Ce dimanche 4 juillet, ils se sont rassemblés dès 16h, pour rendre hommage à Sandra, devant sa maison. Ils étaient près de 300 : des voisins, des particuliers comme des élus et responsables d'associations.
Le rendez-vous était donné devant la grille de la petite maison rue Camena-d'Almeida, dans le quartier Saint Augustin à Bordeaux. C'est ici que Sandra avait emménagé, en janvier dernier, fuyant la relation devenue impossible avec son conjoint et avec sa petite fille de 4 ans dont elle avait la garde.
Peu à peu, la grille verte et décolorée par le soleil a été recouverte de fleurs et de mots. Des gestes de tristesse, de rancoeur aussi face à l'aspect inéxorable de la situation . "Pas une de plus", quatre mots en lettres blanches ont été inscrits sur une toile noire, en signe de colère. Mais y croit-on vraiment ? A-t-on vraiment les moyens de mettre fin à ces meurtres, de mettre ces femmes à l'abri ? Ou plutôt, d'arrêter à temps leur agresseur.
Un moment de recueillement et d'union voulu par les voisins, sans doute aussi pour apaiser cette colère ressentie alors qu'ils avaient dénoncé les agissements suspects et potentiellement dangereux de l'agresseur.
"Ça suffit!"
Laure semble ne plus savoir exprimer cette colère : "C'est plus que de la colère, c'est de la Rage! De voir depuis tant d'années, toutes les semaines, il y en a une! Alors ? On va attendre jusqu'à quand ?" Sa voix est troublée par l'émotion mais elle ajoute "et quand on voit comment elles sont reçues dans les commissariats... C'est une honte! La police, il faut qu'on lui donne des ordres précis : l'accueil de ces femmes dans la di-gni-té!" "Ça suffit. Je me bats depuis Mai 68 et j'arrive à 88 ans pour voir que ça dure encore! Ça suffit!"
Comme Magali, une voisine, qui dit ressentir de la colère mais aussi beaucoup de tristesse "pour la petite fille, pour sa famille", "encore une victime. Jusqu'à quand ça va durer?" Les mêmes interrogations, la même impuissance. "C'est peut-être difficile de jeter la pierre à une institution, mais bien-sûr qu'il faut prendre des dispositions. On sait qu'il y a des hommes dangereux comme ça... On ne peut pas les laisser dans la nature, en liberté..."
Des associations, des élus locaux et des particuliers étaient là aussi. L'émotion de ce drame rappelle d'autres histoires tragiques trop souvent rapportées ces derniers temps. Car il s'agit du 58è féminicide en France cette année, même si, ce dimanche après-midi, ils veulent se souvenir de Sandra, cette maman qui voulait sortir de cette relation toxique et n'a pas pu être protégée.
Parmi la foule rassemblée, les parents de Sandra Pla. Ils ont appris la mort de leur fille au téléphone alors qu'ils étaient en voiture en Espagne, à près de 800 kilomètres de là. Ils sont dévastés et semblent vouloir tout faire pour pouvoir s'occuper de leur petite fille de 4 ans, pour l'instant placée en famille d'accueil.
Mis en examen
Un peu avant ce rassemblement ce dimanche 4 juillet, Mickaël F., l'ex-compagnon de Sandra, dont la garde à vue a été prolongée samedi, a été déféré à la mi-journée en vue de sa mise en examen du chef "d'homicide volontaire par conjoint".