Forts de l'expérience du premier confinement, les avocats du barreau de Bordeaux se mobilisent toujours en mettant en place un numéro d'urgence accessible 24 heures sur 24 pour les victimes de violence au sein même de leur foyer, le 05 57 77 40 71.
Déjà au printemps, les associations avaient alerté et essayé d'accompagner au mieux les victimes, souvent avec le relai des supermarchés, des pharmacies pour donner l'alerte.
Avec cette initiative du barreau bordelais, ce numéro permet du conseil juridique d'urgence et surtout de joindre au plus tôt un avocat près de chez vous.
Un numéro joignable 7/7 et 24h/24 : 05 57 77 40 71
D'après le bâtonnier Christophe Bayle, près d'une centaine d'avocats bordelais volontaires, spécialisés en droit de la famille, répondront "gracieusement, sans relâche, 7/7 jours, 24/24 heures".Il rappelle que le numéro a toujours été actif même après le confinement du printemps.
Et Maître Christophe Bayle de rappeler que ces violences intra-familiales faisaient justement partie de la justice d'urgence qui "n'a jamais cessé" avec des comparutions immédiates des personnes coupables de ces violences.Le but est d'informer les victimes, d'aller devant un juge, de porter plainte. Parce que les gens pensaient, durant le confinement strict, que tout était fermé et qu'il était impossible de porter plainte". En mars-avril, les avocats ont reçu beaucoup d'appels, parfois au milieu de la nuit...
Des signalements, des plaintes qui peuvent faire l'objet de procédure au pénal et au civil grâce au dispositif d'ordonnance de protection qui a été beaucoup utilisé pendant le confinement, avec une saisie du juge aux affaires familiales. Ce "qui permettait en une semaine de donner une décision pour les personnes violentées, d'expulser du foyer la personne violente et de statuer sur une pension alimentaire".
Pour ce deuxième confinement, "les tribunaux ont une activité normale".
Des consultations gratuites concernant des questionnements en droit de la famille sont également accessibles (droitfamille@barreau-bordeaux.com).
Un numéro qui a fait ses preuves
Pour Maître Bayle, le dispositif du numéro a "très bien marché" la première fois. A cette occasion, les avocats mobilisés avaient pu recueillir une centaine d'appels "jour et nuit" de personnes victimes de violences. Au bout du fil, un avocat est à l'écoute. Ce sont des professionnels spécialisés en droit de la famille et, au départ, issus de l'Institut du droit des personnes et du patrimoine, au sein du barreau de Bordeaux, "mais si d'autres membres du barreau veulent y participer, ils sont les bienvenus".D'après Maître Kristell Compain-Lecroisey, le numéro a été mis en place le 3 avril 2020, "en plein confinement puisque ça a commencé le 16 mars". Elle insiste sur la démarche locale : "parce que des numéros verts existaient déjà" mais vu le contexte, numéros et associations n'ont pas été forcément joignables. Grâce au numéro, des personnes violentes ont pu être interpelées, mises en garde à vue en détention provisoire avec le maintien du droit de la défense...
Ensuite, chaque avocat a pu organiser des rendez-vous en visio-conférence, avec des mails etc...
Mais aussi, avec ce numéro, des témoins ont pu appeler "on entend beaucoup de choses quand on est confinés chez soi". Et ça leur permettait d'aider à protéger ces personnes qui subissaient ces violences et intervenir... "Même des policiers et gendarmes ont appelé sur ce numéro", "parce que d'habitude, ils renseignaient les personnes en donnant des numéros d'associations..."
Parmi les avocats, Maître Christine Maze : "J'ai eu à m'occuper de quelques cas au niveau pénal, dont une tentative de meurtre en plein confinement : la femme a été hospitalisée, l'homme incarcéré... Ce n'était pas forcément que du fait du confinement..."
Mais elle ajoute que le confinement, il est vrai, ajoute "un contexte de proximité, d'impression qu'on ne peut pas fuir".
Un "Point Infos femmes" à Mériadeck
Selon Marie-France Raybaud du CIDFF (centre d'information sur les droits des femmes et des familles), "c'est très bien, si cela peut faciliter la démarche des femmes". Car ces services juridiques travaillent en collaboration avec les associations et toute mobilisation est nécessaire.Ces associations de défense qui gèrent régulièrement ces situations de violences au sein du foyer, où les victimes sont majoritairement des femmes et des enfants, vont une fois encore être attentives durant ce nouvel épisode de confinement: "même si ce confinement n'a rien à voir avec le premier" .
Les points d'accueil restent ouverts. Et surtout le Point Infos Femmes au centre Mériadeck (au 2ème étage face à Truffaut) de 9h à 13h. Car durant le confinement, un accueil avait été improvisé pour relayer ces faits de violences dans les familles au coeur du centre commercial Auchan. Puis le centre commercial a mis à disposition l'espace d'une boutique où le point Infos femmes a pu s'organiser pour recevoir discrètement ces femmes afin d'aborder plus largement des sujets féminins (contraception, droits et prévention contre les violences...).
Une mobilisation qui a aussi permis au printemps de prévoir un dispositif de mise à l'abri d'urgence : "deux téléphones à confier aux victimes, une chambre d'hôtel utilisable ou encore un caddie de courses par Auchan"... Il s'agissait de pouvoir organiser rapidement une prise en charge d'un ou plusieurs membres d'une famille.
Le Point Infos Femmes est donc accessible à tous au 2ème étage du centre commercial. "C'est une très bonne idée de ne pas avoir arrêté" et le fait que ce soit au sein du centre permet un accès facilité, d'autant plus que le confinement est moins strict.
La permanence téléphonique (du lundi au vendredi 9h-12h 14h-17h) reste joignable au 05 56 44 30 30.
Le 3919 mais en urgence le 17
Le "3919" (gratuit et anonyme/9h à 19h du lundi au samedi) est le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques, mariages forcés, mutilations sexuelles, harcèlement...). Il propose une écoute, il informe et il oriente vers des dispositifs d'accompagnement et de prise en charge.Ce numéro garantit l'anonymat des personnes appelantes mais n'est pas un numéro d'urgence comme le 17 qui permet pour sa part, en cas de danger immédiat, de contacter la police ou la gendarmerie.