Alors que la rentrée scolaire est prévue ce lundi 2 septembre dans les collèges et lycées de l'hexagone, les syndicats de l'enseignement alertent sur les nouvelles mesures et réformes qui vont être appliquées, le tout dans un contexte politique instable et inquiétant.
C'est un climat rempli d'inquiétudes et d'agacements. Alors que la rentrée scolaire a lieu dans quelques jours, le lundi 2 septembre, la traditionnelle conférence de presse de l’UNSA, principale fédération des syndicats enseignants, a eu lieu en Gironde le jeudi 29 août. Un temps d'échange entre professionnels, marqué cette année par des débats autour d'une ministre de l'Éducation démissionnaire et d'une réforme du collège incertaine.
"On ne sait pas à quelle sauce on va être mangé, affirme Corinne Devaux, présidente de la FCPE, l'Association de parents d'élèves adhérents. Ne pas avoir de ministre de l'Éducation pour lui exprimer nos souhaits, nos doléances, et travailler ensemble est un gros problème, confie-t-elle. L'inquiétude est énorme." Elle touche, selon la présidente, toute la communauté éducative : chefs d'établissement, enseignants, inspecteurs, infirmiers et parents d'élèves. Sans oublier les enfants.
Une réforme contestée
Selon Corinne Devaux, cette inquiétude est surtout liée, chez les parents et leurs enfants, à la réforme du collège annoncée dans les mois passés. Deux mesures font l'objet de désaccords. La première, mise en place dès le lundi 2 septembre, concerne les groupes de niveaux en français et mathématiques pour les classes de 6ᵉ et 5ᵉ. La seconde, dont la portée n'est pas encore assurée, concerne la volonté du gouvernement de conditionner l'entrée au lycée à l'obtention du brevet des collèges.
Il y a une réelle inquiétude à propos de la santé psychologique des élèves.
Corine DevauxPrésidente de la FCPE Gironde
"Les classes de niveaux stigmatisent les élèves, alors qu'on sait déjà que dans les collèges, ils sont régulièrement confrontés à du harcèlement, avance Corinne Devaux. Ce n'est pas normal de les mettre en concurrence dès l'âge de 11 ans. Au lieu de réduire les écarts de niveaux, cette mesure va au contraire les agrandir, reconnaît-elle.
Au sein des établissements, cette dernière remarque une pression des notes ressentie chez les élèves. "Au lycée, on en voit énormément qui ne veulent plus aller en cours. Et ce n’est pas lié à leur niveau, c'est lié à la pression des notes qui n’est plus supportable."
Même si la mesure a été gelée par Nicole Belloubet, ministre démissionnaire de l'Éducation nationale, l'obtention obligatoire du brevet pour entrer au lycée est une mesure qui agace Corinne Devaux. La professionnelle précise que si elle vient à être appliquée, elle démotivera les élèves. "Les enfants qui échouent à l'examen devront passer une classe spécialisée d'un des collèges" désignés par le rectorat. "Quel est le but ?, se questionne la présidente. Les enfants sont-ils gardés un an pour intégrer le marché du travail, ou bien pour être préparés à une classe de seconde technologique ?"
Si ces réformes liées au collège sont contestées, les mesures propres aux lycéens ne sont pas non plus épargnées. "Le stage obligatoire en classe de seconde a été mis en place pour occuper les élèves au mois de juin, analyse Corinne Devaux. Le problème, c'est que c'est une période compliquée, où d'autres élèves, qui préparent un diplôme, recherchent aussi des stages", explique la présidente de l'association. Elle pointe du doigt des inégalités de traitement : "Les contacts et les notations de ces stages obligatoires ne sont pas les mêmes en fonction des établissements."
Une "perte de sens"
"Ces mesures, ce sont des choix politiques forts, comme celui de ne pas nommer un Premier ministre, explique de son côté Franck Hialé, secrétaire académique de l'UNSA. Le temps politique s'accélère, alors que le temps scolaire est plus lent. Pour nos métiers, ces mesures engendrent de la perte de sens", confie le secrétaire, rappelant que cette année, ces métiers ont aussi été touchés par une baisse générale du budget de l'enseignement.
Franck Hialé aurait préféré que cette rentrée 2024/2025 soit marquée par de "vrais sujets", comme la mixité sociale à l'école et l'organisation des temps extrascolaires. En dehors des mesures contestées, une dernière a été mise en place : l'interdiction des téléphones portables à l'école. Dans la métropole de Bordeaux, ce sont cinq établissements qui ont fait ce choix, appliqué dès la rentrée, ce lundi 2 septembre.