Accident de Puisseguin : entre espoir et résignation, les familles des victimes voient l'instruction s'éterniser

Neuf mois après la décision de la Cour d'appel de Bordeaux qui a relancé l'instruction sur l'accident de Puisseguin, qui avait fait 43 morts dans un choc entre un autocar et un poids lourd, les victimes attendent toujours des réponses. Les quatre mises en examen n'ont pour l'instant pas donné "de souffle nouveau" à l'enquête, selon l'un des avocats.

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Il y a toujours de l'espoir, mais la résignation commence peu à peu à faire son chemin. Les familles des victimes et les rescapés de l'accident de Puisseguin, qui avait fait 43 morts dans un choc entre un autocar et un poids lourd le 23 octobre 2015, apprenaient en mars dernier la réouverture de l'instruction, assortie de quatre mises en examen. Mais plus de neuf mois après, les nouvelles investigations n'ont encore rien donné.

Les quatre mises en examen, connues des avocats et des parties civiles depuis mars, concernent les deux sociétés propriétaires des véhicules impliqués dans l'accident, ainsi que deux représentants de ces sociétés. Mardi 12 décembre, une réunion d'information sur l'évolution de l'enquête s'est tenue entre les parties civiles et leurs avocats.

Pas encore de souffle nouveau

"Ce qu'on leur a dit hier, c'est que ces mises en examen sont une première victoire, parce qu'on estime qu'il y a potentiellement quatre accusés. C'est une victoire, même si cela prend du temps", explique Me Antoine Chambolle, avocat du collectif des victimes.

Les parties civiles sont satisfaites de ces mises en examen, mais mécontentes que ça n'aie pas donné de souffle nouveau à l'instruction.

Me Antoine Chambolle

un des avocats des parties civiles

Une procédure qui dure, huit ans après le drame, et qui est amenée à durer encore. Dans son arrêt de mars, la Cour d'appel de Bordeaux a relancé l'instruction en demandant un supplément d'information aux magistrats, c'est-à-dire une liste de points à éclaircir concernant les circonstances du drame. "Il faut le temps que les magistrats répondent aux 18 points demandés, ce qui à mon avis peut encore durer un an", atteste l'avocat.

Il faudra ensuite que la Cour se prononce, au vu des éléments récoltés par les magistrats, sur un éventuel renvoi devant le tribunal ou un non-lieu. "Dans ce cas, nous pouvons exercer un dernier recours, celui de se pourvoir en cassation, explique Me Antoine Chambolle. Si l'affaire part en cassation, cela peut prendre encore des années. Je dirais que le dossier en a encore pour trois à cinq ans."

"Les victimes savent que le principal responsable est décédé"

Difficile à entendre pour les rescapés et les familles des victimes, qui attendent des réponses sur les circonstances de l'accident. Percuté par le poids lourd, le car transportant un groupe de retraités vers le Béarn s'était embrasé en quelques secondes, posant la question d'éventuelles normes de sécurité non respectées par le constructeur de l'autocar, Mercedes.

"Que cela prenne autant de temps, ça perturbe les parties civiles. Elles sont un peu résignées, mais elles nous font confiance, elles savent que cela peut quand même déboucher sur un procès, relate l'avocat. Les victimes savent que le principal responsable de l'accident, le conducteur, est décédé sur le coup et que l'accident résulte avant tout d'un concours de circonstances. Mais la façon dont ça s'est embrasé, ce n'est pas normal."

Les familles et les rescapés espèrent qu'il y ait un procès, des poursuites, pour avoir des réponses mais surtout, pour que les réglementations changent.

Me Antoine Chambolle

un des avocats des parties civiles

L'embrasement soudain du car pose question

Les magistrats doivent notamment "procéder à toute investigation utile auprès de la société EvoBus France et la société EvoBus GMBH [une entreprise allemande qui construit des cars sous la marque Mercedes, et à qui appartenait le car impliqué dans l'accident, NDLR] afin de déterminer avec certitude la date de la conception et le site d’assemblage du prototype de l’autocar Mercedes", comme cité dans le supplément d'information demandé par la Cour d'appel de Bordeaux.

"Cela signifie qu'ils souhaitent connaître avec exactitude ce qui concerne la fabrication de l'autocar, car il y a peut-être eu certains manquements. Mais c'est un travail considérable, qui concerne des pays différents, des législations différentes... Je ne sais pas si les magistrats ont les moyens, si on leur donne les moyens de chercher tout ça", s'interroge Me Antoine Chambolle, alors que l'attente se prolonge chaque jour un peu plus pour les rescapés et les familles des victimes.

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