Une "baleine volante" de 200 mètres dans le ciel : où en est le projet Flying Whales qui veut révolutionner le transport par dirigeable ?

Le projet Flying Wales en Gironde verra-t-il vraiment le jour ? Des premiers tests sont actuellement menés sur les caissons d'hélium de la future "baleine géante". Si aucun prototype n'a vu le jour, sa mise en service est espérée dans trois ans.

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Nous sommes dans un atelier proche de Bordeaux. C’est ici que s’active une équipe d’ingénieurs. Ce jour-là, ils testent le gonflage d’un caisson dans lequel sera injecté de l’hélium qui permettra à l’appareil de voler.

Ce sont les premières images d'un projet fou, dont la fabrication a pris du retard : un dirigeable hors norme. En ce jour de démonstration, notre équipe se retrouve face à une maquette réalisée dans des conditions particulières.

"Là, on est à l’échelle un cinquième et on a un diamètre de 10 mètres environ aujourd’hui. Il faut imaginer un diamètre de 50 mètres et un volume 125 fois supérieur a ce que l’on voit ici. Nous avons 200 mètres cubes d’hélium et au final, il y en aura 25 000 sur une cellule !", détaille l’ingénieur industrialisation de la société Nicolas Mouillet.

Une "baleine volante" de 200 m de long pour 50 m de diamètre 

À terme, si le projet voit le jour, il faut imaginer une future baleine volante. Un appareil géant avec lequel la société Flying Whales veut redonner ses lettres de noblesse aux dirigeables. Elle promet de relancer le transport à grande échelle. Son ambition : acheminer des charges lourdes, comme des conteneurs, du bois, des pales d’éolienne ou des hôpitaux de campagne dans des zones difficiles, sans se poser.

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L'un des plus grands ballons dirigeables au Monde va-t-il voir le jour en Gironde ? Lancé en 2012, le projet Flying Whales, entre enfin dans le concret... Pour la première fois, des tests sont en cours près de Bordeaux ©France 3 Aquitaine

Une idée née en 2012. "Notre dirigeable à deux particularités, explique le directeur général Vincent Guibout. C’est une structure rigide faite de matériaux composites avec, à l’intérieur, des cellules d’hélium qui permettent de porter le dirigeable".

La deuxième particularité de la machine, c'est qu’elle est capable de charger et de décharger en stationnaire.

Vincent Guibout

Directeur général de Flying Whales

Depuis son lancement, l’entreprise française affirme avoir levé 160 millions d’euros. Elle compte des partenaires de référence comme Bouygues, ADP, Air Liquide, Société Générale, mais aussi des états comme la France ou le Canada et bientôt l'Australie. Une somme énorme qui laisse un ancien salarié dubitatif, comme l’a révélée la Cellule investigation de Radio France, dans son enquête, publiée le 3 mai 2024. 

Douze ans après son lancement, aucun prototype n’existe

Le dirigeable de 200 mètres de long et capable d’embarquer jusqu’à 60 tonnes de fret, aurait dû être dévoilé en 2020. Il est finalement annoncé pour 2027.  Et il serait encore loin d’être abouti. Des défis techniques seraient toujours d’actualité, comme celui du maintien en équilibre de l’appareil et du transfert de charge, même si son directeur explique avoir trouvé une solution, notamment via un échange de charge. Pour chaque charge déposée, le dirigeable remontera le même poids sous forme de gravats, de déchets, ou même, dans certains cas, d'eau acheminée par un camion. 

Vincent Guibout répond également aux nombreuses critiques qui mettent en doute son choix d'avoir recours à l'hélium, très couteux, pour son appareil : "sur le dirigeable, l’hélium n’est pas consommé, contrairement à d’autres industries. Une fois qu’il est mis, il est gardé pendant 10 ans : on l’entretient régulièrement, on le purifie, mais on ne le remplace pas et on le renouvelle au bout de 10 ans".

La société est si confiante, écrit la journaliste de Radio France Marjolaine Koch, qu’elle annonce être en mesure de produire un appareil destiné à la commercialisation, sans même passer par un prototype. 

L’assemblage à Laruscade en Gironde : un choix décrié écologiquement 

L’entreprise a prévu d’implanter son usine d’assemblage dont les travaux d’aménagement doivent débuter en 2025 sur un terrain boisé à Laruscade en Gironde. L’ensemble, estimé à 150 millions d’euros, est composé de six bâtiments sur une emprise foncière de 75 hectares. Le dossier, déposé auprès de l’Autorité environnementale, ne fait pas l'unanimité.
En octobre 2023, l’institution, dont l’avis n’est que consultatif, a estimé que la construction d’un appareil de cette envergure allait engendrer des émissions de gaz à effet de serre. Elle soulignait aussi l’impact sur le patrimoine naturel régional avec un risque d’atteintes fortes sur la biodiversité.

Un revers qui n’a pas freiné la direction de Flying Whales qui, dans la foulée, a annoncé présenter un dossier avec notamment un programme de compensation de 300 hectares.

 

► LIRE AUSSI. Gironde : le projet d'usine de ballons gonflables Flying Whales est-il menacé ?

La région Nouvelle Aquitaine croit au projet 

Estimé au total a un demi-milliard d’euros, le projet Flying Whales est largement soutenu par la région Nouvelle-Aquitaine.

Selon la cellule d’investigation de Radio France, qui a fait les comptes et détaillé l’engagement de la collectivité, "la région, qui a déjà investi 10 millions au capital, va prendre également à sa charge les 15 millions d’euros d’aménagement du site, ainsi que 10 millions d’euros de dette environnementale, pour les zones de compensation". La région se serait aussi portée garante : en cas d’échec ou de départ de Flying Whales, elle s’engage à prendre à son compte les 150 millions d’euros de pertes.  

Si le financement semble acquis, reste aujourd’hui à savoir quand la baleine géante va se mettre en mouvement. Sur le papier, le scénario est écrit et prévoit une flotte de 160 appareils, avec deux sites de construction supplémentaires au Québec et en Australie. "L'objectif est d'obtenir un permis de construire à Laruscade d'ici la fin d'année 2024. Ensuite, nous aurons à peu près un an de construction de l'usine", détaille Vincent Guibout.

Normalement, en 2026, on pourra voir l'assemblage du premier dirigeable.

Vincent Guibout

PDG de Flying Whales

Il ne faudrait pas que les retards accumulés profitent aux concurrents. Une course contre-la-montre est déjà engagée. Flying Whales n'est pas toute seule à vouloir relancer le transport des dirigeables. Des prétendants sérieux existent déjà à travers le monde.

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