Entre le manque de places en crèches et la baisse constante du nombre d'assistantes maternelles, trouver une garde d'enfant relève souvent du parcours du combattant. Mais la situation est assez disparate en Gironde et selon le quartier à Bordeaux.
"Bonjour, je suis à la recherche d'une assistante maternelle quatre jours par semaines pour un petit amour de 7 mois", écrit une maman sur Facebook. "Nous sommes à la recherche d'une assistante à Pessac, disponible 5 jours par semaine pour notre bébé en novembre.", demande une autre internaute qui vit dans l'agglomération bordelaise. Les demandes de garde sont légion en ce mois de septembre sur les réseaux sociaux. Kenza, une jeune maman qui a enfin trouvé une solution de garde pour son bébé à naître, témoigne :
C'est un vrai parcours du combattant, un stress incommensurable, il faut s'y prendre terriblement à l'avance pour faire garder son enfant.
Kenza, future mamanà la rédaction web de France 3 Aquitaine
C'est effectivement le stress de la rentrée pour de nombreux parents : où faire garder son bébé ? S'il n'y a pas de pénurie autour du bassin d'Arcachon, en revanche dans le Libournais ou le Médoc, c'est une vraie galère pour trouver une place en crèche ou chez une assistante maternelle. Bordeaux n'est pas épargnée : trouver un mode de garde peut s'apparenter à un cauchemar dans certains quartiers, comme la Bastide rive droite ou Saint-Augustin, près du CHU Pellegrin, rive gauche.
Des territoires inégalement lotis
La Gironde compte pourtant 350 crèches en financement direct de la CAF, 403 MAM (Maison d'assistance maternelle), et 6 191 assistantes maternelles en activité, selon le dernier recensement en 2021 de la Caisse d'Allocations familiales de Gironde. Le département est le mieux doté en France, et malgré tout, ça coince.
Le taux de couverture est de 66 %, c'est mieux qu'au niveau national qui est de 58,8 %. Cela signifie que potentiellement 40 % des enfants n'ont pas de place en crèche ou chez une assistante maternelle.
Sophie Turquois de la CAF de la Gironde.à la rédaction web de France 3 Aquitaine
"Il y a de fortes disparités. Dans certains secteurs girondins comme le Libournais, le Médoc, l'Entre-deux-Mers, le sud Gironde ou encore le Réolais, il y a même beaucoup moins : le taux de couverture tombe en dessous de 50 %. Cela correspond au croissant de la pauvreté qui s'étire de Lesparre -Médoc à Langon, en suivant le vignoble", précise Sophie Turquois, la consultante petite enfance de la CAF.
Ce sont aussi des territoires dans lesquels les collectivités ne peuvent pas suffisamment investir dans des crèches faute de moyens. "Clairement, il n'y a pas assez de places en crèche pour les 0-3 ans, constate la CAF.
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La pénurie d'assistantes maternelles en Gironde
Sur les réseaux sociaux, des assistantes proposent encore des places en ce début du mois de septembre. Mais dans l'ensemble. Il y a de moins en moins en activité. Elles étaient plus de 10 000 il y a quatre ans, mais beaucoup sont parties à la retraite (l’âge moyen est de 55 ans) ou bien, elles démissionnent.
La faute à une baisse d'attractivité du métier. "Cette profession est très dévaluée. Pendant le Covid, on a pourtant fait le travail. Certaines assistantes maternelles ont accepté de garder jusqu'à huit enfants à la demande des services de la petite enfance. Pas de prime, pas de merci, et en plus le Département leur a refusé un quatrième agrément de garde", explique Audrey Besnard-Lescène du syndicat ProAssmat et ancienne assistante maternelle à Bordeaux. La syndicaliste girondine a d'ailleurs été reçue le 5 septembre par Aurore Bergé, la ministre des Solidarités et des Familles, pour défendre cette profession. Son syndicat demande une revalorisation salariale ainsi que la création d'un fonds de garantie des impayés pour cette profession.
