En cette fin de mois de septembre, les grappes sont ramassées à la main, ou en machine. Une récolte anticipée, à cause de la pluie de ces dernières semaines. La fenêtre météorologique du week-end dernier a permis à certains viticulteurs de vendanger. L'espoir, pour tout le Bordelais, de sortir la tête de l'eau après des années très compliquées. Comme à Samonac, près de Bourg-sur-Gironde.
Une récolte "un peu dans la précipitation, avec une maturité un peu bizarre". Damien Labiche a décidé de ramasser son raisin ce week-end. "On a eu une saison très compliquée avec une pluviométrie qu'on a rarement connue", poursuit le viticulteur de Samonac, en Gironde, qui entame cette année sa 14ᵉ vendange.
Il faut faire vite. Le ciel est bleu ce matin-là et ce n'est pas si courant ces derniers jours. Déjà, la pluie est annoncée. "Là, on est avec deux machines pour pouvoir en rentrer un maximum tant qu'il fait beau", détaille Damien Labiche tout en conduisant le tracteur.
L'urgence, c'est que les fortes pluies augmentent le risque de moisissure. Le "botrytis", qualifié de pourriture noble dans le cas d'un vin de Sauternes, n'a malheureusement pas les mêmes effets quand il s'agit de vin rouge. Alors, à Samonac, tout le monde est sur le pont, la vendange doit être rentrée avant les premières gouttes, 25 ha de Merlot à ramasser.
"Qu'est-ce que je vais faire de mon vin ?"
"On a l'envie, on est motivés par notre travail. À la fois, on pense à nos enfants, mais aussi à nos grands-parents, aux générations qui ont fait que c'est notre métier !" Damien Labiche, qui a fait partie des manifestations de la colère paysanne en février dernier, ose encore y croire. En dépit des difficultés, il parle de son métier avec ferveur.
Pourtant, il aurait pu baisser les bras, car les épisodes précédents ne l'ont pas épargné. "C'est compliqué de se battre tous les jours, de se lever le matin et de se dire qu'est-ce que je vais faire de mon vin ?"
En bio l'an dernier, il a perdu un tiers de sa récolte à cause du mildiou. Il est passé en conventionnel cette année, pour limiter les dégâts, face au domaine voisin laissé à l'abandon.
Les collègues vignerons au bout du rouleau n'ont plus les moyens de s'en occuper. Le gros problème, c'est que ça apporte de la maladie sur nos vignes...
Damien LabicheVigneron à Samonac
Un vin "facile à boire"
Ce dimanche, le raisin est rentré et la famille Labiche veut s'en réjouir. Ici, on devrait pouvoir produire 1500 hectolitres qui seront commercialisés moitié en vrac, moitié en bouteilles. "Cette année c'est bien' parti cette année par rapport aux années précédentes", commente souriant le père de Damien, Jean-Pierre, qui travaille au chai.
Côté gustatif, le viticulteur semble également rassuré. Il se projette sur un millésime "très rond, très fruité, très léger, avec un peu de puissance qui colle vraiment à la demande qu'on a aujourd'hui. Les gens, ce qu'ils veulent ce sont des vins faciles à boire", rappelle-t-il.