Les constructeurs automobiles européens travaillent à la mise au point de la batterie qui équipera leurs véhicules électriques dans les années à venir. Il y a urgence alors que la filière est quasi inexistante en Europe. Ils ont installé leur centre de recherche à Bordeaux.
L'usine est flambant neuve. Elle a été inaugurée en septembre 2021 à Bruges, dans l'agglomération de Bordeaux.
A l'intérieur, on y entend parler anglais, allemand, espagnol, russe, japonais ou chinois... Les experts en chimie, electro-chimie et mécanique qui planchent sur la batterie de demain ont été recrutés partout dans le monde, parfois débauchés d'entreprises concurrentes.
Un marché stratégique
"Notre objectif ici est de concevoir et développer les batteries de demain pour que les constructeurs puissent s'approvisionner autrement qu'à l'autre bout du monde, en Asie" explique Matthieu Hubert, le directeur des affaires publiques d'ACC.
Car aujourd'hui, la quasi totalité des batteries sont produites par les Asiatiques. La filière européenne est inexistante.
L'enjeu est de construire une industrie, l'industrie de la batterie qui aujourd'hui n'existe pas en Europe. Les besoins seront tellement importants qu'il faut se développer très très vite et très efficacement.
Matthieu Hubert - directeur des affaires publiques d'ACCFrance 3 Aquitaine
Le marché est en effet stratégique. En 2035, les constructeurs auront interdiction de vendre autre chose que des voitures électriques en Europe.
En 2050, plus aucune essence ni diesel ne devront circuler dans les rues.
"Il faudra équiper les millions de voitures qui sortiront des usines européennes, on estime les besoins à 12 millions de batteries par an à l'horizon 2030".
Un investissement de sept milliards d'euros
Le site de Bruges, près de Bordeaux, a été lancé par un groupement de constructeurs : Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat, Opel..) allié à TotalEnergies et à sa filiale Saft rejoints il y a quelques mois par le groupe Mercedes.
Ils bénéficient de subventions conséquentes de l'Etat français, allemand et de l'Union Européenne. Au total, ce sont sept milliards d'euros qui seront investis dans cette filière où tout est à créer.
Une usine pilote a été construite en Charente, près d'Angoulême, pour tester les prototypes.
Voici notre reportage VIDEO France 3 Poitou-Charentes Bruno Pillet / Cécile Landais / Philippe Ritaine >
Et deux giga usines vont bientôt sortir de terre. L'une dans le Pas-de-Calais, l'autre en Allemagne.
En Gironde, le site de Bruges a été choisi pour sa proximité avec le centre de recherche bordelais de la Saft où l'on fabrique depuis 70 ans des éléments et systèmes de batteries destinés à l'aviation ou au ferroviaire. "Les ingénieurs doivent pouvoir travailler sur les deux sites" indique Matthieu Hubert.
A la pointe de la technologie
L'usine comporte quatre grandes parties. Les labos de chimie et de mécanique, une ligne de production de prototypes, confidentielle, et un labo équipé de fours géants servant à éprouver la résistance des batteries.
Au laboratoire de chimie, le jour de notre visite, Estibaliz Goitia Sanchez, une toute jeune chimiste espagnole, travaille sur un nouveau graphite.
"On en teste plusieurs pour voir lesquels seront les plus efficaces. L'objectif est d'avoir des cellules qui vont charger plus vite" nous explique t-elle.
Dans la salle, la dizaine d'ingénieurs et techniciens présents cherche la recette idéale qui entrera dans la composition des futures batteries.
"Nous cherchons de nouvelles combinaisons de matériaux pour obtenir une charge plus rapide, une meilleure capacité à retenir et à accumuler l'énergie" précise le responsable ingénierie du site, Mickaël Maillot.
"On veut arriver à mettre au point des batteries beaucoup moins lourdes, qui prendraient moins de place et qui auraient des capacités de charge deux à quatre fois supérieures à ce qui existe aujourd'hui".
On pourra charger une voiture presque aussi vite qu'on fait le plein dans une station essence.
Matthieu Hubert - directeur des affaires publiques d'ACC.France 3 Aquitaine
Une embauche par jour
L'objectif, ambitieux, amène ACC à recruter.
"Le rythme de recrutement, c'est environ une personne nouvelle tous les jours. C'était le cas l'année dernière et ce sera encore le cas en 2022" assure Matthieu Hubert qui veut quasiment doubler l'effectif actuel sur le site de Bruges.
Les premières batteries ACC sortiront des lignes de production fin 2023. Il faudra attendre quelques années de plus pour les plus performantes. Quand la recette idéale sera enfin trouvée...
Notre reportage VIDEO France 3 Aquitaine C.Albo et S.Delalot >