Drame de Puisseguin : Sept ans après, le souvenir reste intact

Une commémoration avait lieu ce dimanche à Puisseguin, sept ans après le terrible accident de car qui avait coûté la vie à 43 personnes. Rescapés, Raymond et Monique tentent aujourd'hui de se reconstruire ensemble, en attendant des réponses de la justice.

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“Cela nous renouvelle la mémoire, mais on ne peut pas oublier tout ce qu’on a vécu.” Face à un parterre de fleurs, sur un air mélancolique de violon, Raymond Silvestrini et des dizaines de personnes se sont donné rendez-vous à Puisseguin, comme chaque année depuis 2016.

En répondant à ce rassemblement, ils tiennent à honorer la mémoire des 43 personnes qui ont péri dans ce tragique accident, le 23 octobre 2015. Se souvenir, une nécessité pour les proches des victimes autant qu’un fardeau pour les rescapés qui ont vécu cette scène d’horreur. Raymond, 75 ans, fait partie de ceux-là. Dans l’accident, il a perdu sa compagne, deux belles-soeurs et un oncle. Sa compagne Monique Courrège, de deux ans son aînée, a vu disparaître son père, deux soeurs et une tante. Réunis dans cette épreuve, les deux rescapés qui ne se connaissaient pas entretiennent aujourd’hui une relation amoureuse.

L'amour comme thérapie

Depuis, les deux retraités se reconstruisent, dans la douleur. “Ça ne passera jamais, ça ne peut pas passer, regrette Monique. Ça revient sans arrêt. Presque tous les jours, on pense à ceux qui sont partis.” Le temps passe, mais les souvenirs restent encore bien vivaces. “J’avais ma soeur à côté, on papotait ensemble, je n’avais même pas vu le camion. Puis le choc a eu lieu. J’ai heurté le siège avant, j’ai fait tomber mes lunettes, je les ai ramassées et le car était déjà à moitié enflammé. Je n'oublierai jamais cette flamme. Et j’ai dit à ma sœur : c'est notre dernière parole.” Monique en sortira gravement brûlée.

“On pense en premier à nos familles, mais on pense aux autres aussi, ajoute Raymond, touché ce jour-là aux cervicales en s'extirpant du véhicule. On pense au chauffeur qui a toute sa vie brisée psychologiquement, il ne peut plus rien faire. On pense aussi à la guide de 26 ans, qui a laissé sa vie en essayant d’en sauver d’autres.”

Un non-lieu, et après ?

L’accident, d’une ampleur inédite en France depuis 1982, avait ému tout le pays et fut le point de départ d’un feuilleton judiciaire. Début 2021, l’enquête sur les circonstances exactes du drame avait été relancée, avant qu’un juge d’instruction ne prononce un non-lieu en octobre. Le parquet de Libourne et les parties civiles avaient alors fait appel.

Un non-lieu, c’est insupportable.

Monique Courrège, rescapée de l’accident

Les rescapés, témoins de l’accident, cherchent surtout à comprendre comment le car a pu prendre feu aussi vite après avoir été percuté frontalement par un poids lourd. “Les enquêtes n’ont pas été toutes faites jusqu’au bout, estime Raymond Silvestrini. Certaines choses révélées par les expertises ne peuvent pas être contredites, mais l’incendie et les gaz toxiques, trop rapides, sont inexplicables. Tout s’est passé en moins d’une minute, c’est là qu’il faut se poser des questions.”

Il aimerait notamment voir Mercedes, le constructeur du car, rendre des comptes : “Il faut aller jusqu’au bout. Ce sera peut-être David contre Goliath, et dans ma tête, c’est ce qu’il va se passer. On risque de ne pas aller au bout de ce qu’on attend.” Ne pas lâcher l'affaire, c’est aussi ce que souhaite Monique Courrège. “On espère que ça aille en procès, affirme-t-elle avec aplomb. Un non-lieu, c’est insupportable.”

Les parties civiles ont rendez-vous avec leurs trois avocats ce mercredi 26 octobre à la salle des fêtes de Petit-Palais-et-Cornemps afin de préparer la prochaine étape de leur combat judiciaire, peut-être l’ultime espoir pour les familles des victimes d’obtenir des réponses. Leur appel sera examiné les 17 et 18 novembre prochains.

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