Puisseguin 2 ans après : quels enseignements de l'accident qui a fait 43 victimes ?

Deux ans après le drame de Puisseguin qui a coûté la vie à 43 personnes, les causes sont identifiées mais quid des responsabilités ou des changements de réglementations ? Les familles espèrent que la sécurité dans les bus sera améliorée. Une commération dans l'intimité aura lieu lundi 23 octobre.

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La vitesse inadaptée du camion, la non-conformité du réservoir additionnel de ce même camion, une défaillance du système de freinage du semi-remorque, voici quels sont les éléments collectés qui s'accumulent pour en arriver au choc frontal et à l'embrasement de l'autocar transportant 49 passagers. Ce sont les conclusions du rapport du Bureau Enquêtes sur les Accidents de  Transport Terrestre.  ( Août 2017 )

Vendredi 23 octobre 2015, vers 7 h 30,  un petit matin d'automne sur la départementale 17, commune de Puisseguin dans le vignoble du Libournais.
Un groupe du club du 3e âge des communes de Petit-Palais-et-Cornemps et Saint-Sauveur-de-Puynormand part en balade à Arzacq-Arraziguet dans le Béarn pour la journée.
En face, un camion et son semi-remorque. A son bord, le conducteur et son fils de 3 ans. Cyril Alexandre était originaire de l’Orne. Il était venu livrer du bois en Gironde et repartait, à vide. Le camion se déporte sur la voie de gauche. 
Tout d'un coup un choc . Le rapport du Bureau Enquêtes sur les Accidents de TransportTerrestre décrit :

Un violent incendie s’est déclaré immédiatement après la collision. L’autocar a été très rapidement envahi par une fumée noire toxique et attaqué par les flammes.

"Temps de survie dans le bus : 2 à 3 minutes"

Bilan : 41 victimes dans le bus et le chauffeur du camionainsi que son fils.
Michel Vigier, du collectif des familles des victimes, retient ce qu'a dit le responsable du bureau lorsqu'il est venu détailler le rapport en Gironde :

Les fumées étaient tellement nocives, qu'on estimait le temps de survie à 2, 3 minutes. C'est extrêmement court. Les gens sont morts asphyxiés. 

Les familles ne savent pas aujourd'hui s'il y aura un procès. L'instruction est toujours en cours.


L'un des avocats des familles, Maître Antoine Chambolle, explique :

L'instruction s'est engagée à déposer un nouveau rapport d'ici la fin de l'année. Les différentes enquêtes permettront de savoir s'il y a d'éventuels dysfonctionnements à reveler. La justice peut apporter la réponse aux proches des victimes. Les familles veulent essayer de faire progresser la sécurité dans les autocars.

Les familles ont été reçues récemment par la ministre des Transports Elisabeth Borne. Une ministre à l'écoute d'après Michel Vigier qui s'est étonnée par exemple qu'un camion ayant subi des modifications n'ait pas ensuite été contrôlé par les services compétents.
Lundi 23 octobre 2017, une commération dans l'intimité des familles de victimes aura lieu à Petit Palais avec une messe puis un dépôt de gerbe sur le lieu de l'accident à Puisseguin.   


Sur la cause directe de l’accident, ce qu'explique le rapport :

La perte de contrôle de l’ensemble routier qui abordait un virage à droite très serré, l’a conduit à se déporter sur la voie de gauche et à percuter l'autocar. Les raisons pour lesquelles l’ensemble routier s’est ainsi déporté sont très probablement liées à une vitesse inadaptée aux conditions de circulation et à la géométrie de la chaussée.

Pourquoi un feu aussi rapide ?

Les 120 pages du rapport relèvent plusieurs facteurs qui ont joué un rôle dans le lourd bilan de cet accident : sur les 49 occupants de l’autocar, seuls 8 ont pu évacuer le véhicule. Les deux passagers du camion ont péri. 

➢ la présence d’un réservoir additionnel de gazole installé au dos de la cabine du camion non conforme à la réglementation
➢ la nature des matériaux utilisés pour l’aménagement intérieur de l’autocar, leur tenue au feu et la toxicité des gaz dégagés par leur combustion
➢ la difficulté pour les passagers d’actionner les dispositifs de désenfumage équipant l’autocar
➢ la difficulté pour les passagers d’utiliser les deux accès et les sorties de secours de l’autocar
➢ l’absence d’éclairage à l’intérieur de l’autocar après la collision. Il est 7 h 30 du matin, entre chien et loup.

Rapport public du Bureau Enquêtes des accidents de Transport Terrestre ( Ministère de la Transition écologique et solidaire ) Août 2017

Cette analyse conduit le BEA-TT à  des recommandations préventives : 
➢ la signalisation du virage : les enquêteurs du BEA-TT considèrent qu’il ne peut être franchi sans risque par un véhicule léger au-delà d’une vitesse de 50 km/h. Le département de la Gironde a depuis pris une mesure à hauteur du virage de l'accident. Il précise :

Le lieu de recueillement et la présence régulière de piétons sur le site a conduit à la mise en place d'une limitation à 50 km/heure sur la portion de route située entre l'entrée du village et la fin du virage de la route départementale n° 17.

➢ le contrôle de l’installation de réservoirs additionnels sur les véhicules
➢ le comportement au feu des autocars : proposer de renforcer les exigences concernant la tenue au feu des matériaux utilisés dans la construction des véhicules et introduire de nouvelles exigences en matière de toxicité des gaz dégagés par la combustion de ces matériaux.
➢ le désenfumage et l’évacuation des autocars : proposition de renforcer les exigences concernant les mécanismes d’ouverture des dispositifs de désenfumage afin d’en faciliter l’ouverture.
➢ l’ajout d’une porte de secours positionnée sur la partie arrière du véhicule.
➢ le renforcement de la réglementation relative aux « systèmes d’éclairage de secours ». pour qu'il reste visibles même avec des fumées opaques.

Schéma indiquant les causes et facteurs de l'accident : 


Schéma indiquant les causes et facteurs de l'incendie : 
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