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Guerre en Ukraine : enquête sur la préparation de l'armée française aux conflits de haute intensité

Avion de combat Rafal sur la BA 118, la base aérienne de Mont-de-Marsan (Landes).

En février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine, déclenchant un conflit armé aux portes de l’Union européenne, aux frontières de l’OTAN. Un terme est entré dans le langage courant au même moment : la guerre de haute intensité. Comment nos armées s’y préparent-elles ? Exemple en Nouvelle-Aquitaine.

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Depuis un an, la guerre est aux portes de l'Union européenne. En envahissant l'Ukraine en février 2022, la Russie a déclenché un conflit armé qui a contraint les nations de l'OTAN à être sur le qui-vive. Que représente aujourd’hui sur notre sol la menace d'une guerre de haute intensité ? Nos armées ont-elles réellement les moyens de faire face à un conflit majeur ?  

Dans ce magazine Enquêtes de région en Nouvelle-Aquitaine, découvrez notamment comment les militaires du Poitou se forment, dans des conditions extrêmes, à balles réelles. Regardez en action le Griffon, fabriqué en partie à Limoges. Il s'agit de la nouvelle génération de véhicules blindés pour le combat terrestre.

Des images rares filmées sur des sites sensibles

Nous avons eu la possibilité de filmer, pendant deux jours, l’activité d’un des sites les plus confidentiels et les plus importants dans la stratégie de défense de la France : DGA Essais de missiles, installé le long du littoral landais sur la commune de Biscarosse. Un terrain de 15 000 hectares hautement sécurisé dont la mission est double. 

Marie Laforcade, journaliste à France 3 Nouvelle-Aquitaine, détaille : C’est ici que sont testés, avant leur mise en production, les nouveaux armements (bombes, munitions et missiles) mis au point par les industriels (français pour la plupart), et qui deviendront pour certains les armes de demain de la défense française. 

Grâce à l’espace disponible sur le site, mais aussi à son ouverture sur l’océan Atlantique, la DGA peut ainsi mener des essais sur tous les types d’armes, y compris des missiles longue distance (comme le M51 par exemple, qui peut parcourir jusqu’à 9000 kilomètres). 

Le site bénéficie pour cela de nombreux instruments de mesure (télécommunications, radars, télescopes…) qui permettent de suivre le missile en temps réel et de sécuriser l’essai. 

Une installation unique en Europe : un rail long de 2 kilomètres sur lequel sont propulsés des bombes à très haute vitesse, jusqu’à une cible en béton. L’objectif est notamment d’observer le comportement de la bombe à l’impact et lors de l’explosion.

L’autre rôle du site, et des 450 employés qui y travaillent, est de réaliser des entraînements grandeur nature pour toutes les forces de l’armée française. Les militaires peuvent ainsi tester leur matériel en situation réelle, avant une opération extérieure par exemple. 

"Nous sommes prêts à faire face à toutes les situations"

Direction la BA 118, la Base aérienne de Mont-de-Marsan dans les Landes, l’une des plus grandes de l’Armée de l’air et de l’espace. Quatre avions de combat Rafale ont dernièrement décollé d’ici pour la Lituanie, en mission de protection de l’espace aérien des pays baltes, aux frontières de l’Ukraine. 

La base compte 500 personnels militaires et civils et 50 métiers sont représentés, dont celui d'opérateur de défense sol-air, gardiens de notre espace aérien.

Un Lieutenant nous explique : "Nous avons là des engins de défense anti-aérienne. Ils servent à créer une bulle de protection autour d'un ou plusieurs sites, à défendre contre une menace d'aéronefs (avions, hélicoptères, drones...)." 

  • Dans cet entretien avec Vincent Dubroca, le Lieutenant Maude nous détaille les moyens techniques et humains mobilisés pour réaliser des missions de protection : 
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La BA 118 de Mont-de-Marsan participe au renforcement de la posture permanente de sureté aérienne. ©Vincent Dubroca / France Télévisions

Ces hommes et ces femmes s'entraînent tout au long de l'année, et notamment en participant à des exercices interarmées : "Il y a des risques de guerre, mais nous sommes préparés". 

Au printemps prochain, un exercice de grande ampleur réunira 20 000 soldats français et alliés dans des manœuvres baptisées "Orion". 

La formation militaire monte d’un cran

Après une vingtaine d’années passées à la poursuite de groupes armés en Afrique ou d’insurgés dans les montagnes afghanes, les soldats du RICM, régiment installé à Poitiers, doivent intensifier leur préparation à la guerre, dite conventionnelle.

Notre journaliste Antoine Morel nous raconte : Dans l’Aveyron, au camp du Larzac, dans la froideur de novembre, les militaires poitevins passent un examen d’aptitude, avant leur départ en mission de maintien de la paix au Liban : 36 heures sans dormir et sous le feu ennemi.

Au programme : un examen physique et mental de leurs capacités à réagir tout en étant soumis au stress du combat, avec des séquences de tirs à balles réelles, sous l’œil des examinateurs. Les soldats doivent aussi repérer et éliminer des chars ennemis, à l’aide d’armes anti-char, du lance-roquette au simulateur de tirs de missiles. 

S’adapter à ces nouvelles menaces venues de l’est, c’est la mission de l’armée française et l’adaptation commence dès la formation des jeunes engagés. À Saint-Maixent-l'École, dans les Deux-Sèvres, on forme les futurs chefs d’équipe de l’armée de Terre. Ici aussi, la nouvelle doctrine a changé les pratiques. Ce soir-là, les élèves sous-officiers préparent leur exercice de restitution après fatigue, l’EFAR, un acronyme pour une nouvelle façon de tester les élèves en situation de stress intense.  Fatigués, voire épuisés, ces jeunes doivent garder leur sang-froid face aux éventuels assaillants. C’est la première fois que l’ENSOA autorise des journalistes à suivre cet exercice.

En école comme en régiment, la rusticité des militaires est plus que jamais mis à l’épreuve en prévision des conflits futurs.

Éléments rédactionnels : Maria Laforcade, Antoine Morel, Vincent Dubroca, Charles Bobe. Édition de l'article : Hélène Abalo.

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