Ce lundi 26 juin, les greffiers du tribunal judiciaire de Bordeaux se rassembleront à 12 h 30 sur le parvis des Droits de l'homme, à Bordeaux, pour demander "une vraie revalorisation" de leur salaire et une meilleure reconnaissance. Cette action s'inscrit dans un mouvement national. Leurs représentants syndicaux doivent être reçus à 16 heures par le Garde de sceaux.
"Sans nous, le tribunal ne tourne pas ". Un mouvement très important mobilise les agents greffiers du tribunal judiciaire de Bordeaux.
Colère et sentiment de mépris
C'est une profession très discrète d'ordinaire, mais cette fois-ci, "c'est le ras-bol général". Dans une motion qui sera présentée en assemblée générale ce lundi 26 juin, les fonctionnaires de greffe du Tribunal judiciaire de Bordeaux expriment " leur désarroi, leur colère et dénoncent le mépris dont ils sont régulièrement victimes, faute d'être considérés, faute d’être entendus, faute d'avoir les moyens de travailler correctement". Et ce lundi, ils seront dans la rue pour manifester devant les marches du tribunal, à Bordeaux et dans plusieurs villes.
Caroline Larché, 40 ans, est greffière depuis vingt ans et secrétaire régionale du syndicat Unsa services judiciaires. La fonctionnaire relaie ce sentiment général de mépris par rapport aux autres professions de la justice.
J'ai 20 ans de greffe, une licence de droit et j'ai passé tous les échelons et deux concours, je gagne 2500 euros net par mois pour le plus haut grade.
Caroline Larché, greffière à la cour d'appel de Bordeaux et secrétaire régionale UnsaRédaction Web - France 3 Aquitaine
Hausse 150 euros par mois
Dans le contexte général commun à tous les Français, de la réforme des retraites et de l'inflation, les agents greffiers, dont la profession compte 90 % de femmes, demandent "une vraie revalorisation de la grille de catégorie A et une augmentation de salaire de 150 euros par mois".
"On savait que l'on allait travailler plus, mais on nous a promis des meilleures conditions de travail depuis longtemps et rien ne vient. L'an dernier, les magistrats ont obtenu une revalorisation et c'est légitime, mais rien pour nous, alors que nous portons à bout de bras la justice judiciaire agonisante", explique Caroline Larché, agacée.
Audiences tardives, stress, sous-effectifs, sans les greffiers, le tribunal ne tourne pas et on nous prend pour des imbéciles !
Caroline Larché, greffière à la cour d'appel de Bordeaux et secrétaire régionale UnsaRédaction Web - France 3 Aquitaine
"Maltraitance institutionnelle"
En plus de ce manque de considération et de reconnaissance statutaire et indemnitaire par le ministère de la Justice, les greffiers constatent "la dégradation continue des conditions de travail qui conduit à un épuisement, un agacement et à la démotivation, entraînant une souffrance au travail de plus en plus insupportable".
Pour rappel, le greffier est chargé du bon déroulement de la procédure judiciaire et de l'authenticité des actes.
La profession dénonce par ailleurs le recours à des vacataires pour combler le manque de greffiers. "On ne peut plus travailler sereinement, nous ne sommes pas assez nombreux. Les contractuels agissent sous notre signature, car ils n'ont pas prêté serment. On contractualise à tout-va, ce n'est plus possible", rajoute la secrétaire régionale de l'Unsa services judiciaires.
Le mouvement risquerait de s'amplifier et d'évoluer vers une grève, selon Caroline Larché. Leur délégation nationale sera reçue cet après-midi par le Garde de sceaux, pour envisager l'avenir de leur profession et négocier une revalorisation.
Dans la pétition signée par 90 agents du greffe du tribunal de Bordeaux, les signataires parlent de "maltraitance institutionnelle". Ils demandent les mêmes avancées qu'ont obtenues les magistrats et les surveillants pénitentiaires.