Près de Bordeaux, la commune du Taillan-Médoc est en train de construire une quatrième école pour accueillir de nouveaux habitants. La ville a voulu un groupe scolaire exemplaire en terme de bilan carbone. Bois et paille ont été choisis ainsi que des murs en terre. Une première dans le département.
Démarré il y a deux ans, et retardé à cause du Covid notamment, le chantier de l’école aborde sa dernière ligne droite. Avec une particularité bien visible à l’extérieur, sur la façade est : des murs marron, en terre crue. C'est ce que l'on appelle la terre pisée.
Matériaux locaux
"Des mélanges d'argile, de graves ont été tassés entre des éléments rigides qui ont permis de donner la densité suffisante pour être porteurs" explique Williams Saves, architecte bordelais du cabinet Node, choisi par la commune. Cette dernière a dû envisager la construction d'un quatrième groupe scolaire et a voulu un bâtiment écologique avec un très faible bilan carbone.
Les architectes bordelais associés à des collègues de Nancy (agence Mil Lieux), choisis pour le projet, ont donc planché sur un édifice très innovant avec des matériaux qui viennent de 80 kilomètres à la ronde : du bois des Landes pour la structure et le bardage, de la paille de Charente pour l’isolation et de la terre de Dordogne. L'entreprise TMH, située à Villenave d'Ornon, a été sélectionnée pour construire ces étonnants murs l'été en 2021 et 2022. Spécialisée dans la restauration de patrimoine ancien, elle n'a pas l'habitude de travailler avec ce matériau, mais elle a voulu relever le défi.
"On a appris le pisé avec un artisan du Gers sur un chantier" explique Alain Iviglia, le gérant. "Il nous a appris son savoir-faire et a été conseiller technique pour l'école. Il a fallu faire plein d'essais pour trouver la bonne combinaison. Il y a beaucoup de contraintes, mais on est content du résultat. C'est écologique, car il n'y a pas de chaux à utiliser comme pour un autre mur et c'est recyclable à l'infini".
Tous les matériaux utilisés vont faciliter le confort des futurs élèves et des adultes, selon les architectes, en ayant à l'idée le réchauffement climatique. "Cela va permettre de bien isoler et de résister aux grands changements de température, le froid comme le chaud" indique Williams Saves.
Pour le chauffage, l'école sera équipée d'une chaufferie bois et des panneaux solaires produiront de l'énergie pour l'école et d'autres bâtiments communaux.
Baisser les consommations
Côté budget, l’école coutera près de 9 millions d’euros. Bien plus que la normale avec des matériaux classiques, mais la commune défend son choix.
Le groupe va coûter 20 % plus cher que ce qu'on aurait payé pour un bâtiment normal mais on va s'y retrouver très rapidement en terme de consommations.
Agnès Versepuy, maire du Taillan-Médocà France 3 Aquitaine
"On espère montrer l'exemple dans la région et venir renforcer les filières de construction qui ne sont pas encore habituées à ce type de construction", ajoute-t-elle.
Trois ou quatre classes de la maternelle au Ce1 devraient s’installer dans l’école Anita Conti à la rentrée prochaine. Huit classes à terme qui vont s'ajouter aux 1100 élèves de la commune.