"Pris en otages", les habitants des péniches assignent le port de Bordeaux en justice

Les pénichiers, ces habitants historiques des bassins à flot près de la base sous-marine, ont décidé d'assigner le grand port maritime de Bordeaux en justice. Alors qu'un projet de réhabilitation du bassin à flot est en cours, ils ne veulent pas déménager ni s'acquitter d'une redevance dont le montant a fortement augmenté, après des mois de négociations.

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Réunies en collectif, les familles du village des péniches ont décidé de porter l'affaire en justice. Ils sont venus nombreux et remontés, ce mardi 3 octobre, devant le tribunal, dénonçant ce qu'ils appellent une "prise en otage de leurs familles", rappelant qu'ils sont amarrés au bassin numéro 1 depuis longtemps, pour certains plus de vingt ans.

Le port de Bordeaux nous met en demeure de quitter le bassin à flot avant cinq jours.

Anahita Le Bourdiec, présidente du collectif  "Village des péniches"

France 3 Aquitaine

Une redevance multipliée par deux

Concrètement, à ce jour, ces familles disent se battre pour leurs logements et l'avenir de leurs 18 bateaux. Les résidents de ces maisons flottantes ont refusé de signer la nouvelle convention d'occupation proposée par le Grand Port Maritime de Bordeaux estimant ce document "pas signable". "Un contrat d'occupation assorti d'aucun service... C'est-à-dire, un contrat où on n'aurait que des devoirs !", s'insurge Mme Le Bourdiec.

Après des mois de négociations et ce qui semble être un dialogue de sourds, ils disent avoir été contraints d'aller au tribunal. La nouvelle convention prévoit leur déménagement du bassin 1 au bassin 2 et le doublement de la redevance. Deux injonctions difficilement réalisables, notamment pour des raisons financières.

Mais aussi de façon pratique, d'après leur avocate Me Alice Houlgard, avocate du collectif "Village des Péniches. "Le seul bien qu'ils ont, c'est leur péniche. Sauf que les péniches ont 70 ans, ne sont plus navigables depuis des années. En cas d'expulsion, ils ne se retrouveront qu'avec leurs yeux pour pleurer".

Nous demandons un changement radical du port de Bordeaux et une prise de conscience de la ville et des autorités car ce n'est pas normal.

Anahita Le Bourdiec

France 3 Aquitaine

Un patrimoine maritime

Quant à leurs embarcations, ils estiment qu'elles doivent être sauvées pour ce qu'elles représentent : un élément du patrimoine maritime de Bordeaux.

Dans leur conflit, ils sont révoltés également par l'argumentaire du port qui voudrait, selon le collectif, remplacer le village de péniches, "des gens normaux", par de "super yachts, dont on ne sait rien et une possible industrie de moteurs à hydrogène"...

Une redevance pas si onéreuse

De son côté le Port de Bordeaux assure par la voix de Renaud Picard, son directeur adjoint, que "la redevance demandée est tout à fait dans les standards des redevances appliquées par voies navigables de France" à Toulouse, Lille, Niort. Elle est, précise-t-il, entre deux fois et demie et quatre fois moins chère que la redevance appliquée à Paris.

Le conflit s'invite désormais au conseil municipal : ce 3 octobre, l'opposition demande le vote d'une motion contre l'augmentation des redevances des péniches bordelais.

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