Cafés, bars et restaurants rouvrent dans 5 jours. Il va falloir réapprovionner les établissements, payer la marchandise, les salaires et les charges avec des capacités d'accueil réduites. Et une grande inquiétude : les clients seront-ils au rendez-vous ?
"Tout ça pour ça ! Pourquoi on nous a fait attendre jusqu'à la dernière minute alors qu'on aurait pu s'organiser plus tôt ?"
Laurent Tournier, à la tête du syndicat professionnel des restaurateurs et hôteliers de la Gironde (UMIH33), est un peu amer après le discours tant attendu d'Edouard Philippe.
"Je viens juste de recevoir les 24 pages du protocole sanitaire destiné à notre secteur et je suis en train de les envoyer aux adhérents. Beaucoup auront besoin de plus de 5 jours pour préparer leurs établissements" se désole t-il.
Le protocole sanitaire que devront respecter les professionnels de l'hôtellerie-restauration
Laurent Tournier découvre par exemple que les toilettes devront être équipées de lingettes afin que chaque client puisse désinfecter les lieux lui-même. Il va donc falloir s'en procurer très vite et en grande quantité. Pas évident à la veille d'un week-end.
Heureux de retrouver leurs clients mais très anxieux
"Après deux mois de chiffre d'affaire égal à zéro, c'est une nouvelle épreuve qui arrive et elle va être tout aussi difficile" nous confie le président girondin de l'UMIH33.
"On ne va pas retrouver 100% de notre clientèle avant longtemps, en revanche on aura les produits à acheter, les salaires à payer...on ne sait pas à quel moment notre chiffre d'affaire sera suffisant pour pas perdre trop d'argent".
Tout l'enjeu sera de trouver un bon équilibre. Un casse tête et une angoisse.
"Dans certains pays, les restaurants sont aux trois-quart vides. Ca va mettre du temps" craint-il.
Liberté de déplacement : les hôteliers soulagés
Si le retour à une situation normale n'est pas encore envisagée, car "le virus circule toujours" a prévenu le premier ministre, la limite des 100 km sera supprimée le 2 juin.
Les français pourront donc se déplacer loin de chez eux. "C'est une très bonne nouvelle pour les hôteliers, la plupart de ceux qui ont rouvert ces dernières semaines ont eu un taux d'occupation de moins de 5%. Ils ont perdu beaucoup d'argent" explique Laurent Tournier.
Il prend l'exemple d'un petit hôtel bordelais qui perd 1000 euros par jour depuis sa réouverture. "Ca fait 30 000 euros par mois pour une petite strcuture, imaginez un établissement plus important avec des charges conséquentes".
Besoin de soutien pendant plusieurs mois
Le secteur va avoir besoin de soutien pour les mois à venir. "Jusqu'à ce que l'on retrouve une activité normale" averti Laurent Tournier qui redoute un avenir très sombre pour tous ceux qui n'arriveront pas à passer le cap.
"On n'a pas l'accompagnement économique pour arriver à tenir ce temps là, le gouvernement a mal mesuré les conséquences" déplore t-il.
Les professionnels demandent notamment l'annulation des charges sociales le temps nécessaire, une baisse provisoire de la TVA à 5,5 et une revalorisation des fonds de commerces, élément essentiel pour rester crédibles vis à vis des banques entre autre.
"Il nous tarde que ce monde soit derrière nous" conclut celui qui doit accompagner les 3434 bars, hôtels et restaurants girondins.
Un secteur qui emploie 13 882 salariés dans le département, 100 000 dans l'ensemble de la Nouvelle-Aquitaine.
Des établissements que nous retrouverons à partir de mardi, en n'oubliant pas de respecter nous aussi les règles sanitaires. Gel hydroalcoolique à l'entrée, masque si l'on se déplace, pas plus de 10 personnes à une table....Des précautions essentielles pour éviter une deuxième vague.