Ils sont entrepreneurs, patrons de PME et amoureux des Girondins de Bordeaux. Après avoir investi pour leur club de cœur, les sponsors locaux ne cachent pas leur écœurement à l'annonce de la relégation du club en National 1.
L'annonce était attendue, elle a pourtant fait l'effet d'une déflagration. Les Girondins de Bordeaux sont bel et bien relégués administrativement en National 1. Une décision confirmée par la commission d'appel de la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG), qui pourrait bien marquer la liquidation judiciaire du club.
Un club gangrené
Le club, déjà relégué sportivement en Ligue 2 en mai est épinglé pour sa mauvaise gestion. Un terrible affront pour les partenaires financiers, nombreux à avoir investi pour leur club de cœur, à l'image de Benjamin Hessel, gérant du Château des Annereaux, qui a fait part de sa "consternation" sur les réseaux sociaux et dénoncé un club "gangrené".
Le Club scapulaire, qui regroupe les "entrepreneurs passionnés des Girondins" a également diffusé un communiqué sur Instagram, dans lequel il appelle la direction à user des moyens de recours pour éviter le dépôt de bilan, et rappelle son attachement à l'équipe féminine du club.
"Vous ne voulez pas que ça s'arrête"
Philippe Lassalle Saint-Jean dirige la maison Meneau, une entreprise de boissons bio, à Saint-Loubès près de Bordeaux. Il a témoigné de son sentiment partagé à l'annonce de la DNCG.
"Si j'enlève l'affect et que je pense en tant que chef d'entreprise, au regard des bilans, je vois bien que la DNCG ne pouvait que confirmer les problèmes financiers, reconnaît cet amoureux des Girondins. Le club ne pourra pas payer tous ses engagement sur douze mois." Pour autant, la décision reste très difficile à avaler.
Quand vous êtes un supporter, un partenaire, vous ne voulez pas que ça s'arrête. Mais on sait que le foot professionnel, c'est comme une entreprise. Elle doit respecter certains codes et ne peut pas accumuler les déficits.
Philippe Lassalle Saint-Jean, Chef d'entreprise, partenaire des GirondinsSource : France 3 Aquitaine
"Au Paraguay, on m'a parlé de Giresse, de Lacombe et de Tigana"
Le patron de PME s'interroge sur les motivations de Gérard Lopez, l'homme d'affaire luxembourgeois, à la tête du club, "on nous le dit gavé de pognon, et il peut pas mettre 40 millions dans son club ?"
"On nous a vendu beaucoup d'espoir, on a même augmenté nos contreparties de sponsors... Mais c'est un échec", regrette t-il avant de confier ne pas être libre de ses propos en raison d'un " contrat de partenaire avec une clause qui [l]'empêche de dire véritablement ce qu'[il] pense".
L'entrepreneur le souligne, le club était un excellent levier pour faciliter les relations commerciales, localement, mais aussi à l'international. "Quand je suis allé au Paraguay, dans le taxi j'ai dit que je venais de Bordeaux. On m'a parlé d'Alain Giresse, de Bernard Lacombe et de Jean Tigana. Dans tous les pays où je suis allé pour mon travail depuis quarante ans, ça s'est reproduit", rappelle-t-il.
"C'est un énorme gâchis. Un long fiasco, et j'en suis anéanti ce matin", poursuit-il, tout en confiant son inquiétude pour l'avenir des plus de 200 employés, salariés par le club.