Octobre Rose. "Sans cette mammographie, je serais dans une boîte", pourquoi le dépistage contre le cancer du sein est vital

Josette Silvagni, 60 ans, est une battante. En 2022, lors d'une mammographie de contrôle, les médecins diagnostiquent une tumeur dans le sein gauche. En rémission, elle a voulu témoigner de l'importance du dépistage organisé qui lui a "sauvé la vie".

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Pour sa première mammographie, Josette Silvagni avait 50 ans. En juin 2022, elle passe à nouveau un examen de contrôle. Elle était sereine. La Girondine n'est pas du genre à se laisser aller aux idées noires, et surtout, sa gynécologue, consultée quatre mois plus tôt, lui avait palpé les seins, sans rien déceler.  "Donc, je me présente gentiment pour voir ce qu'il en était, et là, boom patatras : il y a une petite tumeur de deux centimètres qui n'est pas très gentille et qu'il faut enlever", se souvient-elle. 

"Plus vous le prenez tôt, mieux c'est"

Josette Silvagni a subi une biopsie dans un premier temps, puis une ablation de la tumeur. Celle-ci étant agressive, elle a également reçu un traitement de chimiothérapie, et des séances de radiothérapie. En rémission, Josette doit suivre un traitement hormonal durant cinq ans. Aujourd'hui, elle insiste sur l'importance du dépistage. "Si je n'avais pas suivi la procédure du dépistage du cancer du sein, je ne serais peut-être pas là pour témoigner aujourd'hui", poursuit la sexagénaire.

Je serais sûrement beaucoup plus mal en point ou carrément dans une boîte. Donc il faut faire le dépistage, plus vous le prenez tôt, mieux c'est ! 

Josette Silvagni, patiente en rémission

à la rédaction web France 3 Aquitaine

La peur du dépistage

"Lors de la précédente mammographie en 2020, je n'avais rien, tout était normal. Deux ans après, il y avait une tumeur de deux centimètres. J'ai pu être soignée rapidement et donc l'opération a été moins invasive. Seule la tumeur a été enlevée, et j'ai pu garder mon sein", poursuit Josette, qui constate pourtant que le message de prévention a du mal à prendre.

Autour de moi, c'est la peur de l'examen qui dissuade les femmes. J'ai une amie qui a tellement peur d'avoir un cancer du sein qu'elle préfère ne pas se faire dépister !

Josette Silvagni, patiente en rémission

à la rédaction web de France 3 Aquitaine

Un nombre de cancers en augmentation

Au cours de sa vie, une femme sur huit sera touchée par le cancer du sein. C’est le cancer le plus fréquent et le plus mortel chez la femme, avec plus de 60 000 nouveaux cas et plus de 12 000 décès chaque année en France.

Le témoignage de Josette Silvagni est précieux pour Mina Smith, radiologue à l'hôpital Bagatelle de Talence, près de Bordeaux. En 26 ans de métier, la radiologue, experte auprès du Centre régional de coordination des dépistages des cancers de Nouvelle-Aquitaine, a vu le nombre de cancers du sein augmenter depuis 2010. " Le risque augmente de 0,3 % par an, cela signifie qu'une femme a plus de risque d'avoir un cancer du sein en 2023 qu'il y a quinze ans".

Il faut venir se faire dépister ! Dans la majorité des cas, il n'y a pas de signes cliniques et de symptômes ressentis par la personne, le cancer du sein est indolore. Quand il y a des signes, c'est souvent trop tard.

Mina Smith, radiologue à l'hôpital Bagatelle de Talence (33)

à la rédaction web de France 3 Aquitaine

Mina Smith est inquiète, car le taux de participation au dépistage, organisé entre 50 et 74 ans, est en baisse. "Une femme sur deux ne le fait pas. Soit par peur, soit par l'éloignement".

VIDÉO. Pourquoi la mammographie peut sauver vous sauver la vie ? Mina Smith explique que cet examen permet de détecter de manière précoce une tumeur cancéreuse. Le cancer du sein est indolore et ne présente pas de signes cliniques.

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Interview de Mina Smith radiologue à l'hôpital Bordeaux Bagatelle réalisée par América Lopez et Sarah paulin ©France 3 Aquitaine

Le taux de participation INSEE sur l’année 2022 en Nouvelle-Aquitaine est de 46,8 % soit 7,6 points de moins que pour l’année 2021 et de 44,4% en Gironde. "Des chiffres régionaux qui s’expliquent principalement par l’impact de la pandémie de 2020, mais qui révèlent néanmoins une mobilisation insuffisante des Néo-Aquitaines", selon le Centre régional de coordination des dépistages des cancers de Nouvelle-Aquitaine.

Une mammo tous les deux ans

Dès 50 ans, le centre régional de coordination des dépistages des cancers vous envoie une invitation tous les deux ans. Le dépistage organisé est pris en charge à 100 % par l'Assurance maladie, sans avance de frais, sur invitation. "Cet examen est un moyen efficace pour diminuer le nombre de décès et de traitements lourds", insiste Mina Smith.

L'examen de mammographie est pris en charge à 100 % par l'Assurance maladie, sans avance de frais, sur invitation. Détectés à temps, 9 cancers sur 10 se guérissent. Les chances de survie à 5 ans sont de 99 %. "Pour ce qui est du cancer triple négatif, le cancer du sein le plus agressif et le plus complexe à soigner, car il ne répond pas aux traitements hormonaux, c'est vraiment vital de le diagnostiquer le plus tôt possible, surtout si la femme est jeune.", précise la radiologue.

La mammographie est-elle douloureuse ? "Ce n'est pas agréable, on ne va se mentir, mais la compression du sein ne dure que quelques secondes. On laisse la personne reprendre son souffle entre les clichés, elle peut même s'assoir si besoin", précise Mina Smith, radiologue. Par ailleurs, les machines ont évolué. L'appareil utilisé à l'hôpital de Bordeaux-Bagatelle par exemple, a plusieurs formes et dimensions de plaques en fonction de la poitrine de la patiente pour effectuer les clichés de mammographie.

Chiffres clés du dépistage du cancer du sein

En 2022, 58 000 femmes sur une population ciblée de 130 700 personnes ont eu recours au dépistage organisé du cancer du sein. Malheureusement, le taux de participation au dépistage organisé du cancer du sein en Gironde, inférieur de 2,4 points à la moyenne régionale, révèle une diminution du recours à la mammographie de dépistage sur le département. Cette sous-participation est d’autant plus marquée sur certains territoires comme dans le sud Gironde, haute-Gironde ou dans le nord Médoc, où certaines communes ont même des taux inférieurs de 10 points à la moyenne départementale, d’après les chiffres de la campagne 2021-2022 du CRCDC-NA.

Chaque année, environ 2200 cancers du sein sont détectés en Nouvelle-Aquitaine grâce au dépistage organisé, dont près de 100 grâce au dispositif de seconde lecture. Cela représente environ 8 cancers détectés pour 1 000 femmes dépistées.

Si le taux de participation était de 70 % – objectif fixé à l’horizon 2025 - près de 1 000 cancers du sein supplémentaires pourraient être détectés.

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