L’enquête publique autour des aménagements ferroviaires au sud de bordeaux (AFSB) a démarré ce lundi 15 juillet. Censée accorder un lieu de paroles aux citoyens, ces derniers dénoncent une période peu propice, en plein cœur de l’été.
Une enquête publique entre le 15 juillet et le 13 août ? Pour les maires des communes concernées par le tracé du projet GPSO, c’est une hérésie. À Saint-Médard-d’Eyrans, Christian Tamarelle fulmine. “C’est scandaleux. On a été plusieurs à écrire au préfet pour demander à repousser cette enquête à la rentrée, mais il a fait la sourde oreille, il ne nous a même pas répondu”, lâche l’édile de la petite commune de 3000 habitants située au sud de Bordeaux. Prévue initialement du 24 juin au 23 juillet, elle a finalement été décalée en raison des élections législatives surprises.
"Ils sont passés outre"
Dans un carnet, déposé dans les mairies de Saint-Médard-d’Eyrans, Villenave-d’Ornon, Bègles et Cadaujac, chaque citoyen pourra inscrire ses observations, ses questionnements. “On peut aussi envoyer des éléments par mail ou courrier qui seront analysés par le commissaire enquêteur qui se trouve sur place. Nous, on va déposer un dossier complet qui sera analysé”, précise Christian Tamarelle.
Pour autant, les édiles, opposés au projet, craignent que les pages restent blanches, faute de contribution. Ils avaient demandé, à l’instar des collectifs, à repousser ou rallonger l'échéance. Sans succès. “Le préfet s’est clairement positionné comme le garant du projet parce qu’il y avait eu déclaration d’utilité publique. Et puis, je vous rappelle que l’enquête publique initiale avait reçu un avis défavorable des commissaires enquêteurs site aux avis recueillis des habitants et pourtant, ils sont passés outre”, rappelle Christian Tamarelle.
En 2004, le maire de Saint-Médard-d’Eyrans découvre, au mois de juin, le premier dossier sur le projet GPSO qui ambitionne de créer de nouvelles lignes à grande vitesse, entre Bordeaux et Toulouse et Bordeaux et Dax. Depuis, il en a fait, comme d’autres édiles, son cheval de bataille. “Ça fait 20 ans, je commence à fatiguer. La population aussi commence à devenir fataliste. On va continuer de se battre, mais l’espoir d’enterrer le projet s’amenuise”, soupire Christian Tamarelle.
20 milliards d'euros
Si tout le projet cristallise les tensions, l’enquête publique ne porte pour l’instant que sur les aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux. Sur 12 kilomètres, les porteurs du projet affirment qu’ils permettront de connecter le réseau actuel à la future LGV. Faux, répondent les opposants. “Notre commune va être coupée en deux, complètement, à cause des murs antibruit. Puis, c’est surtout le tracé qui traverse des zones Natura 2000, des zones humides et même la forêt des Landes”, énumère Christian Tamarelle.
20 milliards d’euros, on pourrait plutôt les investir dans les lignes existantes, et ça coûterait moins cher.
Christian Tamarelle,Maire de Saint-Médard-d'Eyrans
Aux côtés des maires, les collectifs se mobilisent aussi depuis des années. Une partie d’entre eux a rencontré, ce lundi, le commissaire enquêteur à Bègles, première permanence de l’enquête. “On voulait témoigner de notre étonnement du choix de la période pour enquête publique de cette importance. C’est se moquer des citoyens”, lance Gilles Delcros, membre de LGV Non Merci, qui, par une lettre au préfet de la Nouvelle-Aquitaine, espère encore prolonger les délais. “On veut pouvoir étudier le dossier auquel nous n’avions pas accès jusqu’ici pour pouvoir l’expliquer aux citoyens et apporter des contributions pertinentes”.
L’enquête publique et le dossier sont à consulter dans quatre mairies du sud de Bordeaux, au travers de permanences tournantes, qui s’achèveront le 13 août prochain.