Deux mois après son installation, le maire écologiste de Bordeaux Pierre Hurmic avance ses premières réalisations : droit d'inventaire sur les grands projets immobiliers lancés, développement des pistes cyclables rapidement, recrutement de policiers municipaux entre autres.
Il y a ce que le maire avait prévu de faire et les dossiers qui l'ont rattrapé depuis son élection il y a tout juste deux mois : l'épidémie de Covid qui monte en flèche sur Bordeaux depuis quelques jours et les agressions qui s'enchaînent à Bordeaux et qui met le dossier insécurité en haut de la pile.
Pour la Covid-19, il s'en remet aux autorités sanitaires et préfectorales. Pour la sécurité, il prend sa part du job et surtout rappelle l'Etat à ses prérogatives.
Pressé par son opposition municipale, Nicolas Florian l'ancien maire et Thomas Cazenave, candidat LREM, d'agir sur ce terrain, le nouveau maire rappelle volontiers que l'opposition était aux affaires il y a encore deux mois. L'insécurité est installée depuis plus longtemps.
Pierre Hurmic à propos de la demande d’un conseil municipal dédié à l’insécurité faite sur Twitter par le conseiller municipal T. Cazenave LREM « je n’ai reçu aucune demande. Je ne réponds pas aux demandes formulées sur Twitter »#bordeaux
— France3 Aquitaine (@F3Aquitaine) September 10, 2020
Pour enrayer la montée des agressions dans le quartier Saint-Michel - la gare Saint-Jean, il confirme la mise en place d'ici fin septembre d'un contrat local de lutte contre la délinquance regroupant différents acteurs pour intervenir de façon ciblée.
Il annonce ainsi renforcer la police municipale, et positionner les agents " le plus possible sur le terrain ". Il va d'ailleurs y avoir des recrutements.
On va recruter, ce que nos prédécesseurs n'ont pas fait.
Cinq personnes d'ici la fin de l'année, puis dix en 2020. "L'objectif étant de doubler les effectifs sur la mandature." précise l'adjoint à la sécurité Amine Smihi, qui s'est dit surpris de découvrir ce service sous doté quand il est arrivé.
Les policiers municipaux sont actuellement 140.
La tâche est grande sur le Quartier Saint-Michel, la gare Saint-Jean, mais pas que.
La police municipale ne fera pas tout le boulot. Elle remplira pleinement ses fonctions (... ) Nous ne sommes pas là pour palier les carences de l'Etat.
Car le maire de Bordeaux rappelle volontiers l'Etat à ses obligations de sécurité. Pierre Hurmic appuie donc une nouvelle fois la demande faite par la sénatrice UDI, également conseillère municipale, Nathalie Delattre. Bordeaux a besoin d'une compagnie de CRS, 70 hommes sur le terrain.
Et il faut aussi que ceux qui sont en place retrouvent le terrain. Il rapporte ses échanges avec certains policiers : " On en a ras le bol d'être dans les bureaux, nous on veut être sur le terrain. "
Pierre Hurmic plaide donc pour le retour de l'îlotage, disparu par décision du président Nicolas Sarkozy. " Une stupidité " juge-t-il.
Pour la ville de Bordeaux, il y aura "la création d'une brigade canine avec des maîtres-chiens opérationnels avant la fin de l'année. " Mais ce n'est pas tout : " Une brigade VTT avec des recrutements dans les six prochains mois. " La brigade équestre, déjà existante, va être rapprochée du centre ville et sera renforcée d'ici un an.
"Droit d'inventaire"sur les projets immobiliers lancés
Fini les projets d'aménagement sans arbre, sans verdure. Pierre Hurmic se donne les " droit d'inventaire sur les grands projets urbains "Chaque projet urbain devra s'accompagner "d'un projet de végétalisation. " prévient Pierre Hurmic. Les grands aménagements lancés depuis plusieurs années vont devoir revoir leur copie. La ZAC Bastide Niel et Brazza sur la rive droite en première ligne.
Bastide Niel n'est pas achevé fort heureusement. Nous avons déjà alerté l'aménageur. Il faut réorienter l'aménagement du projet tel qu'il existe en tenant compte des préoccupations nouvelles de la plupart des Bordelais.
Un banc, des arbres à chaque nouveau carrefour, des arbres fruitiers plantés dans les parcs et jardins, la nouvelle ville se dessine, la Place Pey Berland sera végétalisée durant l'hiver, mais aussi la place Saint-Projet, Place Tourny.
La pénurie de logements
La nouvelle équipe change le braquet de la politique du logement. " Il faut des outils de régulation, on ne peut pas laisser en l'état." Pierre Hurmic ne veut pas marcher sur les pas d'Alain Juppé qui laissait la loi du marché opérer. D'où l'accompagnement des candidats à la propriété à des tarifs accessibles, y compris en centre ville en mettant en place un bail solidaire.Une formule qui permet l'achat alors que le foncier reste propriété de la ville, une formule pour revenus plus modestes. Place aussi au logement social renforcé, dans le diffus, c'est-à-dire au milieu des autres habitats et non pas dans des secteurs isolés.
Enfin, Bordeaux présente son projet de permis de louer à l'image de ce qui se passe à Lille ou Libourne. Une formule pour lutter contre le logement indigne. Ne peuvent être loués que des logements qui obtiennent ce permis. Deux secteurs envisagés : cours de la Marne et cours de l'Yser. Mise en oeuvre prévue d'ici six mois au plus tard.
Nouvelle formule aussi : le permis de diviser. Il faudra solliciter une autorisation pour diviser un logement avant de se lancer dans les travaux. Trois secteurs visés : "Caudéran, Saint-Augustin, Bastide... le temps de former des agents."
Regrettant qu'il n'y ait jamais eu de " véritable politique foncière à Bordeaux", le maire compte s'y atteler. Il lance un inventaire "jamais fait de tous les logements vacants et de notre patrimoine immobilier "
Enfin, l'encadrement des loyers est un projet avancé qui sera soumis avant la fin de l'année pour autorisation ministérielle.