Réforme des retraites : "l'ambiance est au durcissement" pour des syndicats bordelais

Alors que deux motions de censure doivent être soumises au vote des députés ce lundi 20 mars à l'Assemblée, la contestation se poursuit dans la rue, notamment à Bordeaux. Les syndicalistes estiment que cet épisode parlementaire ne suffira pas à éteindre la colère des opposants.

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Ce lundi 20 mars, Willy Dhellemmes répond au téléphone entre deux manifestations. Il vient de quitter le rassemblement devant la préfecture de Gironde pour rejoindre le piquet de grève des enseignants devant le Lycée Montesquieu. A l'intérieur de l'établissement, les candidats sont en train de plancher sur leur épreuve de spécialité du Bac.

Le postier, représentant syndical à Sud-PTT, veut garder sa combativité intacte en rappelant les objectifs. "L'ambiance est au durcissement. Ce qui se passe à l'Assemblée nationale ? On n'a pas vraiment d'espoir sur l'efficacité d'une motion de censure", reconnaît-il.

On ne demande pas simplement le retrait du projet, on pense qu'il y a un problème plus global à changer : augmentation des salaires, retraite à 60 ans et la question des droits des femmes.

Willy Dhellemmes, représentant syndical à Sud-PTT

à rédaction web France 3 Aquitaine

C'est pour ça que les manifestations d'aujourd'hui sont loin d'être les dernières, selon lui : "on a notre propre calendrier syndical !", souligne-t-il.
La manifestation nationale de jeudi, il est pour. Mais il sait qu'il faut désormais multiplier les actions. "On va pas faire une manif toutes les deux semaines en espérant être entendus. On a bien compris qu'ils n'entendaient pas". D'après lui, il faut donc "faire des blocages de l'économie, des zones de fret, de zone industrielles".

Ce lundi dans la manifestation, ils sont nombreux à partager son avis. "On ne lâchera pas parce que notre combat est légitime. La grande partie de la population est contre. C'est M. Macron qui s'entête. Il devrait écouter un peu la population et les syndicats".
"Nous, on appelle à durcir le ton par la grève, à faire en sorte que les salariés soient réunis, discutent et décident démocratiquement", explique Stéphane Obé, secrétaire départemental de la CGT (33).

Risque de dérapages ?

Pour Willy Dhellemmes, l'idée est également de mobiliser plus de travailleurs, disponibles en fin de journée, malgré les risques de dérapage. "A un moment donné, il faut les mettre devant leurs responsabilités (...) Si ça dégénère, ils (le gouvernement, ndlr) n'ont qu'à faire en sorte que les gens ne soient plus en colère".
D'où cet appel à manifester, mercredi soir à 17 heures, place de la Victoire à Bordeaux, en plus de la mobilisation nationale prévue jeudi 23 mars. Le syndicaliste estime que beaucoup sont empêchés de manifester dans la journée ou en perdant une journée de salaire, alors qu'ils "ne sont pas d'accord avec ce qui se passe".

Et le syndicaliste d'expliquer que, lors des derniers blocages, notamment sur la zone de fret à Bruges dans la métropole bordelaise  le 16 mars, des camionneurs, bien que  bloqués, leur disaient : "vous avez raison".

Bac ou pas bac ?

Ce lundi 20 mars marque aussi le coup d'envoi des épreuves de spécialités du baccalauréat. Leurs notes compteront pour un tiers de la note finale. C'est pourtant aujourd'hui que plusieurs syndicats enseignants ont choisi de déposer un préavis de grève, dont le syndicat SNES FSU, premier syndicat des enseignants des collèges et lycées.
Harold Bernat, professeur de philosophie et membre du SNES FSU, est lui-même en grève reconductible, ce jour et aussi demain. Il explique que les enseignants contestent la réforme des retraites mais également la réforme du bac et son calendrier. Cette dernière participerait selon lui à une transformation, voire une "démolition de l'enseignement", "avec une évaluation permanente", occasionnant notamment un grand stress chez les élèves.

Ce lundi 20 mars, ils ont fait le choix de la grève de la surveillance mais sans blocage, sans empêcher les épreuves de se dérouler. "L'action a été décidée démocratiquement (...) Contrairement au ministère, nous pensons à l'intérêt de l'élève et l'intérêt de l'élève cet après-midi est de passer le bac. Par contre, en temps que travailleurs, (...) nous sommes en grève et c'est au ministère de trouver des solutions".

Tenir, mais combien de temps ?

Grèves nationales, reconductibles, opérations escargot, blocages... Difficile de dire combien de temps cela va durer. "Aussi longtemps que nécessaire !" assure Willy Dhellemmes. "Si ça pouvait s'arrêter demain parce qu'ils retirent le projet, je serais tenté de dire tant mieux, parce qu'on a tous autre chose à faire que d'être sur des blocages nuit et jour".

Mais s'ils lâchent pas, est-ce qu'on est censés rentrer au bercail en se disant que l'expression démocratique a eu lieu ?

Willy Dhellemmes, représentant syndical à Sud-PTT

à rédaction web France 3 Aquitaine

Cette mobilisation sur la durée n'est pas sans conséquence sur les finances. Certains s'organisent : "il y a des caisses de grève qui se mettent en place pour se soutenir, parce que c'est dur avec des salaires comme les nôtres". Le représentant syndical en sait quelque chose. Avec quinze ans d'ancienneté, le postier touche 1 400 euros mensuels. "Donc chaque journée de grève nous coûte cher", résume-t-il

Les manifestations vont continuer, selon lui. Ne serait-ce que parce que, entre les grèves contre le CPE*, en 2006 et les gilets jaunes en 2019, "la rue n'oublie pas".

*Contrat de première embauche (CPE). L'adoption de ce projet de loi le 9 février 2006 avait mobilisé lycéens et étudiants dans les rues soutenus par les syndicats et partis politiques de gauche, avant d'être finalement retiré.

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