Il était parti le 1e janvier pour tenter de traverser l'Atlantique à la rame. Le Girondin Jean-Jacques Savin, 75 ans, a été retrouvé mort samedi dans son canot, au large des Açores. Il l'avait baptisé "l'Audacieux". Lui qui ne manquait ni d'audace ni de courage.
Après sa première traversée de l'Océan en tonneau en 2019, l'infatigable baroudeur voulait repartir et tenter l'aventure à la rame, comme un pied de nez à la vieillesse. Il a bien fêté ses 75 ans à bord et il était devenu le doyen de l'Atlantique mais "l'océan a cette fois-ci été plus fort que notre ami, lui qui aimait tant la navigation et la mer" a réagi son entourage qui ne connaît "pas encore les circonstances exactes du drame".
Habitant d'Arès, il était connu sur le bassin d'Arcachon. "C'était quelqu'un qui avait mille projets à la minute, il était constamment à la recherche de nouveaux défis. Il avait beaucoup de passion, mais sa principale était la mer", souligne Phillipe Gravaud, un ami de l'aventurier, avec qui il avait réalisé le tour du bassin d'Arcachon à la nage. "Salut mon pote, tu es parti rejoindre le paradis des aventuriers...75 ans de vie extraordinaire, et maintenant l'éternité pour tutoyer les sommets....Ciao Jean Jacques" écrit-il sur son compte facebook.
"C'était un homme extraordinaire, atypique", se souvient le maire d'Arès, Xavier Daney, qui parle aussi d'un "baroudeur hors norme, un personnage bien frappé, avec du caractère, comme on peut l'être sur le bassin d'Arcachon. On est des paysans de la mer, un peu terrien et un peu marin. C'était un Arésien pur souche, son père était ostréiculteur." "Il n'y pas lieu de penser que c'était l'aventure de trop", assure-t-il, exprimant une "pensée très forte pour sa fille Manon, sa compagne Jackie et toute l'équipe de bénévoles".
Le navigateur avait embarqué le 1e janvier à bord de son canot de huit mètres de long, 1,70 m de large et équipé de deux cabines et d'un poste de rame. A son bord, 300 kg d'équipements, dont de la nourriture lyophilisée, un point de chauffage, un fusil-harpon pour pêcher, un désalinisateur électrique et un manuel, sa mandoline, du Champagne, du Sauternes et du foie gras pour fêter son anniversaire.
"Je pars en vacances vers le grand large, je prends trois mois de vacances", s'amusait-il peu avant son départ.
"Il avait un rêve. L'Océan en a eu raison" a réagi la Ministre déléguée chargée des Sports.
Il y a deux ans, cet ancien militaire, (parachutiste au 9ème Régiment de chasseurs parachutistes mais aussi au 1er RCP et au 1er Régiment de parachutistes d'infanterie de la marine) avait passé plus de quatre mois dans un bateau en forme de tonneau de trois mètres de long et 2,10 m de diamètre. Il avait ainsi traversé l'Atlantique en solitaire, poussé par les vents et les courants.
Ancien pilote privé et conservateur de parc national en Afrique, il avait ainsi rallié les Antilles, qu'il espérait à nouveau rejoindre à la rame. Il avait signé un livre, "127 jours à la dérive, l'Atlantique en tonneau", sur son aventure qui avait également été suivie par 23.000 personnes sur Facebook.
Les enfants de l'association Ela (Association européenne contre les leucodystrophies) le suivaient particulièrement. Il partageait avec eux son aventure.