Un architecte syrien arrivé en France en 2016, vit à Bordeaux, où il étudie pour obtenir une équivalence de diplôme. En postulant auprès d'une agence d'architecture bordelaise, il ne s'attendait pas à être qualifié de "lâche" pour avoir quitté son pays en guerre.
"Quand au fait que vous ayez quitté votre pays parce qu'il était en guerre, il eut mieux valu ne pas être lâche et rester pour le défendre".
Voilà une partie du message choquant qu'a reçu un architecte syrien vivant à Bordeaux, en réponse à une candidature adressée à une agence d'architecture de la ville.
Après plusieurs heures de réflexion, il décide de poster ce mail sur twitter, "pour voir ce que la société en pense", comme il l'a raconté ce samedi à notre équipe.
De très nombreux messages de soutien et d'effarement affluent, comme celui de l'ancienne ministre Cécile Duflot.
L'agence KDA dénonce un piratage informatique
De son côté, l'agence KDA, qui a répondu à France 3 Aquitaine par mail ce samedi 2 mars, indique avoir mené un audit, et avoir acquis la certitude que le message avait été émis par des pirates informatiques étrangers.
Nous avons la certitude, après l’audit mené hier après-midi au niveau machine, que ce message ne vient pas de chez nous.
L'agence d'architecture basée à Bordeaux précise que son site internet a subi de nombreuses attaques, après une usurpation d'adresse mail depuis deux semaines.
"Sachez que les membres de KDA ont tous des origines familiales étrangères, et que même songer à une telle réponse est absolument impossible. Croire qu'une agence d'architecture, quelle qu'elle soit, puisse répondre de la sorte à un postulant, est bien mal connaître celle-ci" réagit également KDA.
Une plainte déposée rapidement
À la réception de ce message, "j'ai été choqué", "je suis resté presque deux heures sans savoir quoi faire, dire" témoigne ce samedi l'architecte, précisant qu'il avait candidaté à la suite d'une offre publiée sur internet le 28 février.
Il estime que le piratage défendu par l'agence n'est pas crédible : "Ils ont dit que c'étaient des Chinois, ils parlent et écrivent très bien français, non ?" relève-t-il.
Le réfugié syrien a rencontré un avocat ce samedi, et prévoit d'aller porter plainte en début de semaine.
Né en France en 1990, car son père medecin travaillait dans l'Hexagone, il est ensuite retourné en Syrie avec sa famille. Il a quitté son pays en 2014, pour poursuivre ses études en Jordanie.
Depuis son retour en France en 2016, le jeune homme a obtenu un statut de réfugié, puis suivi des cours de français à Lyon, avant de s'inscrire en école d'architecture à Bordeaux, pour obtenir l'équivalence de son diplôme jordanien.
"Je suis parti de Syrie, je n'avais pas le choix", explique-t-il. "Je cherche un travail, j'essaie de m'intégrer dans la société. Je n'aime pas rester à la maison sans rien faire, à demander 'aidez-moi'. Je cherche un travail ou stage."
Le réfugié né en France espère pouvoir un jour retourner dans son pays pour y travailler en temps qu'architecte.
Après qu'il a posté son message sur twitter, l'agence KDA l'a recontacté, pour lui proposer un rendez-vous. "Je ne veux pas y aller. Je pense qu'ils ne sont pas sérieux, comment puis-je aller discuter avec eux ?" s'interroge-t-il.