Un influenceur algérien, qui devait être théoriquement jugé fin février à Montpellier après une vidéo controversée, a été placé en centre de rétention puis expulsé a expliqué jeudi son avocat. Ce dernier conteste qu'il ait appelé à "tuer" un opposant au gouvernement d'Alger.
"Je regrette qu'on n'ait pas attendu la décision d'un tribunal indépendant, non-soumis aux pressions politiques, médiatiques, voire diplomatiques" pour prendre des mesures "dans la précipitation", a déclaré à l'AFP Me Jean-Baptiste Mousset.
L'avocat confirme à France 3 Occitanie, jeudi, que son client a été expulsé de France.
À LIRE AUSSI - Influenceur algérien interpellé : pas d'appel au meurtre, l'homme sera finalement jugé pour incitation à la commission de violences
La préfecture de l'Hérault avait annoncé sur les réseaux sociaux avoir décidé de lui retirer son titre de séjour, avec "placement immédiat dans un centre de rétention administrative en vue de son éloignement", en estimant que "les provocations publiques à commettre un crime ou un délit et légitimant la torture constituent des menaces graves à l'ordre public".
Arrêté d'expulsion
Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a quant à lui pris un arrêté d'expulsion, selon Me Mousset, qui a annoncé introduire un recours devant le tribunal administratif de Paris.
Mardi, le procureur de Montpellier, Fabrice Belargent, avait annoncé que cet homme, interpellé dimanche, serait jugé le 24 février devant le tribunal correctionnel pour "provocation à commettre un crime ou un délit", sans placement d'ici-là en détention provisoire ni contrôle judiciaire.
Une vidéo publiée sur TikTok par cet influenceur de 59 ans surnommé Doualemn, agent de nettoyage dans une salle de sport, avait fait l'objet le 4 janvier d'un signalement par le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, et le préfet de l'Hérault, François-Xavier Lauch.
Un "écart" selon son avocat
Selon ces deux responsables, il appelait en arabe à "tuer" et "à faire souffrir" un manifestant opposé au gouvernement d'Alger, y ajoutant des commentaires antisémites.
"Le gouvernement a précipité son expulsion pour empêcher que son expulsion", décidée par arrêté du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, "puisse être examinée par un juge", a regretté l'avocat, qui avait annoncé mercredi introduire une recours devant le tribunal administratif de Paris. "Il est mis en place des moyens exceptionnels pour bâillonner mon client", a-t-il ajouté.
Mardi, le procureur de Montpellier avait toutefois relevé que des traductions de cette vidéo "réalisées par deux interprètes expertes (...) établissaient que les mots 'tuez-le' n'avaient pas été prononcés" et que la vidéo "ne contenait pas davantage un appel à tuer une personne nommée 'Cohen' ". "Le mis en cause appelait en revanche à donner une sévère correction à un homme semblant résider en Algérie", selon M. Belargent.
S'il reconnaît un "écart" de langage qu'il "regrette amèrement", son client n'a "pas lancé d'appel au meurtre", a insisté Jean-Baptiste Mousset.
Plusieurs autres Algériens ou Franco-Algériens sont dans le viseur des autorités françaises pour des vidéos haineuses sur internet et deux d'entre eux ont été placés en détention provisoire dans l'attente de leurs procès.