Projet Pure Salmon France : "le but est de nous faire taire", deux écologistes et leur association devant le tribunal pour diffamation

L'association Eaux secours agissons et deux de leurs dirigeantes comparaissent devant le tribunal de Bordeaux jeudi 2 novembre pour "diffamation" contre Pure Salmon France. Elles avaient critiqué le projet de cette entreprise qui ambitionne de créer le plus grand élevage de saumons d'Europe dans une ferme aquacole en Gironde.

Jeudi 2 novembre, à partir de 14 heures, l'association Eaux Secours agissons et deux de leurs dirigeantes, Esther Dufaure et Alice Soulié, comparaissent devant le tribunal au Palais de justice de Bordeaux. La raison : avoir tenu des propos considérés comme diffamatoires par Pure Salmon France, une entreprise qui envisage d'implanter une ferme-usine produisant et transformant des milliers de tonnes de saumons par an. 

Les activistes décrivaient un climat délétère sur le site d'implantation

Avant le procès, plusieurs personnes se sont rassemblées devant le Palais de justice en signe de soutien à l'association et leurs deux dirigeantes. Selon différents posts sur les réseaux sociaux, une soixantaine de personnes sont présentes sur place. Certaines d'entre eux ont pris la parole. 

Interrogée quelques minutes avant le procès, Esther Dufaure le certifie : "le but est de nous faire taire et de nous faire peur". Elle rappelle que l'objectif de son discours, au nom de l'association, est "d'alerter les institutions européennes sur les potentiels risques de ce projet s'il voit le jour". Elle espère toujours qu'il n'aille pas à son terme. 

L'association Eaux secours agissons a vu le jour sous forme de collectif à la fin de 2022. Très vite, ses membres disent "non au projet Pure Salmon", critiquant notamment le climat "anxiogène" au Verdon-sur-mer en Gironde, là où le projet aquacole doit voir le jour. Les deux dirigeantes de l'association Eaux Secours agissons, sur le banc des accusés aujourd'hui, y décrivaient "des rapports de force", de la "violence" ou encore "des procédés d'intimidation". 

Certains élus prennent la défense de ces deux associatives écologistes. C'est le cas de Loïc Prud'homme, député LFI de Gironde. Dans un post partagé sur X (ex Twitter) le 28 octobre, il dénonce une "procédure-bâillon qui vise à faire taire les citoyens qui s'élèvent contre ces projets qui prétendent venir détruire notre environnement". 

L'élu EELV Nicolas Thierry a également pris la parole dès le mois de juillet. Selon lui, "ce projet industrialise le vivant", et le procès a pour objectif "d'étouffer les revendications citoyennes écologistes".

Du côté de Pure Salmon France, on dément les arguments avancés d'un procès-bâillon, et on rappelle que les "associations peuvent s'exprimer librement". Le groupe rappelle que la seule chose contestée est "l'affirmation de choses fausses qui pourraient nuire à la réputation de Pure Salmon France et au débat public en cours dans le Médoc sur notre projet de ferme". La plainte "ne porte pas sur les opposants en tant que tels" mais sur "des points précis du projet contestés par des opposants, qui nécessitent des réponses". 

Sur le projet, la préfecture de Gironde demandait des garanties dès avril

En avril, la préfecture de Gironde exigeait des études supplémentaires environnementales à propos de la gestion de l'eau pour le projet de Pure Salmon France. Sept mois plus tard, la société assure avoir déposé un dossier environnemental, promettant notamment de ne pas pomper les réserves d'eau potable. Pure Salmon France attend désormais un retour de la préfecture.

Cette ferme, si elle est construite, hébergerait le plus grand élevage de saumons d'Europe avec une production de deux millions de ces poissons par an. 

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