé au sous-sol de l’hôtel de police de Bordeaux. Un centre réputé pour être l’un des plus exigu de France, où 20 personnes cohabitent dans 200 m². Ce dernier pourrait revenir à sa fonction première : celle des gardés à vue. Toujours selon des indiscrétions, le nouveau centre pourrait voir le jour sur un terrain à Pessac, sortie 13, près de l'aéroport.
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Un nouveau centre de rétention redouté
En officialisant l'ouverture de trois nouveaux CRA en France, Christophe Castaner a été clair : “Nous allons continuer de lutter inlassablement contre les réseaux d'immigration irrégulière et amplifier nos efforts pour que nos décisions d'éloignement soient respectées. D'ici 2020, le nombre de places en CRA aura augmenté de 35 % par rapport au début du mandat”, a déclaré le ministre de l'Intérieur.
Sory Balde est avocat à Bordeaux, spécialisé dans la défense des Droits des étrangers. Pour lui, cette nouvelle correspond à la nouvelle politique migratoire de l’état. "Ça ne me surprend pas", assure-t-il. L'avocat redoute que ce nouveau centre, qui aura une plus grande capacité d’accueil, favorise davantage encore les mesures d’enfermement.
La Cimade dénonce des placements abusifs
Selon la Cimade, près de 45 000 étrangers en situation irrégulière ont été enfermés préventivement en France en 2018. L’ association dénonce des placements en rétention toujours plus abusifs et un durcissement de la politique du gouvernement. Et Sory Balde de préciser : "Une mesure d’éloignement ne doit pas donner lieu obligatoirement à une rétention administrative or la préfecture risque d’adopter cette attitude".Autre crainte soulevée par l’avocat : le sort des femmes enceintes avec des enfants mineurs. Le nouveau centre de rétention devrait être mixte et ne serait plus réservé qu’aux hommes. "Là encore, on redoute que la préfecture n’hésite pas à placer ces personnes en situation de vulnérabilité alors qu’au jour d’aujourd’hui, on leur laisse la faculté de quitter d’elles-mêmes le territoire." insiste Sory Balde.
Le syndicat de police Alliance réclame des renforts
"Un centre de rétention, c’est bien mais avec du personnel, c’est mieux" explique, Eric Marrocq. Le représentant du syndicat de policiers Alliance n’est pas opposé à ce projet mais avec des des renforts d’effectifs et du matériel adéquat. "La gestion d’un centre de rétention implique beaucoup de transfèrement et de surveillance. C’est chronophage pour les policiers ".
A l’approche des élections municipales, dans une ville où les pouvoirs publics ont procédé à plusieurs évacuations de squatts, le sujet est sensible. Pour le moment, le maire de Bordeaux, Nicolas Florian, que nous avons sollicité, reste silencieux et préfère ne pas faire de commentaires.
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