Tendances : stars de la rue, les sneakers s'installent au MADD de Bordeaux

Ils sont sur tous les pieds. Colorés, tendance ou originaux, les baskets se sont immiscés dans tous les foyers, et même au musée. Le Musée des Arts Décoratifs et du Design de Bordeaux leur dédie une exposition, à découvrir jusqu'en janvier 2021.

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Du verbe “sneak” (se faufiler en anglais), les sneakers ou baskets représentent 47 % des chaussures vendues dans le monde. Un succès sans pareil pour une chaussure qui s’inscrit, depuis soixante ans, dans l’actualité. Elles s'exposent depuis le 20 juin au Musée des Arts décoratifs et du Design (MADD) de Bordeaux. 

Anti-bourgeois

Si au départ les sneakers étaient utilisées pour éviter aux gardiens de prison de faire du bruit, puis aux voleurs pour les mêmes raisons, elles ont rapidement été adoptées par toute la population. Dans les années soixante, elle font leur première apparition dans des quartiers populaires américains. "A cette époque, porter des sneakers exprimait un rejet de la bourgeoisie", explique Constance Rubini, directrice du MADD et commissaire de l'exposition.

Popularisées d’abord dans le Bronx ou le Queens à New-York, la basket devient alors un signe d’appartenance et d’identification. "Les jeunes taggaient sur leurs chaussures, ou les laçaient différemment pour affirmer leur style", rappelle la directrice du MADD. C’est finalement dans les années 80, et le groupe Run DMC, qui, grâce à leur chanson My Adidas va définitivement démocratiser la paire de chaussures devenue indispensable.

Du sport aux podiums

Mais rappelons qu’à l’origine, les sneakers étaient des chaussures de sport. "Elles sont d’ailleurs toutes très différentes les unes des autres. Selon le sport, le design et les textures ne seront pas les mêmes", assure Constance Rubini. Mais les Jeux olympiques vont faire entrer les sneakers dans la société. "Après les Jeux, tout le monde voulait la paire de chaussures de Stan Smith ou de Chuck Taylor. Et les fabricants ont sauté sur l’occasion", rappelle la commissaire de l'exposition.
Mais dans le monde de la mode, certains flairent aussi son potentiel. C’est le cas de Karl Lagarfeld, qui dès 1973, chausse ses mannequins de sneakers. S’ensuivent alors des collaborations entre marques de haute-couture et de baskets. La dernière en date, l'Air Jordan 1, entre Nike et Christian Dior, coûte ainsi, au minimum, 1 700 €.

Doudous des pieds

De 5€ à 500€, les sneakers sont pour tous les budgets, et tous les goûts. "Les jeunes en sont particulièrement adeptes, même si on les retrouve à tous les âges. Ils en ont en moyenne 5 à 6 paires", explique Constance Rubini. 

Confortables et stylées, certaines sneakers ont aussi une valeur émotionnelle. Et parfois, difficile de s’en détacher. Alors, plusieurs magasins comme Docteur Sneakers, à Bordeaux, se chargent de leur redonner de nouvelles couleurs. "On redonne vie aux vieilles baskets, mais on les customise aussi", explique Arthur Bahini, co-fondateur de Docteur Sneakers.
Dans son atelier, Oksana Petrushina, custom-artist chez Docteur Sneakers, peint à la main les désirs des clients. Ouvert depuis quinze jours, la boutique a déjà reçu 50 commandes."Ils nous demandent des petits éléments comme des fruits, ou des lettres. Mais j’ai aussi dessiné des baskets Breaking Bad, avec la tête de Walter White et le masque iconique", explique Oksana Petrushina.  

En avance sur son temps

Toujours tendance, la sneakers est aussi résolument ancrée dans l’actualité. Si elle a permis ces dernières années de remettre tout le monde à plat, elle se tourne désormais vers l’écologie. Plusieurs marques comme Veja ou Ecoalf proposent des chaussures écoresponsables, à base de matières organiques ou de plastiques recyclés. "Ecoalf est en partenariat avec des pêcheurs. Lorsqu’ils pêchent dans l’océan, la moitié de leurs filets sont en plastique. Ils les envoient ensuite à Ecoalf, qui en fait des baskets", détaille la directrice du MADD.
Écologique, mais aussi technologique. Si les innovations comme l’AirMax ou le flyknit ne sont plus à présenter, certains chercheurs étudient désormais la chaussure de demain. "Par exemple, Jen Keane a travaillé sur le lien entre science et design. Elle a ainsi constitué une matière textile, en une seule pièce, créée à partir du développement d'une bactérie", illustre Constance Rubini, qui rappelle que dès les années 80, les baskets avec mini-ordinateur intégré existaient déjà. Finalement, la "chaussure qui court vite" est peut-être pour demain.
 
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