Depuis des mois, ces habitants de Val-de-Virvée ont de l’électricité par intermittence, à cause de coupures incessantes, liées à la météo. Excédés, ils ont fait une pétition pour interpeller les pouvoirs publics.
Ils n’en peuvent plus. Sur le groupe Facebook, les publications se comptent par dizaines avec toujours les mêmes interrogations : “Avez-vous de l’électricité chez vous ?”.
Depuis “deux-trois ans”, les habitants de Salignac, un lieu-dit de Val-de-Virvée vivent, par intermittence, dans le noir. “Depuis 2020, on subit des coupures récurrentes de 3 à 41 heures en moyenne. On en a déjà eu neuf depuis janvier”, explique Sébastien Grand-Jean, un des 150 habitants touchés par ces coupures intempestives.
La cause de tous ces maux : une ligne, ancienne, qui traverse les forêts environnantes. “À chaque fois qu’il y a un coup de vent, les arbres ou les branches tombent dessus et la sectionnent”, explique Sébastien Grand-Jean.
Cette ligne passait autrefois au milieu des vignes. "Ça a été laissé à l'abandon, la végétation a poussé, c'est pour ça qu'elle n'est pas du tout prévue pour être en forêt", explique Laurent Chaix, membre de l'équipe de direction territoriale d'Enedis de Gironde.
Vivre dans le noir
Les habitants ont donc dû s’organiser : certains ont acheté un groupe électrogène pour pallier les coupures. D’autres, “gardent les volets ouverts les nuits où il y a du vent pour être sûrs d’avoir de la lumière le lendemain matin”.
C'est très compliqué pour les personnes en télétravail ou celles qui ont des enfants et qui se retrouvent dans le noir avec eux.
Sébastien Grand-Jean, habitant de Val-de-Virvéeà rédaction web France 3 Aquitaine
Ces coupures revêtent parfois des airs de vie ou de mort. Parmi les habitants concernés, certains sont sous assistance médicale et se retrouvent donc en grande difficulté, en particulier lorsque les coupures durent plus de six heures. “Certains habitants, tout juste arrivés, pensent déjà à revendre”, regrette le Virvéen.
Ces cas de figure, la mairie regrette de ne pas les avoir connus plus tôt. Depuis l’épisode caniculaire de 2006, elle réactualise ses fichiers concernant les personnes fragiles de la commune, qu'elle recoupe avec les alertes transmises auprès de l’ARS.
“Il faut nous faire remonter l’information. On peut alors proposer un relogement d’urgence dans un foyer qui a de l’électricité ou activer les cellules d’Enedis dédiées pour intervenir rapidement”, précise Christophe Martial, le maire de la commune.
En cas de panne de courant, Enedis propose des compensations financières "au-delà de trois heures de coupure" ainsi que la possibilité, pour les personnes médicalisées, d'une aide matérielle pour se déplacer le temps de la coupure.
Pétition et réunion
N’y tenant plus, Sébastien Grand-Jean et son voisin ont décidé de prendre le problème à bras le corps. Ils fondent un collectif et interpellent leurs élus, maires, députés et conseillers régionaux avant de créer une pétition, rassemblant 120 signatures.
"La solution, c'est Enedis qui la détient"
Elle a été adressée à la préfecture, au conseil régional, au Sdeeg (Syndicat départemental Énergies et Environnement de la Gironde) ainsi qu’à Enedis, à la mairie et à la communauté de commune. “Nous avons insisté sur le ras-le-bol de chacun, mais surtout sur les difficultés rencontrées par les personnes sous assistance médicale”, explique Sébastien Grandjean.
Leur engagement semble alors payer. Une réunion publique avec les acteurs d’Enedis a réuni 80 personnes, ce mardi 4 avril, pour aborder les travaux que l’entreprise envisage dans le secteur.
“En tant qu’élu, je n’ai pas beaucoup de marge de manœuvre. Donc j’interviens en appui dans la mesure que je peux faire, mais la solution, c'est Enedis qui la détient”, explique le maire, à l’initiative de la réunion.
Le distributeur d’électricité a alors expliqué ses plans : l’enfouissement des lignes d'ici à 2024 sur près de 3,5 km. Un projet de long terme, évalué à 450 000 euros, qui s’associe à une campagne d’élagage à Marsas, sur 1,2 km. "Nous en sommes à la phase d'étude. Nous attendons les autorisations administratives et les accords des propriétaires. C'est un chantier qui prend du temps à préparer", explique Enedis, par la voix de Laurent Chaix.
Élaguer plus
Un élagage avait déjà été réalisé en novembre dernier, mais “avec des arbres qui mesurent vingt mètres, ça ne suffit pas !”, regrette le co-fondateur du collectif de citoyens. Problème : impossible pour Enedis d’élaguer plus largement, la décision revient désormais à la Safer (Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural) et aux propriétaires des terrains. “Contactons-les”, demandent les citoyens.
Alors depuis dix jours, le maire ne lambine pas. Il a déjà contacté les propriétaires et attend à présent leur retour. “On a commencé à faire des visites avec la Safer. Elle ne nous a pas donné de fin de non recevoir, donc on peut espérer que les échanges continuent.”
De son côté, Enedis a également rencontré la Safer. Elle souhaite en effet élaguer, en juin prochain, plus largement que les cinq mètres autorisés. "Il faudra régler, entre autres, les questions de financement", confie Laurent Chaix.
Un autre propriétaire a aussi été contacté. Reste à présent à connaître leur réponse, et qui devra payer l’addition d’un nouveau chantier d’élagage.