Bordeaux : la Cité du Vin, victime de la crise du coronavirus, espère rouvrir le 19 juin

La Cité du Vin à Bordeaux est fermée depuis 2 mois et demi. La clientèle étrangère risque de faire cruellement défaut cet été. Les responsables de l'établissement ont rencontré la Préfète Fabienne Buccio pour échanger autour de sa réouverture le 19 juin.

Il faut savoir rester zen, et pourtant il y a de quoi s’en faire. Durant ces semaines de fermeture, la Cité du Vin, totalement dépendante du visitorat, n’a enregistré aucune entrée et par voie de conséquence, n'a plus de rentrée financière, ou presque. Son directeur général Philippe Massol accompagné de la Présidente de la Fondation Sylvie Cazes ont proposé la date du 19 juin à la Préfète pour la réouverture : « c’est une hypothèse de travail qui va dépendre des consignes gouvernementales, la décision n’est pas prise », précise Philippe Massol. On en saura plus à partir du milieu et fin de semaine.

Une capacité d'accueil divisée par deux


Cette réouverture s’annonce comme une bouffée d’oxygène même si elle va se faire dans les mêmes conditions que les commerces qui ont déjà ouvert au public depuis le 11 mai : « Cela sera très dégradé par rapport à nos capacités d’accueil, cela divise par deux le nombre de visiteurs au Parcours Permanent ou au Belvédère, on a travaillé sur une personne pour 4 m2 donc sur 480 personnes maximum au Parcours permanent, avec port du masque obligatoire, lavage de mains avec gel hydroalcoolique à plusieurs reprises… »

Même si elle n’aura rien à voir avec une saison normale, cette reprise est attendue de tous : « C’est vrai qu’on aura fermé 3 mois, c’est plus compliqué cette année, la moitié de nos visiteurs aujourd’hui sont étrangers et on sait qu’on ne les aura pas, peut-être des clients européens dans la deuxième partie de l’année si cela va mieux, mais c’est un point d’interrogation. On va prendre des mesures pour rééquilibrer au mieux, » commente Sylvie Cazes.

La Cité du Vin avait pourtant bien débuté dès son ouverture le 1er juin 2016, attirant près de 30% de visiteurs étrangers, l’essentiel venant de la région et de France. En 2017, elle enregistrait 447 000 visiteurs, au niveau du nombre annoncé et voulu pour équilibrer le budget de fonctionnement, en 2018 : 421 000 et en 2019 une belle fréquentation de 419 000 malgré les grèves et mouvements sociaux notamment des gilets jaunes.
 


Gratuit dès le 19 juin et durant les vacances d'été pour les moins de 18 ans


"Le 19 juin, on va pouvoir compter avec l’envie des gens, qui ont été confinés durant deux mois" commente Sylvie Cazes. "On sait qu’ils ont envie d’expérience, de venir découvrir la Cité du Vin. Quand vous vivez à côté d’endroits et que vous vous dites ils sont disponibles à tout moment, vous n’y allez pas forcément, là je pense que les gens qui ne la connaissent pas vont venir en profiter. Notre région est extrêmement attractive, vous pouvez visiter les vignobles et Bordeaux et la Cité du Vin; par rapport à la pandémie, c’est la région qui a été la plus protégée et le climat y est agréable… » 

Durant la première année, ce sont de nombreux Français qui ont visité la Cité du Vin et notamment de nombreux Girondins, car l’effet nouveauté jouait à plein. Puis les étrangers sont devenus de plus en plus nombreux dans le pourcentage passant de 28 à 55% en 2020, d’après les pronostics qui étaient jusqu’ici envisagés. Pour relancer la machine et inciter à venir en famille, la Cité du Vin a décidé de proposer la gratuité d’accès à tous les jeunes de moins de 18 ans jusqu’à la fin des vacances d’été.

Alors qu’un mois de juillet comme en 2019, ce sont 40 000 visiteurs qui ont été charmés par l’édifice signé par les architectes d’X-Tu Anouk Legendre et Nicola Desmazières, cette année en juillet Philippe Massol ne table que sur 10 000 personnes (60% d’un mois de janvier) pour venir découvrir le Parcours Permanent, et l’ensemble des expériences proposées. L’an passé, la clientèle étrangère correspondait à 65% du nombre des visiteurs.
 


Un budget déficitaire et un personnel en chômage partiel


Le budget annuel de fonctionnement de la Cité du Vin est entre « 10 et 11 millions d’euros, on avait un peu moins de charges ces dernières années et donc on était au-delà de l’équilibre. Cette année, c’est sûr on ne réalisera pas la prouesse des années précédentes, notre perte sera importante et de plusieurs millions d’euros. On discute avec les fondateurs de la Cité du Vin et la Ville de Bordeaux pour voir comment ils peuvent nous aider, on réfléchit aussi au prêt garanti par l’Etat. Le plus important est que le chômage partiel soit le plus garanti dans l’année", explique le directeur Philippe Massol.

"Aujourd’hui on sait qu’on va rouvrir avec peu d’effectifs, c’est très désagréable. Ce sera un jour par-ci un jour par-là de travail. A ce jour on sait que le chômage partiel a été prolongé jusqu’au 30 septembre pour les lieux culturels. Mais la réalité nous sera donné par la réalité de la fréquentation. »

La Fondation de la Cité du Vin emploie une centaine de salariés et une centaine d’autres sont des emplois indirects liés à la sécurité ou aux boutiques. Concernant l’éventualité de licenciements ? « On a eu une réunion il y a 15 jours du conseil de surveillance, je ne peux pas garantir qu’il n’y aura pas de licenciements ou qu’il y en aura, je n’en sais rien. C’est quelque chose qui nous échappe et dont on n’est pas responsable".

Exposotions reportées et projets en suspens


« On a reporté toutes les expositions, celle du printemps « Boire avec les Dieux » se déroulera du 9 avril au 29 août 2021, de même pour l’exposition photos sur l’Afrique du Sud, et celles de 2021 sur 2022… », commente encore le directeur général.

« De même, on a laissé en stand-by les modules du Parcours Permanent que l’on devait refaire, c’est reporté en 2021 pour l’année de nos 5 ans et cela va nous aider en terme de communication. Ainsi le module « le vin divin » va devenir un module où on explique les arômes, juste à côté des 5 sens, et à côté des métamorphoses du vin, on va pouvoir compter sur un dispositif "comment on fait du vin". On aura aussi un nouveau compagnon de visite, qui fera appel à la réalité augmentée, à la géolocalisation et qui pourra intégrer des applications extérieures. On va aussi apporter du contenu lourd en renfort sur notre site revu l’année prochaine. Nous aurons aussi des expositions itinérantes jusqu’en 2023″.

« Cette année on travaille sur une année incroyable, on fait le dos rond pour limiter le plus possible les dépenses, on devrait avoir 150 000 visiteurs et en 2021 on vise à nouveau l’équilibre avec 350 000 visiteurs », conclue Philippe Massol.
 
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