La voiture électrique fait sa route au sein d'un marché automobile qui tente de reprendre des couleurs après la période Covid. Au Mondial de l'automobile, qui se déroule du 17 au 23 octobre à Paris, c'est le véhicule super star. Mais sur les routes de la région Nouvelle-Aquitaine, c'est encore largement la motorisation diesel qui domine.
On ne les entend pas, même si elles sont un peu plus nombreuses qu'avant, surtout en ville. Les voitures électriques, rechargeables ou hybrides, commencent à faire partie du décor, mais tout doucement.
Le démarrage des ventes date d'il y a quelques mois, lié au contexte international. "Le gap s'est fait quand la guerre a été déclenchée, témoigne le responsable des ventes de la concession Renault de Marmande en Lot-et-Garonne, quand les prix à la pompe ont flambé".
Il nous manquait des véhicules électriques à ce moment-là.
Concessionnaire Renault - Marmande - Lot-et-GaronneFrance 3 rédaction Web
Et la voiture qui recueille le plus de suffrages chez ce commerçant, c'est un modèle qui oscille entre 40 à 45 000 euros nous précise-t-il. Avec le bonus de l'Etat, c'est 6 000 euros en moins sur le prix d'achat. Le président Emmanuel Macron a d'ailleurs annoncé dimanche 16 octobre une révision à la hausse de cette aide : 7 000 euros pour les ménages les plus modestes.
Un budget important
Mais en fait, dans cette concession de Marmande, les clients n'achètent plus cash mais par mensualité. Car en dépit de ces aides, la voiture électrique représente toujours un budget important. Le premier prix, entrée de gamme, est à 24 000 euros pour un véhicule de la marque au losange. " Avec les mensualités, ça passe." explique ce responsable des ventes de Marmande, un secteur ville moyenne et zone rurale où les revenus ne sont pas particulièrement élevés.
"C'est comme la thermique au final. Il faut calculer tous les coûts. Avec l'électrique, l'assurance est moins chère, l'entretien est moins cher, le carburant est moins cher. "
Et l'augmentation du prix de l'électricité ? Est-ce une inquiétude, tout comme des coupures de courant ?
"Ça doit envoyer un signal, mais le client ne la pose pas. Beaucoup de nos clients vont charger à l'extérieur, pas chez eux", poursuit le vendeur de voitures.
Le commerçant se souvient de périodes moins fastes.
En 2012, on avait du mal. Depuis quelques mois, ça représente 11 à 12 % de nos ventes. Petit à petit, ça s'impose, avec l'entrée en vigueur des ZFE ( Zone à faible émission NDLR).
Concessionnaire Renault - Marmande, Lot-et-GaronneFrance 3 Rédaction Web
Des chiffres en forte hausse, boostés par les aides gouvernementales pour l'achat d'une voiture électrique. Mais pas que : l'interdiction de la vente des véhicules thermiques en 2035 en Europe change aussi la donne.
Sur la route, le gazole toujours super star
Avec plus de 2 millions de véhicules roulant au gazole, ce type de motorisation s'impose toujours très très largement en Nouvelle-Aquitaine. L'infographie, ici, est éloquente. Nous sommes une terre de diesel, même si on ne se déplace pas à la campagne comme à la ville. Là où les budgets sont plus serrés et où les transports en commun ne sont pas aussi développés qu'en zone urbaine, les véhicules électriques n'ont pas rencontré encore un grand engouement depuis 2011.
Les zones de recharges électriques
Avec 2 713 stations de recharges dans la région, la Nouvelle-Aquitaine est mieux dotée que les régions du nord ou de l'est du pays d'après les données de l'Avere-France, l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique.
Pour autant, une autonomie jugée encore insuffisante, la difficulté d’accès à des bornes de recharge, les grandes distances parcourues par les véhicules de société et donc le temps nécessaire à cette recharge, sont des éléments d’explication possibles.
Pour les particuliers, la nécessité d’un branchement compatible est parfois une autre contrainte.
Au plan national, on observe une montée en puissance du nombre de points de charges pour véhicules électriques. Les entreprises, appelées sociétés sur cette infographie ci-dessous, sont incitées à acheter des voitures électriques pour leurs salariés en mobilité. Elles contribuent donc aussi fortement à l'implantation des points de charge sur le territoire.
L'effet ZFE, zone à faibles émissions, ou la chasse aux voitures polluantes
Bordeaux et la métropole s'y préparent. À partir du 1er janvier 2025 au plus tard, la Métropole de Bordeaux a l'obligation légale de mettre en place une zone à faibles émissions sur son territoire, conformément à la loi Climat et résilience. Il s’agit de limiter la circulation des véhicules les plus polluants, définis par la vignette Crit’Air.
Toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants devront instaurer une ZFE où la circulation des véhicules les plus polluants est limitée, portant le nombre de ZFE à 45 au total. Ce sera donc aussi le cas de l'agglomération de Limoges, celle de Pau-Béarn ou encore la communauté d'agglomération du Pays basque Bayonne pour la Nouvelle-Aquitaine.
