"Un cocktail mortifère" : sa patiente meurt après une anesthésie, un dentiste mis en examen pour homicide involontaire

En juillet 2023, une sexagénaire est venue se faire opérer dans un cabinet dentaire de Gujan-Mestras en Gironde., Elle est décédée d'un arrêt cardiorespiratoire. Après un an d'enquête, un échantillon sanguin a révélé un important surdosage d'anesthésiant et de valium. Les deux dentistes et l'assistante mobilisés sont mis en examen pour plusieurs chefs d'accusation.

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Il y a tout juste un an, une sexagénaire est décédée d'un arrêt cardiorespiratoire au CHU Pellegrin, à Bordeaux. Les secours l'ont emmenée après un violent malaise, survenu à la suite d'une anesthésie durant une opération dentaire dans un cabinet de Gujan-Mestras. Après un an d'enquête, le juge d'instruction de Bordeaux a prononcé une mise en demeure à l'encontre d'un des deux dentistes pour "homicide involontaire" et "non-assistance à personne en péril", avec interdiction d’exercer la profession de chirurgien-dentiste. La seconde dentiste mobilisée, ainsi que son assistante, ont quant à elles été mises en examen pour "non-assistance à personne en péril", rapporte le vice-procureur Sébastien Baumert-Stortz.

"Un dosage quatre fois trop important d'anesthésiants"

"L'enquête a été très longue, confie maître Philippe Courtois, avocat des deux enfants de la victime. Il salue le travail et la décision du procureur d'avoir retardé l'ouverture de l'instruction pour permettre à l'enquête préliminaire, diligentée par la Brigade d'Arcachon, de mettre au jour les causes du décès. "Grâce à un prélèvement sanguin réalisé, selon la procédure, au moment des demandes de don d'organes, les spécialistes ont pu connaître les produits injectés à la patiente et surtout leur dosage", explique l'avocat. Finalement, aucun don d'organe n'a eu lieu et l'échantillon aurait dû être détruit. Mais il était encore présent dans le service de virologie du CHU. "C'est une chance, reconnaît l'avocat de la famille. 

ll a permis de relever un dosage quatre fois trop important d'anesthésiant, combiné aussi à un surdosage de valium.

Philippe Courtois

Avocat de la famille de la victime

L'avocat reconnaît volontiers : C'est un cocktail mortifère."

Un dentiste radié en Grande-Bretagne

Guillaume Bonvoisin, le fils de Florence Taillade, se souvient précisément de cette journée du 3 juillet 2023. "Elle était pressée de se faire soigner et de profiter de la famille pour son séjour en métropole", avait-il confié en février au micro de France 3 Aquitaine, à propos de sa mère venue de Sainte-Anne, en Guadeloupe, où elle vivait à la retraite. Ce même jour, Florence Taillade était attendue dans un cabinet dentaire de Gujan-Mestras pour se faire extraire plusieurs dents et poser des implants. Une opération lourde qui a nécessité, pour le cabinet du Bassin d'Arcachon, l'aide d'un second dentiste britannique, radié dans son pays natal, mais exerçant en France, tantôt à Paris et à Bordeaux.

Contrôle judiciaire

Finalement, l'opération ne s'est pas déroulée. "Quelques minutes après l'injection d'un anesthésique local", se souvient Guillaume Bonvoisin, Florence Taillade a fait un violent malaise. Une situation qui a conduit l'assistante à chercher de l'aide auprès d'un médecin installé près du cabinet dentaire de Gujan-Mestras, qui a procédé à un massage cardiaque le temps que les pompiers arrivent. "Il y a eu un mouvement de panique, explique l'avocat des enfants de la victime. Mais chez les deux dentistes, personne ne s'agitait." La patiente a été emmenée au CHU Pellegrin, à Bordeaux, où elle est décédée d'un arrêt cardiovasculaire.

Les deux dentistes sont aujourd'hui placés sous contrôle judiciaire. Le Britannique conteste de son côté son interdiction d'exercer sa profession de chirurgien-dentiste en France, rapporte maître Philippe Courtois. Une affaire qui est portée également devant l'Ordre des médecins. L'avocat assure : "un procès pénal devra voir le jour."

 

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