Pass sanitaire maintenu : une catastrophe industrielle pour les grands et les petits cinémas bordelais

Le Conseil d'Etat maintient le pass sanitaire dans les lieux de loisirs et de culture accueillant plus de 50 personnes. Une mauvaise nouvelle pour les cinémas bordelais, blockbusters ou indépendants, qui ont vu les entrées chuter jusqu'à 70% depuis le 21 juillet.

A Villenave-d'Ornon, Clément Barbeau, directeur adjoint du CGR est catégorique : 

"On est comme tous les commerces. Si on ouvre « la boutique », il faut qu’on fasse des entrées. Aujourd’hui, ce n’est pas possible de continuer comme ça éternellement. Ça, c’est sûr !

Depuis le 21 juillet 2021, le « pass sanitaire » est obligatoire pour les lieux de loisirs et de culture rassemblant plus de 50 personnes (salles de spectacle, les parcs d’attractions, les salles de concert, les festivals, les salles de sport, les cinémas...).

Pour se faire une toile, il faut donc présenter à l'entrée ou une attestation d'un schéma vaccinal complet et achevé, ou un test PCR négatif de moins de 48h ou un test RT-PCR positif attestant du rétablissement de la Covid-19, datant d'au moins 11 jours et de moins de 6 mois. 

Or constate Clément Barbeau, le public n'est pas toujours au courant de ces règles : 

Au niveau du discours, ça a été peut-être fait précipitamment. Les personnes ne sont pas complètement au courant des règles. On a des personnes qui viennent avec une seule dose, des personnes qui viennent avec un test PCR qui n’est pas ou plus valide. L’application de cette mesure n’est vraiment pas simple pour nous

Au delà des difficultés d'organisation, l'instauration de ce pass sanitaire depuis le 21 juillet a cassé une dynamique retrouvée en juin. Lors de la fête du cinéma, le public était revenu en nombre dans les salles obscures. Mais un mois plus tard, les chiffres sont catastrophiques. Le CGR de Villenave-d'Ornon avait embauché quelques CDD qu'il n'a pas reconduits en juillet. 

Il y a deux ans sur une période estivale où il faut occuper les enfants, où les gens ont envie de se divertir, d’être au frais, on était entre 3000 à 3500 entrées par jour. Aujourd’hui, on est plus autour de 600 à 700 entrées par jour. 

Une situation qui ne sera pas tenable craint Clément Bardeau. 

Le 23 juillet dernier, dans un communiqué la Fédération Nationale des Editeurs de Films alertait le gouvernement sur "les distributeurs de film en danger immédiat face à un enjeu de survie". 

Elle qualifiait l'effondrement des entrées de "catastrophe industrielle" pour une profession qui avait pris le risque de financer des films malgré la crise sanitaire. Pour preuve le nombre et la qualité des films projetés cet été. Ce pourrait être le "coup de grâce" après plus de 300 jours de fermeture met-elle en garde, espérant un plan de soutien massif. 

 

 

Le salut n'est pas venu du Conseil d'Etat. Hier, 26 juillet, le juge des référés de la plus haute juridiction administrative française a maintenu le pass sanitaire pour les cinémas, comme indiqué sur son site :  

"Saisi en urgence, le juge des référés du Conseil d’État ne suspend pas l’extension du passe sanitaire aux établissements et lieux de culture et de loisirs accueillant 50 personnes. Il juge qu’en l’attente d’une nouvelle loi et compte tenu de la récente dégradation de la situation sanitaire, le Premier ministre avait le pouvoir de prendre une telle mesure".

Certains cinémas, notamment les petites structures indépendantes avaient fait le choix réduire leurs jauges à moins de 50 et d'échapper ainsi au pass sanitaire. Dans un premier temps, la Direction générale de la santé,  la DGS,  avait dénoncé une mauvaise lecture du décret. Mais le ministre de la santé Olivier Véran a clôt le débat trois jours plus tard, en déclarant à l'AFP : 

S’ils mettent en vente moins de 50 places et prévoient donc d’accueillir moins de 50 spectateurs, alors le pass sanitaire ne s’applique pas"

Dans la métropole bordelaise, plusieurs cinémas indépendants ont opté pour cette solution. C'est le cas par exemple pour le Jean Eustache à Pessac, Les Colonnes à Blanquefort, l'Utopia à Bordeaux, le Max Linder à Créon, le Villa Monciné à Saint-André-de-Cubzac, le festival à Bègles. 

François Aymé, directeur du cinéma Jean Eustache justifie ce choix :

Entre le 12 juillet et le 31 juillet, on a fait ce choix là pour éviter un temps pendant lequel les gens étaient assez peu informés. Certains sont arrivés un peu pris de court avec des situations un peu tendues, un peu désagréables et puis ça a permis aux gens qui venaient d’avoir leur deuxième dose, sans les sept jours après de, malgré tout, venir au cinéma. 

Mais début août, cette mesure transitoire ne pourra plus être maintenue. Le pass sanitaire sera obligatoire dans tous les cinémas quelque soit la jauge.

Le président de  l'Afcae, l'Association Française des Cinémas Art et Essai parle d'un mal pour un bien. 

On est inquiet. On pense que les semaines du mois d’août, on sera à moins 30 ou moins 40 % dans les cinémas. L’espoir, c’est qu’en septembre, on va repartir du bon pied, qu’il y aura suffisamment de personnes vaccinées et qu’on ne reparte pas vers une fermeture. On a quand même ça en tête.

 

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