Ce 3 janvier 2023, les maires de Bordeaux, Bayonne et Irun lancent un appel pour moderniser la ligne SNCF existante entre la Gironde et Pays basque. Ils restent opposés au projet de LGV (ligne grande vitesse) Bordeaux-Dax soutenu par l’État et la Région, mais incertain selon les maires.
Ils s’étaient rencontrés à Irun, en Espagne, le 17 décembre dernier : le maire de la commune, José-Antonio Santano avait accueilli ses homologues de Bordeaux, Pierre Hurmic et de Bayonne, Jean-René Etchegaray pour évoquer le dossier du train entre Bordeaux et le Pays basque.
Il faut dire qu’ils avaient appris, quelques jours avant, le 12 décembre, que le Conseil d’Orientation des Infrastructures (COI), un organe du ministère des Transports, envisageait une ligne Dax-Irun améliorée au plus tôt en… 2042.
Trop tard pour les maires de ces villes qui réclament une alternative.
Face à l’urgence à relier nos territoires, il existe une alternative : la modernisation de la ligne existante entre la frontière espagnole et Bordeaux. C’est une solution pragmatique, à la fois moins onéreuse, plus sobre, plus rapide à réaliser, plus respectueuse des territoires et des écosystèmes. Des études antérieures accréditent cette alternative.
Maires de Bordeaux, Bayonne et Irun
Contacté par téléphone, Jean-René Etchegaray, le maire de Bayonne précise le propos. "Depuis 2011, on parle de la LGV. Mais il y a déjà de nombreux dysfonctionnements de trains à régler entre Dax et la frontière. Ce qui nous importe, c'est la mobilité du quotidien" indique le maire qui constate aussi que la Loi d'orientations sur les mobilités (LOM) de décembre 2019 n'intègre pas le tronçon basque dans les travaux d'entretien nécessaires.
Ligne Bordeaux-Dax
Côté français, le projet de LGV/GPSO (ligne grande vitesse-grand projet sud-ouest) relancé en avril 2021 par Jean Castex prévoit de nouvelles lignes de TGV entre Bordeaux-Toulouse ainsi que Bordeaux-Dax. Un projet à 14 milliards d’euros financé par l’État, l’Europe et les collectivités locales traversées.
La mise en service des lignes est prévue à partir de 2030 si l'on en croit le site de la Région, mais on sait que ces projets titanesques prennent toujours plus de temps que prévu.
LGV espagnole
Côté espagnol, "la LGV "Y-Basque" (Vitoria-Gasteiz-Bilbao-Saint-Sébastien/frontière française) devrait arriver à la frontière, en 2027, sans perspective de raccordement à une ligne modernisée côté français, dans le même calendrier" selon les trois maires de Bordeaux, Bayonne et Irun dans un communiqué du 3 janvier qui "expriment leur préoccupation commune vis-à-vis de cette situation et déplorent cet état de fait. D'autant plus que la ville d’Irun a lancé un projet d’aménagement urbain justifié par ce raccordement, nommé "Via Irun".
Les trois édiles ajoutent : "A ce jour, le projet dit « LGV/GPSO », présenté comme la seule perspective, n’est pas crédible, car la prolongation vers l’Espagne n’est ni programmée, ni finançable."
En janvier 2021, l'agglomération du Pays basque a été sollicitée à hauteur de 45 millions d'euros pour financer la LGV, mais les élus ont voté à 80 % contre le projet.
Si la métropole de Bordeaux a voté pour, le maire écologiste de Bordeaux se dit opposé à la LGV.
Projets sur les rails
Renaud Lagrave, vice-président du conseil régional, chargé des transports, précise que la LGV Bordeaux-Dax est bien engagée. "La DUP -déclaration d'utilité publique- est signée et le financement assuré" dit-il.
Sur le rapport du COI (Conseil d’Orientation des Infrastructures du ministère des Transports ) concernant la ligne Dax-Irun, l'élu dit n'avoir pas eu connaissance de ce fameux travail qui n'a pas été publié.
Concernant les inquiétudes des maires basques sur le raccordement des trains espagnols aux lignes françaises, Renaud Lagrave se dit optimiste. "On est en adéquation avec la région Euskadi. Il y a un problème d'écartement des rails en Espagne, différent de la France, mais les rails seront homologués en 2028-2029. Les TER français pourront aussi aller vers Saint-Sébastien."
Études à venir
Pour appuyer leur demande de rénovation sans tarder de cette ligne SNCF très fréquentée, qui relie ces trois villes de Bordeaux à l'Espagne, les trois maires, opposés à la LGV, pour de multiples raisons, aimeraient être plus entendus sur cette question des transports et promettent de détailler prochainement des études réalisées par un cabinet indépendant sur le coût de cette modernisation des voies actuelles.