Agnès Tardy a survécu à un double cancer du sein très agressif à l'âge de 41 ans. Durant les traitements, elle s'est lancée dans la création de bracelets pour "les copines". Face à l'engouement pour ses modèles, elle a fondé sa société et une marque : Simone à Bordeaux. Le succès est au rendez-vous. Une belle histoire et une revanche sur la maladie.
"Sans ce cancer, je n'aurais sûrement pas créé cette marque de bijoux". Agnès Tardy a le regard ému et pétillant quand elle revient sur son histoire personnelle.
Double cancer du sein
Pas simple quand on apprend que l'on a un cancer du sein très agressif, à seulement 41 ans. "Ma fille en avait dix et je ne voulais pas mourir", se souvient-elle.
Cinq mois après un premier cancer, Agnès Tardy apprend que son autre sein est également touché. Il lui faudra deux ans de traitements lourds et une double mastectomie.
Vaincre aussi l'ennui de la convalescence, garder le moral et l'espoir d'une guérison... Et puis Agnès Tardy a baigné toute sa vie dans les ateliers de fabrication. Enfant déjà, avec un père couturier et ensuite dans sa vie professionnelle : avant la maladie, elle travaillait chez le joaillier de luxe Cartier, à Paris.
"Pendant ma convalescence, je me suis mise à créer des bracelets pour passer le temps et me changer les idées. D'abord, ces bracelets étaient pour mon entourage et les copines. Et puis, j'ai mis des modèles en vente sur la plateforme Etsy. J'en ai vendu cinq, puis dix puis et très vite quinze par jour ! Je n'en revenais pas. Après le confinement, forte du succès des bijoux sur les réseaux sociaux, j'ai lancé mon propre site Internet puis j'ai fondé une société avec Eric mon époux."
Succès de la marque
Les locaux de la marque viennent d'emménager en centre-ville à Bordeaux, au 44 allées de Tourny. Les bijoux Simone à Bordeaux sont faits main, avec des perles en métal émaillé. "Au début, c'est moi qui fabriquais tous les bracelets. Face à la demande, j'ai délocalisé une partie en Asie, mais tout est fait main là-bas. J'aimerai ramener la fabrication en Europe. On travaille en ce moment à une nouvelle collection qui serait fabriquée au Portugal."
La société compte 12 000 commandes par an. "C'est beaucoup. Nos bijoux plaisent beaucoup aux Suisses et dans les pays du nord de l'Europe. On a beaucoup de commandes en ligne", explique Agnès Tardy.
La particularité de ces bijoux, ce sont leurs couleurs très vitaminées et pleines d'énergie avec des rouges qui claquent, des jeunes soleil, et des bleus éclatants. Un choix lié à la maladie.
Durant la chimio, j'avais besoin de couleur, je mettais des bouquets de fleurs partout chez moi, les bijoux de couleur viennent de là.
Agnès Tardy, fondatrice de Simone à BordeauxFrance 3 Aquitaine
"Nous travaillons avec 200 revendeurs en France et certains assemblent sur place les bijoux de notre marque. Nous avons fidélisé une communauté de clientes qui aiment mes créations et ont adhéré à mon histoire", résume la créatrice.
Voir le reportage d'America Lopez et Laure Bignalet pour France 3 Aquitaine
Une marque engagée
La marque Simone à Bordeaux est très engagée dans la lutte contre le cancer. Aujourd'hui, elle emploie douze salariés, qui adhèrent pleinement à l'esprit de la société fondée par Agnès et Eric Tardy.
"C'est un bel exemple de réussite pour moi surtout avec son histoire, Agnès est très courageuse", témoigne Nawel une jeune femme alternante de 24 ans qui a souhaité poursuivre l'aventure chez Simone à Bordeaux et qui prépare les futures collections avec Agnès.
Depuis la création de la société, Agnès conçoit chaque année une collection rose pour le mois du dépistage du cancer du sein, Octobre rose.
100 % des bénéfices de cette collection octobre rose sont reversés à l'institut Bergonié, qui m'a soignée durant deux ans. C'est important pour moi de rester impliquée dans la lutte contre cette maladie qui se soigne très bien quand elle est dépistée à temps. Il y a de l'espoir, mais cela reste une maladie dangereuse.
Agnès Tardy, fondatrice Simone à BordeauxFrance 3 Aquitaine
En 2021, un chèque de 3 202 euros a été remis à Bergonié, l'institut régional de lutte contre le cancer. Un bracelet coûte 29 euros, tous les bijoux sont en vente sur le site de la marque et dans le showroom de l'atelier bordelais. "Notre marque restera engagée pour toujours. Je suis restée en contact avec mon oncologue et qui me sollicite parfois pour venir rencontrer des patientes atteintes de cancer. Cela les booste de voir que j'ai créé ma propre marque et une société après un double cancer du sein", se réjouit Agnès Tardy.