Depuis la mi-janvier, l’hôpital fait face à une flambée des contaminations au sein même de l'établissement. Dans certains services, plus de 40% des patients sont positifs à la Covid 19. Pareil pour le personnel.
C’est une vague à laquelle les personnels de l’hôpital de Langon ne s’attendaient pas. Une vague venue de l’intérieur. Un phénomène observé il y a une semaine et que les agents ont pu maîtriser grâce à un renfort de personnel et une grande solidarité entre les salariés. Aucune perte de chance n’a été à déplorer pour les patients hospitalisés. En revanche, dans certains services comme en cardiologie, 90% des consultations ont dû être annulées. Philippe Bordier est chef de service en cardiologie. Il nous explique la situation que traverse l’établissement.
« Une vague interne »
« Depuis une huitaine de jours, nous avons une explosion des cas Covid au sein de l’hôpital et au sein du service. On appelle ça une vague interne. On s’attendait à ce que cela vienne de l’extérieur par le biais des urgences et en fait on a eu la surprise de constater il y a une huitaine de jours que la moitié de nos patients étaient Covid positifs au test et une bonne partie était malade aussi, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Et dans le personnel également, on avait la même proportion de 50 % de tests Covid positifs avec un certain nombre d’agents malades. Donc il a fallu faire face à un absentéisme important, et qui était tout à fait justifié la plupart du temps, pour pouvoir suivre les patients et assurer la continuité de leur prise en charge".
La cardiologie saturée, 90% des consultations annulées
"En cardiologie, on a trente lits et on a quinze patients Covid. Donc la difficulté, c’est de gérer les patients de cardiologie qui devraient être là. Donc on les gère par téléphone, par internet, avec les patients eux-mêmes à domicile et avec les médecins traitants. Donc ça ce n’est pas forcément très simple et on a dû annuler 90% des consultations de cardiologie, qui sont à plusieurs milliers par an ici, on est deux cardiologues à temps plein(…). On a gardé les gens vraiment très urgents ou menacés si vraiment on ne les voit pas à l’instant. Mais on s’en est bien sortis pour l’instant. On n’a pas eu de perte de chance pour les patients".
Une situation stabilisée
"On a eu, grâce à une mobilisation générale de l’établissement, un recrutement du personnel des autres services qui a de fait arrêté une partie de leur activité, notamment l’activité externe et l’activité programmée. Là, la situation s’est stabilisée. On a quand même dans notre service et dans celui d’à côté un peu plus de 40% de patients Covid avérés. Donc c’est 40% de patients en plus par rapport à ces services qui sont pleins en cette période. C’est ça qui est difficile à gérer. Les patients Covid (...) sont des patients positifs donc pas forcément très compliqués à gérer de façon spécifique. Et les patients avec les maladies Covid, on les surveille. Quand ils se dégradent, on a l’opportunité de les descendre dans le service de surveillance continue. C’est une étape juste avant la réanimation médicale qui se passe à Bordeaux. Donc on a un circuit patient qui est tout à fait opérationnel et qui a fonctionné à de nombreuses reprises".
Une vague extérieure redoutée
"Là on est un petit peu anxieux de la vague qui viendrait de l’extérieur. Il y a toujours un flux de patients qui arrive tous les jours aux urgences mais en nombre limité. C’est de deux à quatre patients au quotidien. Donc on arrive à absorber. Mais s’il nous arrivait de l’extérieur ce qui nous est arrivé il y a huit jours c’est sûr qu’on aurait beaucoup de difficultés. Avec des patients pas forcément toujours sur des lits mais sur des chaises ou des brancards comme on l’a vu sur de nombreux médias. Le personnel malade est revenu en grande partie aussi. Cela demande beaucoup d’effort physique et d’effort mental de gérer ces patients. Il faut s’habiller complètement de la tête aux pieds pour chaque patient (…). C’est là où on fait jouer le travail d’équipe avec un soutien de chaque agent, que ce soit de la personne qui fait le ménage dans les chambres dont le rôle est fondamental jusqu’au médecin".
Pour ou contre un troisième confinement ?
"La question du confinement elle est difficile. Moi je ne peux pas répondre à ça. On a de temps en temps l’impression que cela serait un soulagement pour nous, parce que deux ou trois semaines après on aurait un allègement du nombre de patients (…). Maintenant, on comprend bien l’impact économique et social pour les gens absolument autant difficile que la maladie elle-même. Donc c’est vraiment difficile de se positionner. Moi je ferai confiance aux gens qui vont prendre les décisions qui ne seront peut-être pas les meilleures, peut-être pas les moins bonnes. Nous, on fera face à ça comme les premiers confinements".
Voyez le reportage de Catherine Bouvet et Sylvie Tuscq-Mounet à l'hôpital de Langon :