Il y a quelques jours, le gouvernement a annoncé l'augmentation des tarifs dans le secteur public et privé : +4,3% pour le public contre +0,3% dans le privé. Ces chiffres ont ulcéré les acteurs des cliniques privés : ils menacent d'une grève totale dès le 3 juin et exhortent le gouvernement à revoir cette revalorisation.
La santé pourrait de nouveau connaître une crise qui pourrait se transformer en mouvement de grève massif dans les prochaines semaines. Il y a quelques jours, le gouvernement annonçait la revalorisation des tarifs pour hôpitaux publics et cliniques privées. Cette enveloppe accordée aux établissements de soins par l'Assurance Maladie diffère entre les deux : +4,3% pour le public contre +0,3% pour le privé.
"Menaces sur une partie importante de nos activités"
Il n'en fallait pas plus pour rendre fou de colère les acteurs du privé en Nouvelle-Aquitaine. Réunis jeudi 18 avril pour des discussions suivies d'une conférence de presse, ils menacent d'un arrêt total des activités à partir du 3 juin. Et lancent un signal clair face à ce qu'ils considèrent comme un mépris.
"Nous ne comprenons pas cet écart, c'est une discrimination forte pour nos salariés. Nos personnels sont les mêmes, les collaborateurs sortent des mêmes facultés. Il n'y a pas de raison que, demain, on ne nous donne pas les moyens de travailler et de payer correctement nos salariés" développe Marie-France Gaucher, présidente de la Fédération hospitalière privée de Nouvelle Aquitaine.
"On ressent un profond mépris. Ces décisions vont menacer une partie importante des activités" estime Olivier Jourdain, obstétricien et président de la commission médicale de la clinique Jean Villar à Bruges en Gironde.
On demande à ce que notre mission de santé publique soit reconnue à la hauteur de ce que l'on fait. Comment peut-on faire pour les poursuivre, notamment dans les territoires les plus difficiles .
Olivier JourdainObstétricien
Situation tendue, afflux de patients, problèmes de personnel
Dans la région, les établissements privés représentent 34% de l'offre de soin, pour 11 000 lits disponibles. Certains établissements privés sont les seuls à pouvoir exercer certaines activités comme la neurochirurgie à Pau ou les cancers en urologie à Périgueux.
Dans les couloirs de la clinique Bordeaux Nord, les difficultés n'ont pas changé depuis le Covid-19. "La situation est extrêmement tendue" réitère le médecin urgentiste Fabrice Donck. "On est confronté à un problème de personnel, un afflux de patients. Il y a déjà des répercussions sur l'accès aux soins. On est tous débordés."
Lui aussi pointe cette faible revalorisation qui, ajoutée à l'inflation, entraînerait une "réduction des dépenses de matériels et moins d'augmentations des salaires". Aux urgences, "on est exactement sur le même fonctionnement que l'hôpital public, même si on a une étiquette de clinique privée", rappelle-t-il.
"Nous demandons au gouvernement qu'il revoit sa copie"
Selon ces spécialistes du soin, les premiers à en pâtir seront les patients. "La proximité que l’on veut avec nos patients demande des investissements. On porte bien volontiers cet effort, mais sans reconnaissance tarifaire, cette offre de proximité devient impossible" prévient Didier Delavaud, directeur général du groupe Vivalto en Nouvelle-Aquitaine. "Au final, cela aura des conséquences pour eux. Comme les hôpitaux, les cliniques ont de grandes difficultés" complète Marie-France Gaucher.
La crainte porte également sur la stabilité et l'avenir de ces structures privées. "40% des cliniques privées se sont retrouvées en déficit. Les banquiers ne suivent plus" assure Marie-France Gaucher. "Avec cette revalorisation, plus de 60% des cliniques privées pourraient être en déficit. Faire cette discrimination cette année pour affaiblir l'hospitalisation privée alors qu'elle va mal, je ne suis pas certaine que ce soit le meilleur moment."