EADS supprime 5.800 postes en Europe dans ses activités Défense et Espace

Le géant européen de l'aéronautique EADS a annoncé la suppression de 5.800 postes sur trois ans dans ses activités Défense et Espace en Europe. Le nombre de licenciements secs pourrait atteindre 1.450 en trois ans. Le site Astrium de Saint-Médard-en-Jalles devrait être impacté..

Le ministre français du Travail, Michel Sapin, avait pourtant assuré lundi soir sur la chaîne de télévision France 3 qu'il n'y aurait "aucun licenciement". Le président exécutif d'EADS, Tom Enders, s'est montré plus évasif dans le quotidien français Libération de mardi: "je ne peux pas l'affirmer, nous ferons tout pour l'éviter".
Une source industrielle a précisé à l'AFP que l'Allemagne était le pays le plus touché avec environ 2.600 postes supprimés, contre environ 1.700 en France, 700 au Royaume-Uni et 600 en Espagne, des chiffres confirmés par Tom Enders dans Libération mais qui sont des approximations, d'où un total différent du total officiel.

EADS, qui se rebaptise au 1er janvier groupe Airbus, a présenté lundi en Allemagne au comité d'entreprise européen un plan très attendu de réorganisation de ses activités militaires et spatiales au sein d'une nouvelle division Airbus Defence and Space. Ce projet prévoit des regroupements de sites dans les quatre pays concernés.

A Saint-Médard-en-Jalles

Entre 1000 et 1 500 emplois pourraient être menacés en France. En Gironde, le site d'Astrium, qui emploie 1 300 salariés à Saint-Médard-en-Jalles, pourrait être touché.
Les syndicats dénoncent ces suppressions d'emploi. Selon  Bernard Tachoire, délégué Force Ouvrière à EADS Astrium, à St Médard en Jalles (sur  France-Bleu Gironde) : 

Les salariés sont inquiets, mais ne savent pas pourquoi" (...) Astrium est une division dans EADS qui est rentable. S'il y a des suppressions d'emplois dans Astrium, c'est qu'ils ont décidé de nous faire cotiser : il faut partager entre la branche Défense et la branche Espace. Tant de suppressions en Allemagne et tant de suppressions en France... Donc, pour moi, ça ressemble plutôt à des licenciements boursiers...   


Un comité central d'entreprise d'EADS France est prévu jeudi..

L'autre site EADS  de Mérignac en Gironde (Sogerma), qui emploie 230 personnes , ne devrait pas être concerné par ces suppressions de postes.

Une "redéploiement"

La direction précise qu'elle va proposer de redéployer 1.500 postes dans les deux autres divisions, Airbus et Eurocopter, rebaptisée Airbus Helicopters, et mettre fin à quelque 1.300 contrats temporaires. Après des mesures de départs volontaires elle estime à "entre 1.000 et 1.450" le nombre de licenciements sur trois ans.
Tom Enders a annoncé dans Libération la fermeture du site bavarois d'Unterschleissheim et de celui situé dans le XVIe arrondissement de Paris, boulevard de Montmorency.

Une course à la rentabilité financière ?

La direction a justifié les suppressions de postes par le besoin de gagner des marchés dans les pays émergents, mais le syndicat français Force Ouvrière (FO), le premier des syndicats à réagir, a dénoncé une course à la rentabilité financière.

"Nous devons renforcer la compétitivité de nos activités spatiales et de défense, et nous devons le faire maintenant", a déclaré Tom Enders dans un communiqué du groupe.

 "Compte tenu de la décroissance de nos marchés traditionnels, nous devons d'urgence améliorer notre accès aux clients internationaux et aux marchés en croissance. Pour cela, il nous faut réduire les coûts, éliminer les duplications de produits et de ressources, créer des synergies dans nos opérations et notre portefeuille de produits, et mieux cibler nos efforts de recherche et développement. C'est précisément ce que vise le plan de réorganisation et d'intégration de notre pôle Défense et Espace".


La direction a proposé aux syndicats de négocier "des accords sur des réductions de coûts salariaux qui pourraient contribuer à atténuer l'incidence sociale du plan de réorganisation", toujours selon le communiqué du groupe. FO a critiqué "une logique purement financière avec comme seule volonté affichée, un taux de rentabilité à 10%". Il a exigé que le groupe EADS ne procède à "aucun licenciement sec".

"Nous prendrons (...) toutes les mesures pour réduire autant que possible l'impact social des ajustements nécessaires", a affirmé Thierry Baril, directeur des Ressources humaines d'EADS et d'Airbus. Le puissant syndicat allemand IG Metall, qui avait organisé le mois dernier une vaste journée d'action pour mettre en garde contre les réductions d'effectifs, s'est dit "sceptique" concernant les plans de la direction. "En particulier l'annonce que des licenciements secs ne sont pas exclus nous mécontente", a souligné le président du comité d'entreprise européen, Rüdiger Lütjen, cité dans le communiqué d'IG Metall,
qui précise que les licenciements secs ne sont "pas une option" en raison des profits réalisés par EADS.

"La compétitivité n'augmente pas quand on perd des gens hautement qualifiés et motivés", fait-il également remarquer. Tom Enders avait déjà préparé les esprits récemment, par voie de presse, en annonçant des "mesures draconiennes". Les réductions de commandes militaires, notamment en Allemagne, ne pourront "pas rester sans conséquence pour l'activité et les emplois", avait-il prévenu.

Des appels à une intervention politique

Des appels à une intervention politique pourraient mettre à l'épreuve la nouvelle gouvernance du groupe, que M. Enders a voulu indépendante des trois États présents au capital, la France, l'Allemagne et l'Espagne.

Plusieurs syndicats français avaient adressé une lettre au Premier ministre Jean-Marc 
Ayrault, estimant qu'un "groupe industriel dont le carnet de commandes est d'environ 650 milliards d'euros (...) doit être en mesure de maintenir l'activité de ses sites".

EADS emploie 144.000 personnes dans le monde, dont 54.366 en France et 50.177 en Allemagne, selon la direction.
Les restructurations annoncées lundi ne concernent pas la division Airbus qui fabrique les avions civils. Cette branche en plein essor, et qui pèse près de 80% du chiffre d'affaires du groupe, avait dû se restructurer en 2007, quand un plan social avait supprimé 7.900 postes. 

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