Comment venir en aide aux étudiants précaires loin des grandes villes. À Mont-de-Marsan, le comité local du Secours Populaire propose depuis la rentrée un créneau, toutes les semaines réservées aux jeunes qui font leurs études loin de leur famille. Quelques courses pour un public qui a dû parfois déjà beaucoup dépenser au moment de débuter l’année scolaire.
"On a eu des fruits, des légumes. On a même eu du poisson surgelé, c'est génial pour le prix". Kévin montre le contenu de son sac qu'il vient de remplir au Secours populaire. Il repose délicatement le pastis, la spécialité pâtissière landaise, un petit extra du jour, dans son sac. "Il y a largement de quoi tenir la semaine", souffle-t-il dans un sourire.
Depuis la rentrée, Kévin Machado se rend toutes les semaines au local de l'association de Mont-de-Marsan qui, face au phénomène de précarisation de nombreux étudiants, a ouvert un créneau spécifique pour les accueillir.
51 centimes pour finir le mois
Une démarche qui vient soulager les finances très limitées du jeune homme qui est étudiant en licence de lettres à distance à la faculté de Rouen. Il n'a pas de ressources familiales, bénéficie d'une bourse et vit en foyer de jeunes travailleurs à Mont-de-Marsan.
Je dispose d’un peu moins de 650€. Les deux premiers mois de la rentrée sont toujours assez compliqués.
Kévin MachadoEtudiant à Mont-de-Marsan
Difficile de joindre les deux bouts, surtout qu'il a dû s'équiper en matériel informatique qu'il va payer en plusieurs fois, et qu'il a dû s'acquitter de ses frais d'inscription pour ses cours à distance. Au 17 septembre, il lui reste "51 centimes pour finir le mois". Il le dit sans détour, sans le Secours populaire, il aurait "dû vendre quelque chose qui (lui) appartient" pour s'acheter à manger. Cette aide en nature lui permet de tenir, comme il dit, "jusqu'au prochain mois de bourses".
Camille et Morgane, elles, viennent d’apprendre l’existence de cette permanence du Secours Populaire pour les étudiants. Et cela les soulage. Morgane Petit est étudiante à l’ITS antenne de Mont-de-Marsan. Elle est ravie. "Quand on peut profiter de ce genre de choses, ça fait toujours plaisir. Et de voir que ça s’est monté aussi pour les étudiants, ça fait du bien". Tout comme sa collègue, Camille Cugieux, qui apprécie de pouvoir varier son alimentation aussi. "Je mange toujours un peu la même chose et en petite quantité. C’est une aide en plus et c’est bien !"
Un créneau dédié
"Toutes les études montrent qu'il y a de la précarité parmi les jeunes", assure Babette Soulignac, la secrétaire générale du comité de Mont-de-Marsan du Secours Populaire. Mais jusque-là, ils n'avaient pas accès aux créneaux des bénéficiaires des associations de solidarité de Mont-de-Marsan.
"Certains peuvent être en rupture familiale. Les logements restent assez chers et nous ciblons les étudiants qui viennent étudier à Mont-de-Marsan pour leurs études et sont obligés de se loger sur place", explique-t-elle.
Selon la bénévole, "il n'est pas facile de demander de l'aide à une association. Mais en plus, "les étudiants ayant cours, ne pouvaient pas venir chercher de colis alimentaires". C'est pourquoi, le Secours populaire a organisé cette distribution, en soirée, le lundi.
Trois repas complets
Après un petit entretien individuel, les étudiants peuvent accéder à la distribution. Ils repartent avec un sac de courses, contre un euro, à titre solidaire. Une véritable bouffée d'oxygène pour ces jeunes qui apprécient également de pouvoir varier leurs menus malgré leurs ressources limitées.
En général, l'association s'attache "à couvrir les trois repas de la journée". Il s'agit donc de lait avec du café ou du chocolat, puis un surgelé, "soit une viande, soit un poisson". Il y a aussi des boîtes de conserve, des fruits et légumes frais ainsi que des yaourts.
Cette opération ne serait pas possible sans les aides financières de l'Etats, les dons de particuliers comme des associations montoises.
Le public visé par l’action du Secours Populaire : des étudiants éloignés des ressources familiales. Ils sont encore peu nombreux à se présenter au Secours Populaire. Cela pourrait changer à l’approche de l’hiver.