Grâce à La Chaîne de l'Espoir, une petite fille et deux petits garçons ont quitté le Bénin et le Togo pour être operés à coeur ouvert à Bordeaux. L'intervention et le voyage initialement prévus au printemps dernier avaient dû être reportés à la veille du confinement.
Ils viennent de pousser la porte de leur appartement, la main bien accrochée à celle de la petite Arielle.
Robert et Pascale sont l’une des trois familles d’accueil. Pendant au moins deux mois, le couple va accompagner la convalescence de la petite fille, arrivée une heure plus tôt, à l’aéroport de Bordeaux Mérignac.
Le papa et la maman de substitution affichent un grand sourire et ne cachent pas leur émotion.
Des fois on dit : On aide les gens. Non ! Ce sont les gens qui nous donnent la possibilité de nous rendre utiles. Grace à elle, (Arielle) je me sens utile ! Je suis super contente de le faire!
Les premiers moments se font à pas feutrés. La barrière de la langue empêche une communication fluide. L’enfant de 4 ans ne maîtrise pas le français, mais les sourires, les jeux et les peluches permettent de se découvrir.
Le périple a été long et éprouvant. Dans l’avion, il y avait aussi, Doudedji et Laurencia, deux petits garçons de 18 mois. Ensemble, ils ont quitté le Togo et le Bénin où ils habitent, leurs parents respectifs, pour être opérés à cœur ouvert à Bordeaux.
Ils souffrent tous de pathologies cardiaques et ne peuvent être soignés dans leur pays natal. Ils ont pu être rapatriés grâce à Sylvie Sedogbo. La responsable de l’association à Bordeaux était à Cotonou depuis plusieurs semaines. Elle a fait le voyage avec eux. Une fois arrivée, la bénévole ne peut retenir ses larmes.
L'opération de la dernière chance
"On les a depuis 12 heures dans les bras ! Je suis allée les chercher dans les familles. J'ai côtoyé les mamans. Je pense à elles, à ces mamans qui pleuraient au départ et je pleure pour elles car elles donnent leurs enfants sans savoir où ils vont aller, ce que l'on va leur faire. C’est merveilleux de savoir qu’ils vont repartir dans trois mois, pouvoir courir partout et avoir une vie normale "Ce sont les premiers enfants que la Chaîne de l’Espoir, créée en 1994, par le Professeur Alain Deloche, accueille depuis l’instauration des mesures sanitaires liées à la pandémie du Covid 19. Ils auraient dû venir en mars dernier pour se faire opérer. Mais à cause du confinement et du trafic aérien restreint, l’intervention a été reportée.
Ce retard a eu un impact sur leur santé. Depuis 8 mois, leur état s'est dégradé. A Bordeaux, depuis quelques heures à peine et déja attendus à l'hôpital Haut-Lévêque du CHU de la ville. Les garçons doivent être examinés en priorité. À cause de leur maladie, ils mangent très peu. À 18 mois, ils ne pèsent que 6 kg contre 10 à 12 kg pour un bébé en bonne santé à cet âge-là.
"En général, ils arrivent très, très fatigués" confie Laurence Lejeune, infirmière du service de cardiologie pédiatrique. "Ils ont attendu pas mal de mois pour se faire opérer, ils sont souvent dénutris un peu en bout de course. "
Aurore, s’inquiète pour Doudedji quelle tient contre elle. La jeune femme regarde les infirmières et se préoccupe des résultats des premiers contrôles.
"Je regarde sa saturation. C'est ce qui est typique chez ces enfants. Ils ont une saturation très basse. Doudedji est à 69% alors que normalement il devrait être au-dessus de 92%, mais il arrive à s’adapter ! C’est bien ! ".
C’est la deuxième fois qu’elle accueille un enfant à qui elle va donner toute son affection. Les familles sont un maillon essentiel de la Chaîne de l’Espoir. Depuis 25 ans, l'association a permis à plus de 200.000 enfants du monde entier d'avoir accès à des soins.
Si tout va bien, Arielle, Doudedji et Laurencia seront opérés d'ici une dizaine de jours. Ils reprendront des forces en Gironde avant de repartir chez eux, le cœur réparé et avec une famille plus grande.
Une victoire sur la maladie et la pauvreté.