Prolifération des sangliers, interdiction des méthodes traditionnelles : le plaisir mitigé des chasseurs à l'ouverture de la saison

Ce dimanche 8 septembre, la saison de chasse s’ouvre dans les cinq départements d’Aquitaine. Entre proliférations des sangliers et interdictions de certaines chasses traditionnelles, les pratiquants retrouvent un plaisir mitigé.

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Un dimanche pluvieux. Pourtant, dès 8h, dans les campagnes d’Aquitaine, les gilets fluorescents se distinguent dans les verts sombres de l’automne. Ce dimanche 8 septembre démarre la nouvelle saison de chasse. Si beaucoup de pratiquants attendaient ce moment avec impatience, le plaisir est quelque peu entaché par de “nouvelles contraintes”.

“Le sanglier prend beaucoup de place”

Lièvres, faisans, daim, durant six mois, les chasseurs vont pouvoir s’adonner à leur pratique, dans le cadre d'un arrêté préfectoral limitant notamment le nombre de prélèvements. Pourtant, ce dimanche matin, un seul gibier préoccupe les adeptes : le sanglier

Fléau des cultures, sa population s’est démultipliée ces dernières années, obligeant les chasseurs, en première ligne, à réguler leur population. “On fait en sorte que ça reste une partie de plaisir, mais aujourd'hui la problématique du sanglier fait qu’on y consacre beaucoup de parties de chasse”, indique Olivier Gauthier, président de la société de chasse GIC Les amis du Puy.

Depuis trente ans, Olivier chasse en Dordogne différents types d’animaux. En trois décennies, il a vu le monde de la chasse se transformer autour du sanglier. “Il n’y en avait pas autant, ils se sont vachement multipliés. Et puis il y a des coupes de bois qui font qu’aujourd’hui, les sangliers vont se réfugier dans les ronciers où on ne peut pas aller. Tout ça, avec un nombre de chasseurs beaucoup moins importants que les années passées”, liste Olivier Gauthier.

Nombreux, mais difficilement saisissables, le sanglier est donc le sujet principal des parties de chasse de Juliette Cubertafon, chasseuse depuis quatre ans. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui a poussé la jeune femme à prendre sa carte d’adhérent. “Je voulais voir le travail des chiens et essayer de réguler au mieux la population de sanglier qui dévaste tout”, explique Juliette Cubertafon. Elle regrette pourtant de ne plus chasser “assez” d’autres gibiers. “Les sangliers prennent beaucoup de place et on ne chasse plus les chevreuils ou les petits gibiers, dont certains ont aussi besoin d'être régulés”, reconnaît-elle.

Disparition des traditions

Comme les 18 000 chasseurs des Landes, Nicolas….., béret sur la tête, arpentait ce dimanche matin la tourbière des Barthes de l’Adour accompagné de son chien. “C’est un cadre exceptionnel”, souffle le jeune chasseur. “C’est très calme, on entend à peine les coups de fusils ans les villages alentour”.

Lui, a toujours mêlé les chasses aux fusils aux méthodes traditionnelles. “Je chassais l’alouette des champs à l’aide aux pantes ou au filet”, précise Nicolas Latour. Ces techniques désormais interdites, elles donnent à cette nouvelle saison de chasse, un goût d’amertume. “C’est une grosse déception qui parce que c’est complètement aberrant. On peut encore chasser l'alouette au fusil, mais pas avec ces méthodes qui font partie de nos traditions”, regrette Nicolas Latour.

En mai dernier, une large mobilisation des chasseurs qui avaient alors cessé tout prélèvement, notamment de sangliers, avait eu lieu dans le département. “Ces battues sont le travail bénévole qu’effectuent les chasseurs toute l’année pour éviter les dégâts. On ne fait pas n’importe quoi, et les élites nationales et politiques ne le comprennent pas”, fulmine le jeune chasseur.

On a un peu l’impression d'être pris pour des andouilles.

Nicolas Latour

Chasseur des Landes


La vingtaine seulement, Nicolas Latour craint aussi de voir disparaître ses traditions. “Il faut que la chasse perdure, elle fait partie de nos traditions et les fédérations accomplissent tout un travail pour qu’elle s’inscrive dans l’air du temps tout en préservant des méthodes ancestrales”, rappelle Nicolas Latour.

Sans plomb

Nouvelles règles de chasse, nouveaux éléments, la pratique évolue en effet régulièrement. Dans le Lot-et-Garonne, Yannick Colorado, armurier, est d’ailleurs confronté, depuis quelques mois, à une question récurrente : “quelles cartouches je dois prendre ?”

En effet, dans les zones humides ou à moins de cent mètres de ces dernières, les chasseurs ne peuvent plus tirer avec des cartouches classiques. “Ce sont des cartouches avec des substituts au plomb. Ça peut être du cuivre, du bismuth, du tungstène, de l’acier standard. Certains pays l’ont déjà généralisé, mais nous, c’est récent et donc beaucoup se demandent ce qu’ils peuvent tirer avec les armes qu’ils ont”, précise Yannick Colorado. “C’est une amélioration plus écologique”.

Face aux associations écologistes qui dénoncent de nombreuses pratiques de la chasse, les fédérations mettent depuis quelques années en avant leur dimension écologique. “Outre les régulations, la chasse ce n’est pas que les prélèvements. C’est aussi un investissement de toute l’année où les chasseurs vont, avec les agriculteurs, planter des haies, aménager les milieux forestiers”, rappelle Jean-François Courrèges, technicien supérieur à la fédération de chasse du Lot-et-Garonne.

Pour le technicien, cette saison de chasse est finalement l’aboutissement d’un an de mobilisation. Les chasseurs d’Aquitaine ont jusqu’au 28 février 2025, date de clôture de la saison, pour en profiter.

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