Le polémiste sera jugé ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris pour des propos prononcés en octobre 2020 sur les mineurs isolés, qualifiés de "voleurs", "assassins", et de "violeurs". Les départements des Landes, de la Dordogne, de la Gironde et des Pyrénées-Atlantiques font partie des parties civiles.
Ses propos remontent à une époque où peu de gens envisageaient qu'il se présente à la présidentielle, soit le 30 septembre 2020. Alors chroniqueur sur Cnews, le polémiste Eric Zemmour était revenu sur l'attaque à l'arme blanche survenue rue Nicolas Appert à Paris, qui avait fait deux blessés. Commentant le profil du suspect, polémiste s'était alors ouvert plus généralement aux mineurs isolés." Tous ces jeunes, issus de l'immigration, n'ont rien à faire ici. Ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs… C'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer (…) Il faudra sortir de la Convention européenne des droits de l'Homme".
Les départements visés
Dans les jours qui ont suivi, vingt-deux Conseils départementaux, dont ceux de Gironde, des Landes et des Pyrénées-Atlantiques avaient annoncé porter plainte, dénonçant une atteinte aux mineurs non accompagnés pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance, une compétence départementale. Ce mercredi, Eric Zemmour est cette fois cité à comparaître par le parquet pour complicité de provocation à la haine raciale et d'injure raciale
"Les propos d'Eric Zemmour visent les MNA qui sont sous la responsabilité de l'ensemble des départements de France, rappelle Xavier Fortinon, président du Conseil départemental des Landes, partie civile dans ce procès. Les accuser d'être des voleurs, des violeurs et des assassins, c'est aussi accuser les responsables qui doivent les gérer".
Ce sont des accusations très fortes, avec des relents particulièrement racistes, qui portent atteinte à toute dignité humaine. Pour moi ce sont des propos qui relèvent du délit.
Xavier Fortinon, président du Conseil départemental des LandesFrance 3 Aquitaine
"Ce sont des propos qu'il tient de manière très habituelle"
Un an après avoir tenu ses propos à l'antenne, le contexte a changé. Eric Zemmour multiplie les déplacements en province, officiellement pour défendre son livre, dans une tournée s'apparentant très fortement à une campagne présidentielle.
Une popularité et une médiatisation qui ne doivent pas changer la perception de ce procès, assure Xavier Fortinon. "Aujourd'hui encore, il tient encore des propos qui remettent en cause les valeurs fondamentales de la République, ou qui révisent notre histoire et son très proches du négationnisme", assure l'élu qui ne voit aucun dérapage dans les paroles incriminées.
"Ce sont des propos qu'il tient de façon très habituelle, depuis de très nombreuses années, et qu'il porte très certainement au plus profond de lui-même. Si quelqu'un qui se projette sur les plus hautes responsabilités de la République et n'est pas capable de respecter la loi quand même très inquiétant", avance l'élu.
Autre partie civile pour ce procès, l'association laïque du Prado, spécialisée dans la protection de l'enfance et qui travaille avec le Conseil départemental de la Gironde sur la prise en charge des mineurs isolés.
"Les propos tenus par Eric Zemmour sont délictuels, et sont en contradiction parfaite avec la réalité de terrain que vivent des associations comme le Prado", affirme Thibault Laforcade, avocat de l'association.
Lorsqu'on injure publiquement un groupe de personnes, lorsqu'on incite à la discrimination et à la haine raciale, ce sont des délits.
Me Thibault Laforcade, avocat de l'association le PradoFrance 3 Aquitaine
Eric Zemmour ne sera pas présent
"L'association n'a aucune visée politique dans cette démarche, poursuit l'avocat. Mais par contre, il y a une confrontation de systèmes de valeurs : celles prônées par Eric Zemmour et celles, de solidarité prônées depuis très longtemps par des associations comme le Prado. Cette confrontation sera aussi un enjeu de cette audience".
Pour la "sérénité des débats" et éviter de transformer le tribunal correctionnel de Paris en "arène politique", Eric Zemmour ne devrait pas être présent à l’audience, a indiqué son avocat, Olivier Pardo. Éric Zemmour a déjà été condamné à deux reprises pour provocation à la haine.