Ils ont l'ambition de révolutionner la télé-assistance à domicile. Sans bracelet ni collier à porter sur soi, la technologie de Sonaide, basée sur l'intelligence artificielle, détecte les accidents, mais aussi prévient de la perte d'autonomie. La jeune entreprise s'envole pour le CES de Las Vegas pour séduire le marché international.
Dans un appartement d'une résidence de service pour personnes âgées, une télévision est allumée. Le son du documentaire animalier diffuse une ambiance de savane, lorsqu’émerge un râle discret. "Au secours, à l’aide...", "help, help...". Sur le canapé, Nicolas Turpault mime un incident cardiaque. À quelques mètres, une tablette détecte le son de la voix chevrotante et appelle aussitôt un numéro de téléphone.
Qu'on se rassure, le docteur en informatique, cofondateur de Sonaide, va bien. Sa technologie semble fonctionner sous les yeux d’une directrice soucieuse de trouver le bon système de téléassistance pour les résidents.
Les pensionnaires sont équipés d’un bracelet ou d’un collier relié à un téléphone que portent les équipes jour et nuit. Dès que l’on actionne le bouton, quelqu’un est alerté et peut intervenir, explique-t-elle. Mais il y a à peu près 20 % de nos résidents qui ne le portent pas, et cela devient un problème, car si une chute ou un appel à l’aide survient, on ne peut pas être prévenu.
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Une alternative aux bracelets et pendentifs
Plutôt séduite par la solution de la jeune entreprise rennaise, la directrice est constamment à la recherche des innovations de téléassistance qui inondent ce marché très concurrentiel. On y trouve les pendentifs ou bracelets de Présence Verte, le pionnier en France, aux montres connectées de Vitaris capables de détecter une chute et de mesurer les constantes vitales. "Ce qui est bien dans ce système, c’est qu’il n’y a pas d’objet à porter ou de bouton à déclencher", remarque Clotilde Urvoy, "car le bracelet ou le médaillon stigmatise : ça veut dire ‘j’ai besoin d’aide’."
Autre atout : les sons collectés par le discret boîtier - représentant un élégant galet, qui reste encore à industrialiser et commercialiser - permettent de détecter les crises d’épilepsie et l’aphasie temporaire. L’ambition : détecter la perte d’autonomie progressive à travers la surveillance de l’hygiène et du sommeil, notamment.
Levée de fonds et ambitions internationales
Mais d’ici là, il reste bien des étapes à franchir, dont une première levée de fonds. "Nous sommes en phase de ‘preuve de concept’ et de pré-commercialisation, et on va se lancer dans la commercialisation fin janvier. Ensuite, on va lever des fonds au milieu d’année pour accélérer afin que ce soit disponible pour tout le monde à partir de la fin de l’année 2026", détaille Nicolas Turpault.
Un calendrier idéal qui sera peut-être facilité par un ‘coup de boost’ offert par la Région et la CCI Bretagne via l’association Bretagne Commerce International, qui accompagne cinq entreprises innovantes au Consumer Electronic Show de Las Vegas. "On recherche à explorer le marché international puisque notre solution n’est pas indépendante de la langue mais de l’intonation de la voix. Donc on attend du CES d’avoir plein de retours, de voir qui pourrait être intéressé, les potentiels partenaires...", se réjouit Nicolas Turpault.
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Dans l’avion, aux côtés de Sonaide, figureront Brightclue (35), Deephawk (35), Emova (35) et Intuition Robotique & Technologies (35). Cet accompagnement aux entreprises désireuses de participer au plus grand salon de l’électronique du monde existe depuis 2012.
(Avec Colombine Denis)