Aujourd’hui, seules les villes qui dépassent régulièrement les seuils de pollution, une dizaine en France, y sont soumises, comme Paris et la petite couronne ou encore Rouen. La carte complète est à découvrir ci-dessous.
Les Zones à Faibles émissions sont un peu à la carte selon les territoires. Il s’agit de limiter la circulation des véhicules les plus polluants, définis par la vignette Crit’Air. C’est déjà obligatoire pour les villes dont la qualité de l’air ne respecte pas les normes européennes.
Pour leur mise en application, chaque collectivité est libre de fixer le périmètre, les critères et les modalités d’accès.
A ce jour, l’accès aux ZFE est basé sur les vignettes Crit’air. Créées en 2016, ces vignettes classent de 0 à 5 les véhicules suivant leurs émissions polluantes.
Et vous, où vous situez-vous ? Pour s'y retrouver, voici les catégories :
- Crit’Air 0 (vignette verte) désigne les véhicules 100% électriques ou à hydrogène ;
- Crit’Air 1 : véhicules à gaz, hybrides rechargeables, ou véhicules essence dont la date de 1 ère immatriculation est postérieure à 2011 ;
- Crit’Air 2 : véhicules essence entre 2006 et 2010 ou diesel postérieurs à 2011 ;
- Crit’Air 3 : véhicules essence entre 1997 et 2005 ou diesel entre 2006 et 2010 ;
- Crit’Air 4 : véhicules diesel entre 2001 et 2005 ;
- Crit’Air 5 : véhicules diesel entre 1997 et 2000 ;
- Véhicules non-classés (NC) datant d’avant 1997, essence comme diesel.
En Nouvelle-Aquitaine, on observe un tournant depuis 2018. Les vignettes 3,2,1 prennent désormais la tête des véhicules en circulation. La part des voitures diesel anciennes, datant d'avant 2005 (vignettes 4 et 5) et qui était en tête il y a dix ans, ne cesse de diminuer dans le parc automobile de la région. Vous pouvez observer sur l'infographie ci-dessous l'évolution de cette part, année par année depuis 2011. Et le tout électrique progresse lentement, pour atteindre 21 882 véhicules en 2021.
L'exemple de Bordeaux Métropole
Pour l'heure, Bordeaux Métropole a déterminé la zone de mise en œuvre de la Zone à faibles émissions. Elle se situe sur l’ensemble de l’intra-rocade, englobant 14 communes de la Métropole. Bègles, Bordeaux, Bouliac, Bruges, Cenon, Eysines, Floirac, Gradignan, Le Bouscat, Lormont, Mérignac, Pessac, Talence, Villenave d’Ornon sont donc incluses dans ce périmètre.
Mais la rocade n’est toutefois pas intégrée au périmètre de la ZFE afin d’éviter le report de trafic de transit sur les voies locales parallèles en extra-rocade.
Bordeaux MétropoleSite internet de Bordeaux Métropole
Au sein de la métropole bordelaise, les données retranscrites en infographie ci-dessous témoignent d'un parc automobile plutôt plus récent que la moyenne en Nouvelle-Aquitaine et dans l'hexagone. Par exemple, les véhicules à gaz, hybrides rechargeables, ou véhicules essence mis en service après 2011 sont plus représentés qu'ailleurs.
Quel parc automobile dans les autres ZFE à venir dans la région?
Au 1er janvier 2025, Limoges aussi aura une zone à faibles émissions mobilité, au sein de sa métropole. Le parc automobile des particuliers est légèrement moins récent qu'à Bordeaux.
Pour la région de Bayonne qui sera aussi concernée par la zone à faibles émissions, et où donc des restrictions de circulation seront possibles, on observe aussi un parc automobile légèrement plus récent que la moyenne régionale et nationale.
La communauté d'agglomération Pau Béarn se prépare aussi à son passage en ZFE. Sur les données disponibles, on observe un parc automobile un peu moins récent qu'à Bordeaux ou l'agglomération de Bayonne. On se rapproche de la moyenne de la région, et le parc est un peu moins récent qu'au plan national.
Le rythme de production en question
A la lumière de ces données, on voit des situations légèrement disparates d'une agglomération à l'autre. Se pose la question des véhicules situés hors de ces secteurs et qui ont à circuler, malgré tout, dans ces zones pour des raisons professionnelles ou personnelles.
La mise en place des ZFE sera probablement à l'origine du renouvellement du parc automobile vers des voitures moins polluantes, pour ceux qui en auront les moyens financiers. Les automobilistes auront finalement assez peu de temps pour se retourner. Il faudra que les usines tournent pour fournir des véhicules, alors que l'attente pour un véhicule neuf est déjà de plusieurs mois. Les marques Renault souffrent du conflit et de la crise des composants.