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Des assistantes maternelles en activité qui ne trouvent pas à garder suffisamment d'enfants ( des témoignages vont en ce sens sur les réseaux sociaux) se plaignent de la concurrence des micro-crèches en milieu rural. "Les parents pensent que ce moyen de garde leur coutera beaucoup moins cher qu'une assistante maternelle individuelle à domicile. C'est une impression, mais pas forcément vrai", poursuit Audrey Besnard-Lescène. Cela dit, l'ancienne assistante maternelle se veut rassurante pour les parents, "pas de stress, ça va bien se passer pour vous et votre enfant. La situation est beaucoup moins catastrophique en Gironde qu'ailleurs".
Alors comment s'y prendre ? Des groupes publics se sont créés sur Facebook pour mettre en relation les familles et les places libres chez assistantes maternelles et aussi les crèches privées, comme Disponibilités assistantes Maternelle de Gironde. Quand on ne trouve pas, certains se débrouillent avec les grands-parents. "La famille reste le premier moyen de garde des touts petits", rappelle la CAF de Gironde.
Manque de places en crèche à Bordeaux
À Bordeaux, la situation s'est encore aggravée en cette rentrée 2023. Faute de personnel, la mairie a été contrainte de fermer 10 % des places.
La ville compte une trentaine de crèches municipales, cela représente entre 1100 et 1200 places. Cette année, 70 postes sont vacants. "Principalement, il s'agit de postes d'éducateurs de jeunes enfants et d'auxiliaires de puériculture, qui sont en grande tension de recrutement", explique Fannie Le Boulanger, élue à la petite enfance à la mairie de Bordeaux. Ce déficit est lié au manque de formation au niveau national, selon l'élue bordelaise. "Le secteur de la petite enfance se développe très fort ces dix dernières années. En revanche, la formation des professionnels n'a pas suivi. Il faut que le gouvernement ouvre des places de formation, il y a un manque d'anticipation. Par ailleurs, certains professionnels quittent la profession". Le gouvernement a pourtant proposé d'augmenter les contrôles pour assurer la qualité de l'accueil et une revalorisation salariale. "C'est bien, mais on passe à côté du sujet", rétorque l'élue.
Fannie Le Boulanger se dit d'autant plus contrariée que la municipalité de Bordeaux assure faire de la petite enfance "une priorité" dans ce mandat, avec l'objectif de créer 500 places de crèches en construisant de nouvelles structures dans les nouveaux quartiers qui sortent de terre." Nous avons déjà réalisé la moitié de notre objectif, avec 219 nouvelles places en crèches, mais la situation nous stoppe en quelque sorte dans notre dynamique", note-t-elle.
On a des crèches, mais pas le personnel à mettre dedans, et on peine à maintenir l'existant !
Fannie Le Boulanger, élue à la petite enfance à Bordeauxà la rédaction web de France 3 Aquitaine
Guichet unique
La mairie de Bordeaux a mis en place un guichet unique qui centralise l'offre et la demande. Pour obtenir une place en crèche, il faut préinscrire son futur enfant à partir du 4ᵉ mois de grossesse auprès du service municipal des modes d'accueil petite enfance (Mape). Un guichet unique, qui classe les dossiers des enfants selon des critères, repensés le 1ᵉʳ mars 2022.
15% des places sont réservées aux familles bénéficiaires des minima sociaux et un accès prioritaire est accordé aux familles dont un parent est mineur ou jeune majeur (moins de 21 ans).
Ce système essuie les reproches de certaines familles qui n'ont pas obtenu de places et qui abandonnent. Fannie Le Boulanger l'assure : " il n'y a pas que le critère de revenus qui compte. La commission qui siège en juin pour attribuer les places retient les critères de santé, de handicap, de l'activité des parents ou encore la gémellité".
De son côté, pour aider les parents, la CAF propose la solution des Relais petite enfance (RPE), qui informent les familles sur les modes de garde disponibles dans leur secteur. Il y a 88 RPE en Gironde, et le site est gratuit.
