Coup dur pour les défenseurs de la LGV et son prolongement au delà de Bordeaux. L'annonce a été faite mercredi 29 juin par la présidente de la Commission transports au Parlement européen, l’écologiste Karima Delli. Le Grand projet ferroviaire du Sud ouest ne fait pas partie des projets retenus cette fois-ci.
C'est un coup du pour les défenseurs de ce projet XXL. Alors que son financement a fait débat ces derniers mois, que le premier ministre de l'époque Jean Castex a apporté son soutien financier à l'immense chantier, voilà que l'Europe n'y voit pas une priorité. Sa contribution devait boucler le budget à hauteur de 20%.
Mercredi 29 juin, l'Europe a rendu public les projets qu'elle va porter et financer. Parmi les 135 projets d'infrastructure aidés, à hauteur de 5,4 milliards d’euros, le grand projet ferroviaire du Sud-Ouest n'y figure pas.
"Ce projet est jugé trop coûteux, impopulaire et présente peu d'avantages" justifie la député européenne écologiste à la tête de la commission transports en charge du dossier.
Les écologistes veulent y voir un coup de théâtre pour les acteurs du projet, collectivités et représentants de l'Etat, qui n'affichaient pas de doute sur le financement européen quand ils ont bouclé les financements au plan national et local.
Satisfaction du maire de Bordeaux et du département de la Gironde
Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux n’avait jamais caché son hostilité au projet. "Après avoir imposé aux collectivités un calendrier précipité de vote de leurs participations financières, et avoir demandé une avance financière à la Région Nouvelle Aquitaine, l’Etat doit aujourd’hui prendre acte qu’il faut arrêter ce grand projet inutile et destructeur de la biodiversité. ", a-t-il commenté dans un communiqué publié ce jeudi.
Le maire de Bordeaux appelle à travailler sur, selon lui la seule alternative envisageable au GPSO soit « la modernisation des lignes existantes ». Celle-ci permettra, toujours selon l’élu écologiste, de " sauvegarder 4 830 hectares d’espaces naturels, agricoles et viticoles ", " la suppression des bouchons ferroviaires du nord de Toulouse."
Le tout nouveau député écologiste de Bordeaux se félicite également de ce choix de l'Europe.
Le président socialiste du département de la Gironde n'a pas tardé à réagir puisque ce choix de l'Europe apporte de l'eau à son moulin. Il a refusé d'apporter la contribution des Girondins au financement par les collectivités, argumentant sur les besoins d'aménager en priorité les lignes existantes, en favorisant les trains du quotidien et en pointant l'impact environnemental de la LGV.
"En n'ayant pas retenu, à ce stade, les lignes TGV Bordeaux/Toulouse et Bordeaux/Dax comme prioritaires dans les 135 projets d'infrastructures qui seront financés par l'Union Européenne, c'est une sortie des rails inédite que vient de provoquer la Commission Européenne pour ces projets." écrit Jean-Luc Gleyze.
Et si les trains roulent à 250 km/h au lieu de 360 km/h, quand on voit le coût (18 millions d’€ !) de la minute gagnée pour une nouvelle ligne TGV, c'est aussi un gain d'argent public conséquent, qu’il vaut mieux utiliser dans l’hôpital public ou l’Education Nationale !
Jean-Luc Gleyze - Président du département de la GirondeSource : communiqué de presse 30/6/2022
"Raccourcis faciles et fake news" pour Alain Rousset et la région Nouvelle-Aquitaine
La Région Nouvelle-Aquitaine et à sa tête Alain Rousset voit plutôt dans cette interprétation de la décision européenne "une machine à intoxiquer qui déraille" dans un communiqué publié ce jeudi soir. "Je regrette profondément les déclarations sans fondement selon lesquelles le GPSO n’aurait pas obtenu les financements européens attendus." appuie-t-il.
Avec ses équipes de la région, il avait cherché depuis l'automne dernier à convaincre les collectivités d'apporter les contributions financières à ce projet.
"Aussi l'Union européenne (UE) fait le choix de financer les projets qui sont en phases très opérationnelles, et pour lesquels les crédits européens sont déterminants pour pouvoir être poursuivis. Le contexte budgétaire a d’ailleurs conduit la Commission à ne retenir que les projets avancés en phase “Travaux”." Donc il n'y voit surtout pas un renoncement de la part de l'Europe. Pas de doute sur l'intérêt pour cet énorme chantier qui deviendra " un corridor de transports européens sur la façade atlantique, mais aussi vers tout le sud de la France ».
Les travaux, entre les acteurs du dossier, continuent. Dès lundi, ils installent le conseil de surveillance à Toulouse et " la poursuite de la phase d'études et d'acquisitions foncières. " poursuit Alain Rousset dans son communiqué. La préfecture d'Occitanie modère la portée de cette décision, indiquant qu'il ne s'agit que d'une étape. La patronne de la région Occitanie réagit. " La LGV se fera" et évoque plutôt "une tentative vaine de déstabilisation"
Sujet épineux et qui fait débat comme le relate ce reportage diffusé le jeudi 30 mai.