Une récolte qui fait du bien : les étudiants de Bordeaux-Montaigne font pousser des légumes pour leurs camarades en difficulté

Des légumes poussent à l'université Bordeaux-Montaigne. Un collectif d'étudiants a redonné vie à une parcelle en friche, sur laquelle ils organisent des rencontres et expérimentent le maraîchage pour distribuer leur production aux étudiants en situation de précarité.

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Entre deux heures de cours, mettre les mains dans la terre, bêcher, planter. Sur le campus de l’université Bordeaux-Montagne, à Pessac, une parcelle laissée en friche durant des années reprend vie. Des étudiants de l’association La Cuvée des écolos y cultivent un potager. “En ce moment, on a des blettes, des salades et tout un tas d’herbes aromatiques”, décrit Jean, en pleine récolte. 

Un marché solidaire chaque semaine

La cueillette de ce vendredi matin va alimenter le “marché solidaire” de l’après-midi. Depuis la période Covid, l’association met à disposition des étudiants en situation de précarité des produits frais gratuitement. Près de 80 personnes en profitent chaque semaine, environ 2 000 sur une année universitaire. Les bénévoles déploient leurs étals devant le jardin et les bénéficiaires, venus avec leurs sacs et contenants, se servent selon leurs besoins. 

Dans un contexte d’inflation, les étudiants ont des difficultés pour se nourrir. Ils ont besoin de manger, mais aussi de mieux manger, avec des produits de qualité.

Jean

Bénévole à La Cuvée des écolos

Jusqu’à présent, ce marché hebdomadaire reposait sur les invendus, principalement bios, récupérés auprès des grandes surfaces ou à des prix avantageux chez des producteurs locaux. "On avait envie d’aller au-delà, en ayant une réflexion sur la qualité des produits, la saisonnalité, le fait qu'ils viennent parfois de loin”, explique Pierre Lespes, l’un des deux salariés de l’association. 

À ces fruits mal calibrés ou un peu amochés donnés par les commerçants puis redistribués aux étudiants, s’ajoutent depuis quelques mois les récoltes du potager de La Cuvée des écolos. Une production ultra-locale, cultivée à la main, à laquelle nombre d'entre eux ne pourraient pas avoir accès autrement.

“Certains nous disent qu’ils ne peuvent pas se permettre d’acheter des tomates à 6 € le kilo ou des courgettes bios et locales. Ces distributions sont aussi une opportunité pour échanger sur les habitudes alimentaires, la façon de consommer. Il y a toute une dimension d'éducation populaire à l'alimentation au sein de l'asso”, continue Pierre Lespes. 

Ce projet permet de sensibiliser les étudiants à un autre type d'agriculture. On montre qu'au lieu de dépendre de grands groupes agro-industriels, on peut faire des choses à une échelle plus familiale. Ce qu'on fait est un retour en arrière et à la fois un pas vers le futur.

Pierre Lespes

Salarié de La Cuvée des écolos

Environ 200 kg déjà distribués

Près de 200 kg de légumes du potager ont été distribués à des étudiants depuis le printemps dernier. “On sait que cette aide alimentaire les aide à surmonter des fins de mois difficile”, considère Jean, l'un des bénévoles les plus actifs. Aucun justificatif n’est demandé pour s’inscrire, tout repose sur la confiance. 

Cette parcelle de 2 500 m², inutilisée jusque-là, a été mise à disposition par l’université Bordeaux-Montaigne en septembre 2023. Les étudiants passaient devant sans vraiment la regarder. “On a planté une centaine d’arbres, des haies et on laisse des zones évoluer librement. Il faut s’imaginer qu’on est parti de rien et que, maintenant, il y a des cultures en places, un retour de la biodiversité. On a beaucoup de papillons, par exemple”, s'enthousiasme Pierre Lespes. 

En plus des deux salariés et d’un binôme en service civique, l’association compte une cinquantaine de bénévoles très actifs. Ce sont des étudiants inscrits actuellement, des anciens désormais diplômés, des personnels de l’université, des riverains... "Il y a de l'activité toute l'année, même l'été. On arrive à s'organiser pour prendre un peu de vacances, mais c'est dur de s'éloigner trop longtemps", ajoute Pierre Lespes. 

Jean a rejoint le collectif, il a un an et demi, "à un moment de ma vie où je m’ennuyais un peu. J'avais beaucoup de temps libre et j’avais envie de me rendre utile. Ça a été le déclic.” Il n'avait jamais jardiné avant et aujourd’hui, “ne compte plus les heures” passées au potager. 

"Un projet qui a du sens"

"On participe parce que c'est un projet qui a du sens. On fait de la production, mais il n'y a pas d'exigence de rentabilité", ajoute à son tour Roméo, étudiant sur le campus voisin. Il passe au moins trois demi-journées par semaine dans cet endroit, qu'il perçoit comme un lieu d'apprentissage. "On essaie de planter des choses, on voit ce que cela donne. Il y a une part d'expérimentation. On acquiert aussi des compétences dans le domaine... On a de la chance", se réjouit-il.

Des étudiants qui passent devant n'osent pas toujours entrer. Notre objectif est de faire vivre l'endroit en l'ouvrant à de nouvelles personnes qui ne sont pas forcément sensibilisées à l'écologie ou à l'agriculture.

Flavie

Etudiante à Sciences Po

Ce "jardin solidaire" est devenu un lieu de vie à part entière sur le campus. Les étudiants viennent se reposer sur les hamacs, étudier au calme ou faire des rencontres. Les habitants des quartiers voisins se sont aussi approprié les lieux. Ils apportent leur compost, viennent aux évènements organisés sur place. Bénévole depuis la rentrée et déjà convaincue, Flavie reconnaît : "Quand je viens ici une heure, je décroche complètement. Cet endroit est une respiration pour tout le monde."

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