En France, chaque année, 45 000 faillites d'entreprises sont prononcées. L'association nationale 60 000 rebonds, créée il y a onze ans à Bordeaux, accompagne gratuitement d'anciens chefs d'entreprises pour relancer une activité ou retrouver un travail salarié. Et veut changer le regard de la société sur l'échec.
C'est un Bordelais qui ne manque pas de ressources et qui s'est relevé rapidement d'un échec professionnel. Associé à trois autres personnes, Erwan Moullec a été gérant pendant quatre ans d'une entreprise qui fournissait des paniers de produits bio.
Mais le jeune responsable de 26 ans a dû se résoudre à déposer le bilan en janvier 2022 à cause de difficultés financières. Plus d'un an après, Erwan Moullec se remémore cet épisode difficile à vivre.
C'était un moment délicat. On a tous laissé beaucoup d'énergie. Il y a eu des garanties bancaires à rembourser. Mais rien de dramatique. J'étais déçu car j'avais créé cette entreprise mais j'avais 25 ans. Toute ma vie n'était pas concernée par ce projet. J'avais l'avenir devant moi.
Erwan Moullec, ancien gérant d'entrepriseFrance 3 Aquitaine
"On a besoin d'être rassuré"
Pas découragé, le jeune homme a rapidement contacté l'association 60 000 rebonds, qui comme son nom l'indique, aide les entrepreneurs à retrouver le chemin de l'emploi.
C'est ainsi qu'il a trouvé un poste de responsable commercial pour le sud-ouest chez Shopopop, un service de livraison à domicile en cotransportage.
"L'avantage, c'est que je suis salarié. Mais j'ai une certaine autonomie dans mon quotidien. J'organise mes journées" dit-il, au volant de sa voiture.
"60 000 rebonds m'a bien aidé, car après une liquidation judiciaire, on a besoin d'être soutenu, d'être rassuré sur les compétences qu'on a acquises. On peut avoir une place dans le monde du travail après le monde de l'entreprenariat. Ils m'ont redonné confiance dans mes capacités", explique Erwan.
L'aide de parrains
Chaque année, l'association nationale, créée à Bordeaux, prend en charge 1200 chefs d'entreprises qui veulent se relever.
Pendant une période de deux ans maximum, gratuitement, coachs, avocats, comptables et banquiers accompagnent les patrons. Des parrains donnent leurs conseils aussi. "C'est du travail sur mesure. Sur un nouveau prévisionnel d'activités par exemple, un travail sur les perspectives financières de ce rebond" indique Jean-Marc Jugain, l'un des parrains référents.
Après onze ans d'existence, le cheval de bataille des responsables de l'association reste de changer le regard de la société sur l'échec de l'entrepreneuriat.
"Un ministre disait récemment, en France, on n'aime pas les gens qui réussissent et ceux qui échouent. Aujourd'hui, un patron qui a échoué va plutôt se terrer, car il perd tout. Ses repères familiaux bien souvent et puis son carnet d'adresses. Ses réseaux s'effondrent. On a donc un rôle psychologique pour aider le patron à faire son deuil professionnel. Et le remettre en selle" explique Didier Oudin, président régional de l’association qui note, que trop peu de gérants ne les contactent.
Caution bancaire
Au-delà du soutien, 60 000 rebonds voudrait faire évoluer les règles bancaires qui handicapent les entrepreneurs et notamment la caution, cette solidarité financière qui lie le gérant avec sa société.
La grosse problématique qui plombe 95 % de chefs d'entreprises en difficultés est la caution. On peut être marqué au fer rouge par la banque de France après une liquidation.
Didier Oudin, président régional 60 000 rebondsFrance 3 Aquitaine
"Et la personne qui veut rebondir va être alourdie par rapport à un entrepreneur lambda qui se lance pour la première fois", ajoute le président qui aimerait aussi que l'on parle davantage des risques de l'entreprenariat dans les écoles de commerce et de management.
Réseau dans la région
60 000 Rebonds est présente sur tout le territoire. En Nouvelle-Aquitaine, l'association compte 5 antennes opérationnelles (Bordeaux, La Rochelle, Dax, Pau, Pays Basque) et trois relais (Tarbes, Angoulême et Poitiers).
D’ici 2024, l’association souhaite se déployer sur Mont-ee-Marsan, Agen, Périgueux et Limoges.