Un chien criblé de 39 plombs de chasse, ses propriétaires portent plainte

Une habitante de Macau, en Gironde, a retrouvé son golden retriever criblé de plombs. Pour l'heure, si les causes de l'incident restent indéterminées, les propriétaires, qui soupçonnent un accident de chasse, souhaitent que la réglementation soit renforcée. Une plainte a été déposée.

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"Quand je l'ai aperçue, elle était pleine de sang jusqu'aux pattes. Je me suis effondrée." Pour Mathilde*, cette habitante de la commune de Macau en Gironde, cet incident est celui de trop.

Mardi 18 septembre, dans la matinée, elle retrouve Tina, sa chienne, blessée et "dans un état de souffrance". "J'ai tout de suite compris que c'étaient des balles. Avec mes enfants, on avait entendu les chasseurs avant de partir à l'école", précise-t-elle. La vétérinaire, intervenue en urgence, compte 39 grenailles de plomb une cartouche en compte 300 -, réparties dans tout le corps. Une grande partie dans le thorax. "Ses organes vitaux n'ont pas été touchés car elle était de dos, mais ça aurait pu être pire… "

Une plainte déposée

Pour Mathilde et son conjoint, hors de question de laisser passer cet énième incident.

Ça fait quatre ans que ça dure, qu'on reçoit des plombs régulièrement. Quand ça touche la voiture ou la maison ça va, mais là ça touche mon chien ! La fois suivante, ce sera quoi ?

Mathilde*, propriétaire du chien blessé

À France 3 Aquitaine web

La plainte est déposée à la gendarmerie de la commune dans la foulée. "S'il s'agit bien d'un chasseur, cela ne peut pas rester impuni", juge Cyrille Lamarque, garde-chasse sur le territoire, en contact avec la famille. Lui estime cependant que la thèse de l'accident est difficilement entendable.

"La chienne aurait pu attaquer un poulailler, par exemple, et la personne aurait voulu le défendre en lui tirant dessus ? suppose-t-il. C’est impossible qu’un Golden beige puisse être pris pour un sanglier, ou un lapin… D'autant plus qu'à l’endroit où ça s’est produit, ce sont des grands prés qui sont fauchés pour les foins et on y voit à des centaines de mètres."

L'endroit en question justement, un champ autorisé à la chasse, se situe juste au bout du jardin de trois hectares, du couple de propriétaires. "Il n'est pas entièrement clôturé car le coût est inestimable pour autant de terrain", détaille Mathilde*. Ses deux goldens retrievers prennent donc l'habitude d'aller gambader dans les environs, "mais jusqu'à maintenant, ça n'a jamais gêné personne".

"Tirer sur un chien, c'est une faute"

Tina errait-elle dans le champ au moment de l'incident ? Impossible, selon la propriétaire, qui a pris soin de regarder les vidéosurveillances qui quadrillent tout le devant de son domicile.

"On aperçoit ma chienne sur la caméra, puis elle disparaît pendant trente minutes. En trente minutes, elle n’aurait pas pu aller bien loin puis cette fois-là, je ne sais même pas si elle est vraiment partie. Si ça se trouve, le chasseur a tiré chez moi."

La réglementation en vigueur, régie par un texte des Associations communales de chasse agrée (ACCA) fixe à 150 mètres le périmètre de sécurité à respecter autour des habitations. En deçà, les chasseurs sont alors interdits d'exercer.

Henri Sabarot, président de la fédération de chasse de Gironde, est formel. "Tirer sur un chien, c'est une faute, même à 200 ou 300 mètres et même si en théorie le chien doit rester sous le contrôle de son maître et ne doit pas divaguer. Mais on n’interdit pas aux chiens de se promener et en aucun cas, on doit tirer."

Même son de cloche du côté de Cyrille Lamarque, garde-chasse : "Il faut prendre des sanctions et voir ce que l’on peut faire juridiquement, une amende ou une suppression du permis de chasse, si c’est avéré qu’il s’agissait bien d’un chasseur."

Une première dans la commune de Macau

Les propriétaires, quant à eux, voient encore plus loin. "On ne veut plus qu'ils chassent dans le champ devant chez nous, la réglementation doit être renforcée", souffle la maîtresse du golden retriever, aussi mère de famille. "La balançoire de mes enfants est collée à la clôture et ils les voient souvent avec leur fusil de chasse sur l'épaule", déplore-t-elle.

Mais difficile de faire du cas par cas. "On ne peut pas faire plus que faire appliquer la réglementation nationale", lance Cyrille Lamarque, garde-chasse.

Pour autant, la famille tient à clarifier la situation.

Nous ne sommes pas anti-chasse, nos grands-parents eux-mêmes sont chasseurs, tous nos voisins le sont.

Mathilde*, propriétaire de la chienne blessée

À France 3 Aquitaine web

"Les battues de sangliers, par exemple, sont super bien encadrées, souligne la propriétaire. On a bien échangé avec les chasseurs, on s’entend bien : ils nous disent de rentrer quand ils commencent et nous préviennent quand c’est terminé en nous envoyant les messages pour sortir les chiens et les enfants."

La Gironde est le département comportant le plus de chasseurs sur le territoire national. "Tout le monde doit cohabiter. Des chasseurs, il y en a 60 000 en Gironde et les accidents sont rares. Très rares", soutient Henri Sabarot, président de la fédération de chasse du département. "Depuis que je suis garde-chasse, c’est la première fois que je vois un incident de la sorte à Macau", ajoute Cyrille Lamarque.

Au sujet de revoir la réglementation, Chrystel Colmont-Digneau, maire de la commune de Macau, veut tempérer. "La réglementation est déjà très stricte. Le problème, c'est de la faire respecter et ça c'est plus compliqué." Pour sensibiliser aux précautions de sécurité, le président de l'association communale de chasse répète régulièrement le cadre légal, sensibilise aux comportements dangereux, déploie des gardes-chasses. "Mais c'est aux chasseurs de se responsabiliser", tranche l'élue.

Avant d'ajouter : "Il y a des chasseurs qui sont peu scrupuleux qui ne respectent pas les distances obligatoires ou la direction des tirs. Moi aussi j’ai des tonnes de plombs qui arrivent dans ma piscine alors qu'en théorie ils n'ont pas la possibilité de s’approcher aussi près."

Le dépôt de plainte devrait engendrer l'ouverture d'une enquête pour déterminer les circonstances de l'accident.

*Le prénom a été modifié

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