Une gêne dans la gorge, éventuellement un ganglion… Les symptômes des cancers ORL reliés au papillomavirus sont assez "légers", ce qui retarde trop souvent la prise en charge de la maladie. Pourtant, ce cancer se traite d'autant mieux qu'il est dépisté précocement.
A l'époque, son médecin ne s'inquiète pas et préfère laisser les choses suivre leur cours. Mais le tableau clinique s'aggrave. "J'étais de plus en plus mal, j'avais des difficultés à déglutir, des drôles de sensations au fond de la gorge…"
"S'il avait été détecté plus tôt, le traitement aurait été moins dur"
C'est la belle-sœur de Marie Rangdet, elle-même médecin, qui lui conseille de se rendre à l'hôpital, en l'occurrence au CHU de Bordeaux, pour une consultation ORL. C'est alors que le verdict tombe : Marie Rangdet souffre d'un carcinome HPV très avancé, un cancer des voies aérodigestives relié à un papillomavirus.Les symptômes sont très faibles, on a du mal à les exprimer en tant que malade, et le corps médical, visiblement, est passé à côté. Je regrette, car je pense que s'il avait été détecté plus tôt, il aurait été moins avancé et le traitement aurait été moins dur.
Une petite gêne... mais qui traîne
"Les symptômes des cancers ORL ne sont pas dominés par une douleur importante, confirme le docteur Vincent Castebon, médecin ORL au CHU de Bordeaux. Il s'agit souvent d'une petite gêne dans la gorge… mais qui traîne. On peut aussi avoir une petite boule qui apparaît ".Pour toutes ces raisons, ces cancers ORL sont, comme dans le cas de Marie Rangdet, diagnostiqués trop tardivement.
"On arrive à bien les traiter"
Une fois le diagnostic posé, interviennent les traitements, à base de chirurgie, de chimiothérapie et de radiothérapie. "C'est frappant le retard de diagnostic qu'on va avoir sur des maladies qui devraient être de plus en plus connues, d'autant plus qu'on arrive à bien les traiter aujourd'hui, note le docteur Charmes Dupin, radiothérapeute.Du point de vue médical, c'est un petit peu énervant de voir les choses arriver assez tard."
Voir le reportage de France 3 Aquitaine
Consulter un spécialiste
"Il ne peut pas y avoir de dépistage organisé de ces cancers, ça ne peut être qu'un diagnostic précoce, précise Erwan de Mones del Pujol, Responsable de l'Unité de chirurgie cervicale, cancérologie et laryngologie au CHU de Bordeaux, invité du 12/13 de France 3 Aquitaine. J'engage donc les patients à aller consulter lorsque les symptômes persistent dans la gorge un peu trop longtemps.Il va falloir former les médecins généralistes et tous les professionnelles de santé à l'émergence de ce cancer dans la population et à envoyer les gens voir les spécialistes", ajoute le professeur.
Un virus très contagieux
Car il y a urgence : pendant des décennies, ces cancers ORL étaient reliés à une consommation excessive d'alcool et de tabac. Mais ils ciblent désormais un public beaucoup plus large et deviennent de plus en plus fréquents dans la population."Ces cancers sont liés à un virus, le papillomavirus, particulièrement contagieux. On sait que 80% de la population sera en contact avec ce virus, probablement via un rapport sexuel, précise Erwan de Mones del Pujol.
Avec la libération de ces rapports et la multiplication des partenaires depuis les années 60 – 70, on voit, vingt à trente ans plus tard, une augmentation de ces cancers ORL".
On voit de plus en plus de patients qui n'ont jamais fumé ni bu arriver à nos consultations. En cherchant bien, on trouve la cause de ces cancers, et c'est le papillomavirus.
Voir l'interview d'Erwan de Mones de Pujol, invité du 12/13 de France 3 Aquitaine