Pour la mise en scène de ce chef d'œuvre de l'art lyrique, l'Opéra de Bordeaux s'est lancé dans une expérience zéro achat en recyclant décors et costumes avec une belle économie à la clé. Une première en France.
En pleine crise économique et énergétique, même l'Opéra de Bordeaux s'y met avec l'opération zéro achat pour la production de son nouveau spectacle.
Décors et costumes recyclés
L'Opéra de Bordeaux est le premier à se lancer dans une démarche de sobriété. Depuis un an, les équipes techniques et artistiques travaillent à la mise en scène du "Requiem" de Mozart sans dépenser un euro. Un challenge pour le metteur en scène Stéphane Braunschweig. "Quand on m'a proposé ce Requiem, on m'a dit qu'il fallait le faire sans dépenser d'argent et donc sans achat. Donc j'ai pris cela comme un challenge !"
J'ai regardé ce qu'il y avait dans les stocks existants et ce qu'il restait des autres spectacles. Puis j'ai imaginé avec les éléments que j'ai trouvés, un spectacle à part entière, avec sa propre identité, mais qui effectivement recycle des décors existants et des costumes.
Stéphane Braunschweig, metteur en scèneFrance 3 Aquitaine
Un spectacle zéro achat est une petite révolution dans la façon de travailler des équipes techniques du Grand théâtre de Bordeaux. "Il faut beaucoup d'adaptation et d'imagination", commente Pïlar Camps technicienne qui a travaillé sur le Requiem.
Avec la crise économique et écologique, tout le monde doit changer sa façon de faire, alors pourquoi pas nous ! Je trouve cela très bien.
Pilar Camps, technicienne au Grand théâtre de BordeauxFrance 3 Aquitaine
Par exemple, les grands châssis miroir ont déjà servi pour l'opéra Macbeth de Verdi et le bois qui a été utilisé pour construire les cercueils du Requiem a été offert par un mécène. 23 000 euros d'économie sur les décors.
Les costumes sont aussi recyclés. Ils proviennent d'une friperie et ils étaient conservés dans les réserves du Grand théâtre. "On a fait une grande razzia dans les réserves et on y a trouvé des trésors, raconte Jean-Philippe Blanc chef de l'atelier couture.
Sans achat de matériel neuf ni de costumes, l'économie finale est 41 050 euros. Il juste fallu louer un habit pour 480 euros.
Moins d'argent dépensé, en revanche, l'atelier couture a eu plus de travail...
"Le fait que ce soit "zéro achat" est invisible. Ce n'est pas une mise en scène dégradée, au contraire, c'est une mise en scène normale, mais avec une démarche qui aura été totalement changée", assure la direction de l'Opéra.
Une vie après la mort
Dans cette démarche, les équipes techniques et artistiques ont redonné vie aux accessoires en quelque sorte. Ce Requiem qui est une grande messe des morts est un "oratorio", qui est fait au départ pour être chanté dans un lieu religieux. Le metteur en scène a choisi une mise en scène sobre pour cette nouvelle version.
"Un face-à-face avec la mort difficile à traduire en théâtre. Mais ce qui nous semblait intéressant, c'est de faire dialoguer le sujet porté par Mozart. Il fait lui-même face à la perspective de finir ses jours très bientôt quand il écrit ce requiem. Nous voulions nous mettre dans une situation de penser la vie après la mort", explique Emmanuel Hondré, directeur général de l'Opéra de Bordeaux.