C’est ce qu’on appelle des avant-gardistes. Ils ont été les premiers à tatouer les murs, bien avant les autres. Ce sont eux qui ont introduit le street art en France. Une exposition leur est dédiée à Bordeaux à l’institut Bernard Magrez jusqu'au 9 avril prochain. Nous avons pu les rencontrer.
Sous sa casquette dépassent des cheveux longs et blancs. Mais c’est surtout à sa gouaille qu’on le reconnait. « Epsylon Point », c’est un style, et aussi un tempérament. C’est lui, Etienne Lelong de son vrai nom, qui a introduit en France le pochoir en couleur. Cette technique que l’on retrouve aujourd’hui à tous les coins de rues.
Dans les jardins de l’Institut Bernard Magrez, il est là. En plein soleil. Bombe (aérosole, bien sûr) à la main. Sur sa toile, une œuvre abstraite. Le street art ? A 72 ans, il ne lâche rien. « C’est ça qui me tient en vie », dit-il.
Ce jour-là ils sont six à œuvrer au sens strict du terme . Jeff Aérosol, les deux comparses de VLP, OX, et Speedy Graphito. Chacun dans une salle. Chacun sa musique. Certains ont choisi la radio. Un autre, un air créé spécialement pour le graph qu’il est en train de réaliser. Le premier étage du musée leur a été totalement confié. Ils ont champ libre.
Speedy Grapphito a opté pour le fluo typique des années 80 et des débuts de la culture street art et hip hop en France. Il peint un mur explosé, derrière lequel on découvre un autre monde, ni complètement végétal, ni tout à fait animal. Une réflexion. L’artiste prend le temps. Fini le temps où il fallait faire vite pour échapper à la police. « Aujourd’hui le street art est accepté, il est même demandé, il est suivi. Donc on est dans quelque chose de plus serein, de plus composé et de plus posé ».
Le rez-de-chaussée est consacré à l’exposition des œuvres réalisées dans leur jeunesse. Pour certains, 60 ans se sont écoulés entre les deux.
On y retrouve également le travail de Miss Tic et Jacques Villeglé, tous deux décédés cette année. L’exposition leur est dédiée.