Le 23 octobre 2015, 43 personnes décédaient dans un accident entre un bus et un camion dans le nord-Gironde. Trois ans après, deux cérémonies en hommage aux victimes ont été organisées à Puisseguin, lieu du drame, et Petit-Palais-et-Cornemps, commune qui a perdu 15 habitants dans l'accident.
Deux villages, unis dans la douleur. Trois ans après l'accident, Puisseguin et Petit-Palais-et-Cornemps, que seulement 7 kilomètres séparent, pleurent leur morts.
Deux cérémonies et une messe étaient organisées en compagnie des familles des victimes, des proches, des rescapés et des habitants du village.
"J'ai perdu trois sœurs dans ce drame. Je le vis très mal, surtout qu'on passe régulièrement devant les lieux d l'accident. Et c'est difficile", confie Rino Raichini, la voix nouée par l'émotion.
Le 23 octobre 2015, à Puisseguin, 43 personnes décédaient dans l'accident entre un car, transportant les membres d'un club du troisième âge, et un camion. Dans le choc, le camion a pris feu, et les deux véhicules se sont embrasés. Il s'agit du plus tragique accident de bus survenu depuis plus de trente ans.
Y aura-t-il un jour un procès ?
Pour l’heure, l’instruction est toujours en cours, et ce, depuis trois ans. Le chauffeur du camion est décédé lors de l’accident. Les expertises livrées jusqu’à présent ont mis en évidence la présence sur son camion d’un « réservoir additionnel » qui pose problème, autrement dit, un réservoir de carburant supplémentaire installé mais non conforme. Il aurait été perforé au moment du choc.
Il aurait causé l’embrasement violent et le bilan très lourd du drame : 43 victimes. L’issue judiciaire peut conduire à un non-lieu ou à la tenue d’un procès en correctionnel avec des responsabilités indirectes si elles devaient être établies. Un procès aurait le mérite d’apporter peut-être des réponses attendues par les familles de victimes.
Invité du journal de midi ce mardi 23 octobre 2018, sur France 3 Aquitaine, Antoine Chambolle l'un des avocat du collectif des familles de victimes de Puisseguin reste prudent sur l'éventualité d'un procès :
Que le délai en soit à 3 ans, ce n'est pas extraordinaire par rapport à d'autres accidents collectifs. Mais on a vu dans les premiers rapports qu'en dehors de la responsabilité du conducteur du poids lourds, il y a des éléments sur le réservoir additionnel qui n'aurait pas dû être là et qui n'a pas été bien contrôlé. Il y a des éléments donc il peut y avoir des responsabilités, mais on en est pas certain. Et si même il y avait des responsabilités, on pourrait se diriger vers des contre-expertises. Donc on ne peut pas donner une date pour la tenue d'un éventuel procès. On ne sait même pas si on pourra poursuivre ou non les responsables.
La longue attente des expertises
De nouvelles analyses d’experts ont été demandées par le magistrat instructeur de Libourne en 2017. Les avocats et les familles attendent les conclusions du rapport annoncées tout d'abord pour la fin 2017, puis mars 2018, puis juin. Elles devraient finalement être connues d’ici quelques jours, et compléter les expertises existantes.
Antoine Chambolle, explique :
Le résultat des expertises devrait être déterminant pour savoir si des personnalités morales ou physiques doivent être poursuivies. Le réservoir additionnel qui pose problème a été installé chez un garagiste, le contrôle technique n’a pas relevé d’anomalies... Le seul chauffeur décédé est-il donc responsable ?L'incompréhension des familles est liée aux 4 prorogations successives de délais pour la remise des rapports d'expertise définitifs.
Nous-mêmes, avocats des familles, nous n'avons pas d'élément nouveau depuis la remise du rapport du BEA-TT (Bureau Enquête Accident en août 2017 - NDLR) .
Les délais des expertises ne sont pas anormaux car il y a une multitude d'intervenants mais les familles commencent à douter et à se demander si on a donné tous les moyens nécessaires au tribunal de Libourne
Les familles veulent comme au premier jour comprendre pourquoi le feu a pris si vite et s’est propagé à cette vitesse fulgurante. Avec la crainte de ne jamais savoir.